Hors Jeu. Sawyer Bennett

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Hors Jeu - Sawyer Bennett

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Paula parcourir le couloir d’un pas lourd. Elle passe la tête par la porte et me tend les cigarettes en me jetant un regard noir. Je les jette rapidement dans les toilettes.

      — T’es vraiment une garce, Danny.

      Je réponds en lui envoyant un baiser.

      — Je t’aime aussi.

      Et j’aime vraiment Paula. Elle est comme une meilleure amie et une mère, tout en un. Nous vivons ensemble depuis presque deux ans et elle a quinze ans de plus que moi. Nous nous sommes rencontrées en travaillant toutes les deux au Sally’s, mais depuis lors, elle est passée à quelque chose de mieux… Elle travaille dans un magasin de disques vintage.

      Paula est une pro des jurons. Depuis notre première rencontre, j’essaie sans succès de l’amener à diminuer un peu. Ce n’est pas que je ne jure jamais, c’est juste que Paula ne débite que des gros mots. Alors j’ai parié avec elle qu’elle ne pourrait pas arrêter les jurons, ce à quoi elle a répondu Fastoche. Nous avons convenu que si elle disait un juron, elle me donnerait une de ses précieuses cigarettes… que je détruis avec plaisir juste devant elle. J’imagine que je l’aurai sevrée de la nicotine dans peu de temps.

      Sortant de la salle de bain, elle me suit dans ma chambre. Je laisse tomber ma serviette sur le sol et commence à m’habiller.

      — Donc, tu as le service de nuit au Sally’s ? demande-t-elle.

      — Oui. Je finis à sept heures du mat’.

      Je m’habille pendant qu’elle s’appuie contre le chambranle de la porte.

      — Meuf, t’as des horaires de dingue. Pourquoi tu n’abandonnes pas ce pu—

      Je la regarde en relevant un sourcil bien haut, la défiant de continuer.

      — Je veux dire, cette saleté de job ?

      — Brave fille, je la complimente. Et je trouverais du boulot où ? J’ai vingt-et-un ans, je suis en troisième année de fac, sans expérience professionnelle à part au Sally’s Diner. Et puis… les pourboires ne sont pas trop mauvais.

      Je repense à ce beau mec qui m’a laissé un pourboire de cinquante dollars, l’autre nuit. C’était clairement un étudiant – probablement de Northeastern – comme moi. Et il avait clairement de l’argent s’il distribuait des pourboires à cinquante dollars. Je rigole en repensant à ce groupe. J’avais su, à la minute où cette brune snobinarde avait posé les yeux sur moi, qu’elle allait essayer sa meilleure technique d’humiliation. Heureusement, elle avait choisi un sujet dont elle ne connaissait visiblement rien et pour lequel j’avais bien réussi.

      Le meilleur, c’est quand je m’étais éloignée, et que le type sexy qui jouait à Angry Birds m’avait appelée par mon prénom. Quand je m’étais retournée, j’avais presque sursauté devant la façon dont il me regardait. C’était charnel… comme s’il avait eu envie de me dévorer. Rien que d’y penser me fait rougir. Je l’avais étudié du coin de l’œil plusieurs fois pendant qu’ils mangeaient, et il avait toujours l’air de m’observer. J’avais bien pensé flirter un peu, mais franchement, à quoi ça aurait servi ? Ça n’aurait jamais été plus que du flirt, parce qu’on venait de quartiers trop différents. Une fois, j’avais essayé de sortir avec quelqu’un qui sortait tout droit des pages de Lifestyles des Riches et Célèbres et ça avait été un désastre. Et puis, je n’ai pas de temps ou d’énergie à perdre avec des garçons, en ce moment. Mais peut-être un jour.

      Après que ce groupe bruyant soit parti, j’avais été jusqu’à leur table et j’avais commencé à la débarrasser. J’avais remarqué qu’ils n’avaient laissé aucun pourboire, ce qui est assez typique des étudiants soûls. J’imaginais que la seule récompense que j’aurais eu à cette table, ce serait la satisfaction d’avoir fait ravaler à cette étudiante arrogante ses paroles condescendantes envers moi. J’en rigole encore, rien qu’en y repensant.

      Quand j’ai eu fini de ramasser la dernière assiette et que je repartais en cuisine, la porte s’était ouverte et le type canon était rentré. Je ne l’avais pas quitté des yeux lorsqu’il était venu vers moi et nous nous étions contentés de nous dévisager.

      En glissant sa main dans la poche de mon tablier, il avait dit :

      — Voilà ton pourboire. J’avais oublié de le laisser.

      Son geste était calculé pour envahir mon espace personnel et était incroyablement sexy à la fois.

      — Merci, j’avais dit doucement.

      Il m’avait dévisagée pendant quelques secondes, puis il avait dit :

      — Eh bien, merci d’avoir été bonne joueuse, ce soir. Tu t’es certainement bien débrouillée pour remettre Angeline à sa place, et je suis désolé pour ce qu’elle a dit.

      J’avais incliné la tête vers lui.

      — Pourquoi es-tu désolé ? Tu ne devrais pas avoir à t’excuser à sa place.

      Il m’avait fait une ombre de sourire et avait répondu :

      — Non, je suppose que non.

      Nous avions passé encore quelques secondes à nous dévisager et j’avais cru qu’il allait dire autre chose. Mais il s’était simplement retourné pour partir, ajoutant par-dessus son épaule :

      — Passe une bonne nuit.

      Il était déjà à la porte quand j’avais répondu.

      — Toi aussi.

      Ce n’est qu’à la fin de mon service, en comptant mes pourboires, que j’avais réalisé qu’il m’avait laissé cinquante dollars. Ça pourrait nous acheter un sacré paquet de ramens, à Paula et à moi.

      — Je suis sûre que je pourrais te faire embaucher au magasin de disques.

      Hein ? Paula ramène mon attention sur elle, loin des hommes sexy qui me laissent de gros pourboires. Je souris en la regardant.

      — Pas si je dois m’habiller comme ça, je lui dis malicieusement.

      Paula commence sa crise de la quarantaine. Ses cheveux noirs de jais sont à présent parcourus de mèches teintes en rouge. Elle a coupé sa frange très courte et très sévère sur son front. Elle est habillée gothique, ce soir, et elle est superbe avec une courte jupe écossaise rouge foncé et noir, et un top noir découvrant une épaule. Des collants à têtes de mort et des bottines de l’armée complètent son look.

      — Meuf, s’te plaît. Toi aussi, tu déchires avec ton look bizarre, tes cheveux et ta quincaillerie sur le visage. Qui se ressemble...

      Je ris en mettant mes boucles d’oreille et secoue la tête. Je fais un geste vers mon visage, puis rejette mes cheveux mauves en arrière.

      — An-han. Mon look est une œuvre d’art, je dis narquoisement en la regardant de haut en bas avec mon plus bel air dégoûté. Toi, par contre, tu es un fashion faux-pas.

      — Garce.

      — Trainée.

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