Hors Jeu. Sawyer Bennett

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Hors Jeu - Sawyer Bennett

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éclatons toutes les deux de rire. Nous jouons souvent pour savoir laquelle est la meilleure au jeu des insultes et qui sera la première à faire rire l’autre. Nous sommes à égalité, cette fois.

      M’asseyant sur le bord de mon lit, j’enfile mes baskets.

      Paula vient me rejoindre et s’assied à côté de moi.

      — Alors, qu’est-ce que tu as prévu pour demain ?

      Je laisse échapper un soupir malgré moi.

      — J’ai une journée chargée, demain. J’ai deux cours au matin et puis une session de rattrapage au déjeuner. Puis j’ai promis à Ann de la remplacer pendant quelques heures au café pendant qu’elle va à une réunion à l’école de son gamin. Et pour finir, je ferai une ou deux heures au refuge.

      Bon Dieu, j’ai une vie de dingue.

      Paula se lève et met les mains sur ses hanches. Elle se contente de me regarder, sans dire un mot.

      — Pourquoi tu me regardes comme ça ?

      — Pour rien.

      — Ah non, ne commence pas. Ne joue pas à la maman avec moi.

      — Quand même, Danny. Tu es en train de te tuer à la tâche. Je m’inquiète pour toi.

      Je me lève et vais serrer Paula dans mes bras.

      — Je sais que tu t’inquiètes pour moi, mais je peux me débrouiller toute seule.

      Elle me rend mon étreinte avec force.

      — Je sais que tu peux, ma puce. Mais ça ne m’empêche pas de m’inquiéter pour toi quand même.

      Je la serre en retour, puis je m’écarte avant de commencer à pleurnicher comme une sotte. Paula est la seule personne que j’aie au monde et qui tienne à moi. Enfin, à part Sarge, mais je ne le vois pas si souvent.

      — Je vais bien, je la rassure. Et puis, c’est seulement temporaire, pas vrai ?

      — Bien sûr, petite. Temporaire.

      Elle prononce les bons mots, mais au ton de sa voix, je sais qu’elle pense que je suis partie pour une vie de servitude.

      ***

      Il est trois heures de l’après-midi et je me traine. Après avoir terminé mon boulot à sept heures du matin, j’ai eu juste le temps de prendre une douche rapide et de filer vers mes cours de la matinée. Après une heure pénible à donner un cours de rattrapage à un joueur de foot de Western Civ – qui était plus intéressé par l’idée de me peloter que d’étudier – je me retrouve maintenant au Sally’s pour faire une partie du service d’Ann. Deux tasses de café et je me sens déjà un peu mieux. Heureusement pour moi, c’est plutôt mort, en ce moment.

      Penchée sur les Petites Annonces au comptoir, je cherche un boulot pour le week-end. Si je décrochais quelques maisons à nettoyer les week-ends, ce serait d’une grande aide pour payer mes dettes.

      Le tintement de clochette indique l’arrivée d’un nouveau client. Je relève les yeux, pliant le journal en deux, et je m’arrête. C’est M. Pourboire à Cinquante Dollars. Et je prends conscience que mon imagination ne l’avait pas enjolivé. Il est toujours aussi sexy que dans mes souvenirs. Il porte un t-shirt gris trempé de sueur et un short de course. Il a l’air un peu essoufflé et j’en déduis qu’il vient juste de terminer sa course.

      — Assieds-toi où tu veux, lui dis-je.

      Il avance jusqu’au comptoir, soutenant mon regard. Il s’est arrêté ici pour me voir, ça ne fait aucun doute. Je le devine à la détermination et à la résolution dans ses yeux couleur whisky.

      Je l’observe, fascinée, passer une main dans ses cheveux humides pour les écarter de son front. Ils sont brun foncé et ondulés, et à la limite d’être un peu trop long au goût d’une mère. Pour moi, ils sont parfaits. Dommage que je n’aie ni le temps ni l’envie de faire quelque chose à ce sujet.

      S’asseyant sur le tabouret juste en face de moi, il m’adresse un grand sourire.

      — Mis quelqu’un en pièce à coup de philosophie, récemment ?

      J’éclate de rire et commence à secouer la tête.

      — Non. Pas aujourd’hui, du moins.

      — En fait, je courais dans le quartier et je t’ai vue, là. Je me suis dit que j’allais m’arrêter et te remercier.

      Je hausse les sourcils.

      — Me remercier ?

      — Oui. Ces vingt secondes où tu as démoli Angeline avec tes connaissances en philo ont été les plus amusantes que j’ai eues depuis très, très longtemps.

      Ce n’est pas très élégant, mais je ne peux m’empêcher de rire par le nez en réponse.

      — Alors, tu dois vivre une vie plutôt ennuyeuse.

      — Je m’appelle Ryan Burnham, à propos.

      Il me tend la main et je la lui serre. Sa main est beaucoup plus grande que la mienne et chaude. Je sens des callosités dans sa paume et sur ses doigts.

      — Danny Cross. Ravie de faire ta connaissance… officiellement.

      Il relâche ma main.

      — Moi aussi.

      Ma peau picote doucement à l’endroit où nos mains ont été en contact et j’essaie immédiatement de réprimer cette sensation. Je n’ai pas le droit de dévorer un mec des yeux, encore moins un mec qui est clairement hors de la stratosphère de mon cercle social. J’ai beaucoup trop de choses importantes à gérer en ce moment, ou du moins c’est ce que je dois souvent me rappeler à moi-même, ces temps-ci.

      — Alors, Danny, commence-t-il en me regardant avec amusement et quelque chose qui ressemble à de la curiosité. Tu es apparemment une fille intelligente. Tu es inscrite à Northeastern ? J’ai vu que tu portais un t-shirt de la fac, l’autre nuit.

      Il a remarqué le t-shirt que je portais ce nuit-là ? Même moi, je ne me souviens pas de ce que je portais, mais qu’il ait gardé ce détail en mémoire me comble de joie, pour une raison que j’ignore.

      — Je viens juste de commencer cet automne, mais je ne suis que deux cours par semaine pour l’instant.

      — Seulement deux cours et tu sais qui sont Ockham et Descartes ?

      Il est sceptique, je le sens.

      — J’ai fréquenté une autre fac avant Northeastern. Je suis techniquement en troisième année.

      — Où est-ce que tu es allée en fac ?

      — Pas dans un endroit connu.

      Je ne fournis pas davantage d’informations et décide de rester vague. J’ignore pourquoi, mais j’ai envie

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