Comment on construit une maison. Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc

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Comment on construit une maison - Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc

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le couloir à la suite, nous placerons l’office. Puis l’escalier de service en tour ronde; puis l’office de service, puis la cuisine en aile, un fournil et une laverie, une buanderie avec sortie pour la cuisine sur le potager. En retour, nous planterons une écurie pour trois chevaux, une remise pour deux voitures, une sellerie, et un petit escalier de service pour monter dans les logements du cocher, du palefrenier et dans le magasin à fourrages placés sous le comble. À côté de l’écurie, nous réserverons une descente directe à la cour et au garde-manger, puis des water-closets pour les gens.

      «Nous allons séparer tous ces services de l’habitation par un mur d’appui avec treillage, au droit de l’escalier de service en tour ronde; ce qui nous donnera une cour pour la cuisine, l’écurie et les remises. En avant, nous allons réserver un espace pour la basse-cour, le poulailler, le trou à fumier...

      «Maintenant que le plan de notre rez-de-chaussée est tracé, cherchons à l’améliorer dans ses détails.

      «Il serait fort agréable d’avoir au bout du salon, sur le jardin, une loge fermée. Rien ne nous interdit d’en tracer une autre au bout de la salle de billard, avec un divan où les messieurs pourraient fumer, et une troisième au bout de la salle à manger, ce qui permettrait de recevoir les plats par un tour, de l’office de service, et de disposer les buffets et tables à découper.

      «Nous utiliserons ces appendices au premier étage.

      «Mais, du salon ou de la salle de billard, il faut pouvoir descendre directement dans le jardin. Je vous avoue que je ne suis pas très partisan de ces perrons, brûlants s’il fait soleil, et fort désagréables par le vent et la pluie; si donc, latéralement à la salle de billard, nous placions dans l’angle qu’elle forme avec le salon, une serre avec escalier intérieur, il me semble que ce serait là une assez bonne disposition? Ainsi, du salon ou de la salle de billard, on passerait dans cette serre où l’on pourrait prendre le café quand le temps est mauvais, et, à couvert, on descendrait dans le jardin. Quelques fleurs et arbustes placés le long de la partie vitrée donneraient de la gaîté à la salle de billard sans lui enlever du jour. Mais, en avant du vestibule, nous mettrons un vrai perron, que nous aurons le soin d’abriter; ce que la position de l’escalier nous permettra de faire en toute sécurité.

      «Traçons tout cela, à peu près correctement; ce sera à revoir quand nous aurons étudié le premier étage dont les dispositions peuvent nous obliger à modifier quelques-unes de celles du rez-de-chaussée. (fig. 1)[7].

      Fig. 1. Fig 1 Fig. 2. Fig 2 Fig. 1—Plan du rez-de-chaussée. Fig. 2—Plan du premier étage

      «Comme les murs doivent monter de fond, vous allez poser, sur ce plan du rez-de-chaussée, un papier à calquer pour éviter une perte de temps. Vous aurez ainsi, sous les yeux et sous votre crayon, la construction sur laquelle il convient de s’établir, et nous verrons de suite s’il y a lieu de modifier quelques parties de ce plan inférieur.

      «Voilà qui est fait. Traçons d’abord l’arrivée de l’escalier; la dernière des trente marches dont nous avons besoin s’aligne avec le mur de droite du vestibule; c’est la marche palière qui donnera dans l’antichambre placée au-dessus du vestibule. Au-dessus du salon, nous disposerons la chambre de la maîtresse du logis; mais, comme cette chambre serait trop vaste, nous profiterons de l’espace qui nous est donné pour établir une deuxième cloison, ce qui donnera doubles portes et un bel espace pour placer des armoires, dont les dames n’ont jamais de trop. Pour donner du jour dans cet espace, nous vitrerons une partie haute de la cloison qui clôt l’antichambre. Ces doubles portes feront que Madame sera plus retirée dans son appartement et n’entendra pas le bruit des allants et des venants. De plus, cette seconde antichambre privée nous permettra d’établir une communication directe avec l’appartement de Monsieur, que nous placerons du côté de la belle orientation, c’est-à-dire au-dessus de la salle de billard.

      «Comme aussi cette surface est trop grande, nous prendrons, aux dépens de l’espace libre, un cabinet de toilette pour Madame, avec baignoire; et nous entrerons chez Monsieur directement de l’antichambre par un couloir privé qui s’ouvrira en même temps dans le cabinet de toilette de Madame, dans celui de Monsieur, placé au-dessus du cabinet de travail, dans la chambre à coucher et dans les deux water-closets réservés à ces deux appartements. Ainsi, les deux portes donnant sur l’antichambre, fermées, les maîtres de la maison seront complètement chez eux. Répétant le corridor du rez-de-chaussée à droite, nous établirons une communication de l’antichambre avec l’escalier de service, avec la lingerie (grave affaire) que nous placerons au-dessus de la cuisine, avec une grande garde-robe pour Madame à droite de sa chambre, et une chambre d’enfants (car il faut tout prévoir), laquelle, ainsi que la garde-robe, seront placées au-dessus de la salle à manger. La loge ou bretêche[8] du rez-de-chaussée nous fera un beau cabinet de toilette pour cette chambre d’enfants ou d’amis au premier étage, et celle de la salle de billard fera une annexe fort agréable à la chambre de Monsieur. Quant à la loge du salon, nous la couvrirons par une terrasse, ce qui donnera à la chambre de Madame un beau balcon où l’on pourra placer en été une banne et des fleurs (fig. 2)[9].

      «Vous voyez, petit cousin, que notre plan commence à s’ordonner. Voici bientôt l’heure du déjeuner, allez faire un tour de promenade, et, dans l’après-midi, nous reprendrons notre travail, c’est-à-dire que nous passerons aux élévations.»

      En descendant au jardin, M. Paul examinait la maison paternelle avec une attention toute nouvelle. Il n’avait jamais songé auparavant à observer les distributions de ce logis. Il supputait la place perdue par ces couloirs sans fin; il voyait, de ci et de là, des coins sombres et sans destination. L’escalier débouchait mal. Au rez-de-chaussée, il fallait connaître les êtres de l’habitation pour le trouver. La cuisine était à une distance énorme de la salle à manger, et, pour communiquer de l’une à l’autre, il fallait traverser un passage de voitures, descendre deux marches et en monter six. Cela lui parut barbare pour la première fois de sa vie. M. Paul, tout en se promenant et attendant le tintement de la cloche du déjeuner, se demandait si son père ne ferait pas bien aussi de démolir son vieux manoir pour bâtir une maison sur un plan nouveau composé par lui-même avec les conseils du grand cousin. Il énumérait une à une toutes les fautes de distribution de la maison paternelle, ses trop nombreux casse-cou. Il voyait le salon sombre, flanqué des deux côtés par les deux vieilles tours qui masquaient les vues latérales, le petit cabinet de son père éclairé par une fenêtre étroite et précédé d’une assez grande pièce sans emploi et qui servait de fruitier à l’automne; bien d’autres défauts encore...

      «Eh bien, lui dit son père, dès qu’on fut à table, il paraît que vous avez déjà travaillé ce matin?»

      M. Paul, tout pénétré de son sujet, fit une description assez exacte du plan dressé, mais ne put terminer sans se livrer à des appréciations critiques à l’endroit de l’habitation paternelle.

       Table des matières

      L’ARBRE DE LA SCIENCE

      Sa mère le regardait d’un air étonné; quant au père, il devint sérieux et parla ainsi: «Paul, cette maison plaît à ta mère, telle qu’elle est; elle me plaît aussi à moi; vous y êtes nés tous trois, tes sœurs et toi; mon père me l’a laissée, et je n’y ai ajouté que ce qui nous était

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