Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal. Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc

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Cités et ruines américaines: Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal - Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc

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de bottes longues et amples avec un bourrelet à la hauteur de la cheville. Le caractère de cette sculpture présente un singulier mélange de barbarie comme dessin et de délicatesse comme exécution. Les figures sont lourdes, leurs gestes sont gauchement exprimés, et les détails de la sculpture indiquent un art avancé, presque voisin de la décadence. La porte d'une autre salle du même monument est terminée, à sa partie supérieure, par deux linteaux d'un bois dur, rougeâtre, et qui provient de l'arbre nommé en espagnol zapote colorado. Ces linteaux, qui sont parfaitement conservés, grâce à l'extrême sécheresse de l'atmosphère dans la péninsule de l'Yucatan, sont couverts de gravures. L'intérieur est peint, et les couleurs employées sont le rouge, le noir, le jaune et le blanc. Du reste, presque toutes les baies des monuments de l'Yucatan sont ainsi terminées par des linteaux du même bois; car les constructeurs de cette contrée, comme on peut le reconnaître facilement, n'employaient pas de matériaux d'un fort volume; ils se fiaient à la bonté de leurs mortiers pour maintenir les parements extérieurs mal liaisonnés et ces encorbellements qui composent les salles. Ces mortiers sont faits avec une chaux hydraulique presque pure, et ont une si complète adhérence, soit dans les massifs, soit même lorsqu'ils sont appliqués comme enduits, comme à Palenqué, qu'à peine si le marteau peut les entamer. On les employait avec profusion, car il existe encore quelques routes antiques dont la chaussée est entièrement revêtue d'un ciment très-dur.

      Les pl. XXVI, XXVII, XXVIII, XXIX et XXX, représentent les divers aspects d'un des monuments de Chichen-Itza, désigné sous le nom de Palais des Nonnes. L'architecture de cet édifice est plus franche que celle de la Prison et du Cirque. La façade, pl. XXX, est même d'un beau caractère, et la composition de la porte avec le bas-relief qui la surmonte est pleine d'une grandeur sauvage, d'un effet saisissant. Mieux traité que dans les exemples précédents, l'appareil des parements est plus régulier, et il présente cette particularité très-remarquable qu'il s'accorde exactement avec la décoration. Ainsi, les méandres, les têtes monstrueuses qui garnissent les parois et les angles, sont composés au moyen de pierres juxtaposées formant chacune un membre de l'ornement. Le menton, les moustaches, les joues, le nez, les prunelles des yeux, les sourcils et le bandeau frontal sont autant de morceaux présentant une sorte de mosaïque saillante et sculptée.

      Nous allons retrouver cet ornement bizarre répété à satiété sur les parois des monuments de l'Yucatan. Mentionnons, pl. XXVII et XXIX, ces treillis de pierre qui figurent des claires-voies de bois sur un des soubassements et sur une frise du Palais des Nonnes. Constatons aussi la présence de ces consoles sur le linteau de la porte, pl. XXX, qui semblent figurer des bouts de solives. Ces caractères particuliers et la perfection relative des tailles des parements doivent faire supposer que ce Palais est d'une époque un peu postérieure à la Prison et au Cirque, ou du moins qu'il a été élevé sous une influence nouvelle. Mais poursuivons l'examen des photographies, nous reviendrons ensuite sur les observations que cet examen fait naître.

      RUINES D'UXMAL

      En se dirigeant à l'ouest de Chichen dans l'Yucatan, on découvre, non loin de Mérida et de Ticul, les ruines d'une ville importante, Uxmal. Voici, fig. 8, un plan général de ces ruines. Au nord, en A, est un vaste palais, dit Palais des Nonnes, comprenant divers bâtiments disposés à angles droits et contenant une cour avec deux citernes aa et chemin revêtu de ciment e. Le bâtiment b est précédé d'une esplanade surélevée c avec logements au-dessous. En B, vers le sud-est, est un téocalli elliptique bâti, avec large escalier, et couronné par un temple connu aujourd'hui sous le nom de Maison du Nain. Au sud, en C, est le palais dit du Gouverneur, et qui semble également avoir été un temple. L'ensemble de cette construction

      image pas disponible Fig 8.

      consiste en une première pyramide tronquée, ou première plate-forme carrée de plus de 200m de côté. Une seconde plate-forme s'élève en retraite sur la première; deux citernes dd sont creusées sur le plateau. Sur une troisième plate-forme k est construit l'édifice désigné par les gens du pays comme étant la résidence du gouverneur. Un autel est placé en g, et une pierre en h, dite Pierre du Châtiment. Vers la corne nord-ouest s'élève un petit bâtiment dit Maison des Tortues. À l'extrémité sud-ouest est une autre pyramide D, devant laquelle est bâti un édifice singulier, dit Maison des Colombes. En E s'élève une autre pyramide couronnée par des débris. Tout le sol situé entre ces constructions gigantesques est couvert de ruines.

      Si l'on se place dans la cour du Palais des Nonnes, au point O, regardant vers le sud, on découvre la vue générale donnée dans la pl. XLIX. Sur le devant apparaît l'intérieur du bâtiment de face du Palais des Nonnes, avec sa grande entrée formée d'assises en encorbellement; sur le second plan, à droite, la Maison des Colombes; au milieu, les deux pyramides du sud, devant lesquelles se détache la Maison des Tortues; puis, sur la gauche, se découpant sur le ciel, le grand Palais du Gouverneur, dont la longueur est de 100m environ. Si, du même point O, pl. XXXVI, on se tourne vers l'est, on découvre, au-dessus du bâtiment K de cette cour, la Maison du Nain ou du Sorcier, bâtie sur un tumulus elliptique.

      Mais examinons un instant cette façade intérieure du bâtiment K. Ici, la tradition d'une structure de bois par empilage, avec claires-voies interposées, est évidente. D'ailleurs, les linteaux de ces portes carrées sont en bois sous la maçonnerie. Au-dessus de la porte centrale, on retrouve ces têtes monstrueuses que nous avons déjà vues à Chichen-Itza. Entre les deux assises en saillie qui simulent des sablières de charpente sur le soubassement, l'architecte a même placé comme une suite de rondins de bois juxtaposés. Il n'est pas douteux ici que l'on a cherché à rappeler ces bâtisses primitives de bois qui, chez les peuples présentant un mélange de sang blanc et de sang jaune, ont consisté d'abord en un empilage de troncs d'arbres disposés en encorbellement, afin de réserver de larges vides à leur base. Ces vides sont fermés par des treillis imitant des claires-voies.

      Pour rendre parfaitement compréhensibles ces structures par empilages, encore en usage dans les contrées où les deux sangs blanc et jaune sont mêlés, il est utile de donner une figure de cette œuvre primitive de charpenterie.

      En effet, fig. 9, supposons des piles ou murs de refend A; si l'on pose à la tête des piles les premiers patins B, sur lesquels, à angle droit, on embrèvera les traverses C, puis les secondes pièces B´,les deuxièmes traverses C´en encorbellement également

      image pas disponible Fig 9.

      embrévées, et ainsi de suite, on obtient, au droit des têtes de piles ou murs de refend, des parois verticales, et, dans le sens des ouvertures, des parois inclinées arrivant à porter les filières D avec potelets intercalés. Si, d'une pile à l'autre, on pose les linteaux E en arrière du nu des pièces BB´ et que sur ces linteaux on établisse des treillis, on obtiendra une construction de bois primitive, qui est évidemment le principe de la décoration de la façade de pierre du bâtiment, pl. XXXIX. Mais cette structure primitive n'était plus comprise par les artistes qui élevèrent ces façades, car on remarquera que les encorbellements de bois par empilage sont indifféremment disposés sur les pleins et les vides, ce qui est un contre-sens; on observera encore, fig. 10 donnant une portion du plan

      image pas disponible Fig 10.

      de ce bâtiment, que les parois inclinées des salles sont disposées parallèlement aux murs de face, comme l'indique le rabattement G, et non perpendiculairement à ces murs de face. Ainsi donc les traditions de la structure de bois, bien que conservées dans leur apparence à Uxmal,

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