Le Chevalier de Maison-Rouge. Alexandre Dumas

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Le Chevalier de Maison-Rouge - Alexandre  Dumas

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mais c’est sur moi qu’il se vengera.

      – Viens, Capet, dit Lorin, viens, mon enfant; s’il te bat encore, appelle à l’aide, et l’on ira le châtier, ce bourreau. Allons, allons, petit Capet, rentre dans ta tour.

      – Pourquoi m’appelez-vous Capet, vous qui me protégez? dit l’enfant. Vous savez bien que Capet n’est pas mon nom.

      – Comment, ce n’est pas ton nom? dit Lorin. Comment t’appelles-tu?

      – Je m’appelle Louis-Charles de Bourbon. Capet est le nom d’un de mes ancêtres. Je sais l’histoire de France; mon père me l’a apprise.

      – Et tu veux apprendre à faire des savates à un enfant à qui un roi a appris l’histoire de France? s’écria Lorin. Allons donc!

      – Oh! sois tranquille, dit Maurice à l’enfant, je ferai mon rapport.

      – Et moi, le mien, dit Simon. Je dirai, entre autres choses, qu’au lieu d’une femme qui avait le droit d’entrer dans la tour, vous en avez laissé passer deux.

      En ce moment, en effet, les deux femmes sortaient du donjon. Maurice courut à elles.

      – Eh bien, citoyenne, dit-il en s’adressant à celle qui était de son côté, as-tu vu ta mère?

      Sophie Tison passa à l’instant entre le municipal et sa compagne.

      – Oui, citoyen, merci, dit-elle.

      Maurice aurait voulu voir l’amie de la jeune fille, ou tout au moins entendre sa voix; mais elle était enveloppée dans sa mante, et semblait décidée à ne pas prononcer une seule parole. Il lui sembla même qu’elle tremblait.

      Cette crainte lui donna des soupçons.

      Il remonta précipitamment, et, en arrivant dans la première pièce, il vit, à travers le vitrage, la reine cacher dans sa poche quelque chose qu’il supposa être un billet.

      – Oh! oh! dit-il, aurais-je été dupe?

      Il appela son collègue.

      – Citoyen Agricola, dit-il, entre chez Marie-Antoinette et ne la perds pas de vue.

      – Ouais! fit le municipal, est-ce que…?

      – Entre, te dis-je, et cela sans perdre un instant, une minute, une seconde.

      Le municipal entra chez la reine.

      – Appelle la femme Tison, dit-il à un garde national.

      Cinq minutes après, la femme Tison arrivait rayonnante.

      – J’ai vu ma fille, dit-elle.

      – Où cela? demanda Maurice.

      – Ici même, dans cette antichambre.

      – Bien. Et ta fille n’a point demandé à voir l’Autrichienne?

      – Non.

      – Elle n’est pas entrée chez elle?

      – Non.

      – Et, pendant que tu causais avec ta fille, personne n’est sorti de la chambre des prisonnières?

      – Est-ce que je sais, moi? Je regardais ma fille, que je n’avais pas vue depuis trois mois.

      – Rappelle-toi bien.

      – Ah! oui, je crois me souvenir.

      – De quoi?

      – La jeune fille est sortie.

      – Marie-Thérèse?

      – Oui.

      – Et elle a parlé à ta fille?

      – Non.

      – Ta fille ne lui a rien remis?

      – Non.

      – Elle n’a rien ramassé à terre?

      – Ma fille?

      – Non, celle de Marie-Antoinette?

      – Si fait, elle a ramassé son mouchoir.

      – Ah! malheureuse! s’écria Maurice.

      Et il s’élança vers le cordon d’une cloche qu’il tira vivement.

      C’était la cloche d’alarme.

      XI. Le billet

      Les deux autres municipaux de garde montèrent précipitamment. Un détachement du poste les accompagnait.

      Les portes furent fermées, deux factionnaires interceptèrent les issues de chaque chambre.

      – Que voulez-vous, monsieur? dit la reine à Maurice, lorsque celui-ci entra. J’allais me mettre au lit, lorsqu’il y a cinq minutes le citoyen municipal (et la reine montrait Agricola) s’est précipité tout à coup dans cette chambre sans me dire ce qu’il désirait.

      – Madame, dit Maurice en saluant, ce n’est pas mon collègue qui désire quelque chose de vous, c’est moi.

      – Vous, monsieur? demanda Marie-Antoinette en regardant Maurice, dont les bons procédés lui avaient inspiré une certaine reconnaissance; et que désirez-vous?

      – Je désire que vous vouliez bien me remettre le billet que vous cachiez tout à l’heure quand je suis entré.

      Madame Royale et Madame Élisabeth tressaillirent. La reine devint très pâle.

      – Vous vous trompez, monsieur, dit-elle, je ne cachais rien.

      – Tu mens, l’Autrichienne! s’écria Agricola.

      Maurice posa vivement la main sur le bras de son collègue.

      – Un moment, mon cher collègue, lui dit-il; laisse-moi parler à la citoyenne. Je suis un peu procureur.

      – Va, alors, mais ne la ménage pas, morbleu!

      – Vous cachiez un billet, citoyenne, dit sévèrement Maurice; il faudrait nous remettre ce billet.

      – Mais quel billet?

      – Celui que la fille Tison vous a apporté, et que la citoyenne votre fille (Maurice indiqua la jeune princesse) a ramassé avec son mouchoir.

      Les trois femmes se regardèrent épouvantées.

      – Mais, monsieur, c’est plus que de la tyrannie, dit la reine; des femmes! des femmes!

      – Ne confondons pas, dit Maurice avec fermeté. Nous ne sommes ni des juges ni des bourreaux; nous sommes des surveillants, c’est-à-dire vos concitoyens chargés de vous garder. Nous avons une consigne; la violer, c’est trahir. Citoyenne, je vous en prie, rendez-moi le billet que vous avez caché.

      – Messieurs,

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