L'archéologie égyptienne. Gaston Maspero
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La salle est soutenue par deux, trois ou même quatre rangs de colonnes, selon la grandeur de l’édifice qui s’étend derrière elle. Pour le reste, comparez le plan du temple d’Edfou à celui du temple de Khonsou, et vous verrez combien peu ils diffèrent l’un de l’autre.
Ainsi conçu, l’édifice suffisait à tous les besoins du culte. Lorsqu’on voulait l’accroître, on ne s’attaquait pas d’ordinaire au sanctuaire ni aux chambres qui l’entouraient, mais bien aux parties d’apparat, hypostyles, cours ou pylônes. Rien n’est plus propre que l’histoire du grand temple de Karnak à illustrer le procédé des Égyptiens en pareille circonstance. Osirtasen Ier l’avait fondé, probablement sur le site d’un temple plus ancien.
C’était un édifice de petites dimensions, construit en calcaire et en grès avec portes en granit : des piliers à seize pans unis en décoraient l’intérieur. Amenemhat II et III y travaillèrent, les princes de la XIIIe et de la XIVe dynastie y consacrèrent des statues et des tables d’offrandes ; il était encore intact au XVIIIe siècle avant notre ère, lorsque Thoutmos Ier, enrichi par la guerre, résolut de l’agrandir. Il éleva en avant de ce qui existait déjà deux chambres, précédées d’une cour et flanquées de chapelles isolées, puis trois pylônes échelonnés l’un derrière l’autre. Le tout présentait l’aspect d’un vaste rectangle posé debout sur un autre rectangle allongé en travers. Thoutmos II et Hatshopsitou couvrirent de bas-reliefs les murs que leur père avait bâtis, mais n’ajoutèrent rien ; seulement, la régente, pour amener ses obélisques entre deux des pylônes, pratiqua une brèche dans le mur méridional et abattit seize des colonnes qui se trouvaient en cet endroit. Thoutmos III reprit d’abord certaines parties qui lui paraissaient sans doute indignes de son dieu, le double sanctuaire qu’il relit en granit de Syène, le premier pylône. Il réédifia, à l’est, d’anciennes chambres, dont la plus importante, celle qui porte le nom de Promenoir, servait de station et de reposoir lors des processions, enveloppa l’ensemble d’un mur de pierre, creusa le lac sur lequel on lançait les barques sacrées les jours de fête ; puis, changeant brusquement de direction, il érigea deux pylônes tournés vers le sud. Il rompit de la sorte la juste proportion qui avait existé jusqu’alors entre le corps et la façade : l’enceinte extérieure devint trop large pour les premiers pylônes et ne se raccorda plus exactement au dernier. Amenhotpou III corrigea ce défaut : il éleva un sixième pylône plus massif, partant, plus propre à servir de façade. Le temple en fût resté là, qu’il surpassait déjà tout ce qu’on avait entrepris jusqu’alors de plus audacieux ; les Pharaons de la XIXe dynastie réussirent à faire mieux encore.
Ils ne construisirent qu’une salle hypostyle et qu’un pylône, mais l’hypostyle a 50 mètres de long sur 100 de large.
Au milieu, une avenue de douze colonnes à chapiteau campaniforme, les plus hautes qu’on ait jamais employées à l’intérieur d’un édifice ; dans les bas côtés, 122 colonnes à chapiteau lotiforme, rangées en quinconce sur neuf files. Le plafond de la travée centrale était à 23 mètres au-dessus du sol, et le pylône le dominait d’environ 15 mètres. Trois rois peinèrent pendant un siècle avant d’amener l’hypostyle à perfection. Ramsès Ier conçut l’idée, Séti Ier termina le gros œuvre, Ramsès II acheva presque entièrement la décoration. Les Pharaons des dynasties suivantes se disputèrent quelques places vides le long des colonnes, pour y graver leur nom et participer à la gloire des trois fondateurs, mais ils n’allèrent pas plus loin. Pourtant le monument, arrêté à ce point, demeurait incomplet : il lui manquait un dernier pylône et une cour à portiques. Près de trois siècles s’écoulèrent avant qu’on songeât à reprendre les travaux. Enfin, les Bubastites se décidèrent à commencer les portiques, mais faiblement, comme il convenait à leurs faibles ressources. Un moment, l’Éthiopien Taharqou imagina qu’il était de taille à rivaliser avec les Pharaons thébains et devisa une salle hypostyle plus large que l’ancienne, mais ses mesures étaient mal prises. Les colonnes de la travée centrale, les seules qu’il eut le temps d’ériger, étaient trop éloignées pour qu’on pût y établir la couverture : elles ne portèrent jamais rien et ne subsistèrent que pour marquer son impuissance. Enfin les Ptolémées, se conformant à la tradition des rois indigènes, se mirent à l’ouvrage ; mais les révoltes de Thèbes interrompirent leurs projets, le tremblement de terre de l’an 27 détruisit une partie du temple, et le pylône resta à jamais inachevé. L’histoire de Karnak est celle de tous les grands temples égyptiens. À l’étudier de près, on comprend la raison des irrégularités qu’ils présentent pour la plupart. Le plan est partout sensiblement le même, et la croissance se produit de la même manière, mais les architectes ne prévoyaient pas toujours l’importance que leur œuvre acquerrait, et le terrain qu’ils lui avaient choisi ne se prêtait pas jusqu’au bout au développement normal. À Louxor, le progrès marcha méthodiquement sous Amenhotpou III et sous Séti Ier ; mais, quand Ramsès II voulut ajouter à ce qu’avaient fait ses prédécesseurs, un coude secondaire de la rivière l’obligea à se rejeter vers l’est.
Son pylône n’est point parallèle à celui d’Amenhotpou III, et ses portiques forment un angle marqué avec l’axe général des constructions antérieures. À Philae, la déviation est plus forte encore.
Non seulement le pylône le plus grand n’est pas dans l’alignement du plus petit, mais les deux colonnades ne sont point parallèles entre elles et ne se raccordent pas naturellement au pylône. Ce n’est point là, comme on l’a dit souvent, négligence ou parti pris. Le plan premier était aussi juste que peut l’exiger le dessinateur le plus entiché de symétrie ; mais il fallait le plier aux exigences du site, et les architectes n’eurent plus souci dès lors que de tirer le meilleur parti des irrégularités auxquelles la configuration du sol les condamnait. Cette contrainte les a souvent inspirés : Philae nous montre jusqu’à quel point ils savaient faire de ce désordre obligé un élément de grâce et de pittoresque. L’idée du temple-caverne dut venir de bonne heure aux Égyptiens ; ils taillaient la maison des morts dans la montagne, pourquoi n’y auraient-ils pas taillé la maison des dieux ? Pourtant, les spéos les plus anciens que nous possédions ne remontent qu’aux premiers règnes de la XVIIIe dynastie. On les rencontre de préférence dans les endroits où la bande de terre cultivable était le moins large, près de Beni-Hassan, au Gebel Silsiléh, en Nubie. Toutes les variantes du temple isolé se retrouvent dans le souterrain, plus ou moins modifiées par la nature du milieu. Le Spéos Artémidos s’annonce par un portique à piliers, mais ne renferme qu’un naos carré avec une niche de fond pour la statue de la déesse Pakhit. Kalaat-Addah présente au fleuve une façade (À) plane, étroite, où l’on accède par un escalier assez raide ; vient ensuite une salle hypostyle flanquée de deux réduits (C), puis un sanctuaire à deux étages superposés (D).
La chapelle d’Harmhabi, au Gebel Silsiléh, se compose d’une galerie parallèle au Nil, étayée de quatre piliers massifs réservés dans la roche vive, et sur laquelle la chambre débouche à angle droit.
À Ibsamboul, les deux temples sont entièrement dans la falaise. La face du plus grand simule un pylône en talus, couronné d’une corniche, et gardé, selon l’usage, par quatre colosses assis, accompagnés de statues plus petites ; seulement les colosses ont ici près de 20 mètres.
Au delà de la porte s’étend une salle de 40 mètres de long sur 18 de large, qui tient lieu du péristyle ordinaire. Huit Osiris, le dos à autant de