Quentin Durward. Вальтер Скотт

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Quentin Durward - Вальтер Скотт

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voyageur une assurance qui faisait tellement pencher la balance du dernier côté, qu'il renonçait à son projet criminel pour lui dire avec humeur: – Bonjour, camarade! – salut auquel le jeune Écossais répondait d'un ton tout aussi martial quoique moins bourru. Le pèlerin et le frère mendiant répondaient à sa salutation respectueuse par une bénédiction paternelle; et la jeune paysanne aux yeux noirs se retournant pour le regarder quand elle l'avait dépassé de quelques pas, ils échangeaient ensemble un bonjour en souriant. En un mot, il y avait quelque chose en lui qui excitait naturellement l'attention, et il exerçait une attraction véritable, qui prenait sa source dans la réunion d'une franchise intrépide, d'une humeur enjouée, d'un air spirituel, d'un extérieur agréable. Tout son aspect semblait aussi indiquer un jeune homme entré dans le monde sans la moindre crainte des dangers qui en assiègent toutes les avenues, et n'ayant guère pourtant d'autres moyens de lutter contre les obstacles, qu'un esprit plein de vivacité et une bravoure naturelle: or, c'est avec de tels caractères que la jeunesse sympathise le plus volontiers, comme c'est pour ceux-là aussi que la vieillesse et l'expérience éprouvent un intérêt affectueux.

      Le jeune homme dont nous venons de faire le portrait avait été aperçu depuis long-temps par les deux individus qui se promenaient le long de la rivière, sur le bord opposé où étaient situés le parc et le château; mais comme il descendait la rive escarpée avec la légèreté d'un daim courant vers une fontaine pour s'y désaltérer, le moins âgé des deux dit à l'autre:

      – C'est notre jeune homme, c'est le Bohémien; s'il essaie de passer la rivière, il est perdu: les eaux sont enflées, la rivière n'est pas guéable.

      – Qu'il fasse cette découverte lui-même, compère, répondit le plus âgé; il est possible que cela épargne une corde et fasse mentir un proverbe.

      – Je ne le reconnais qu'à sa toque bleue, reprit le premier, car je ne puis distinguer sa figure: écoutez! il crie pour nous demander si l'eau est profonde.

      – Il n'a qu'à essayer, répliqua l'autre; il n'y a en ce monde rien de tel que l'expérience.

      Cependant le jeune homme, voyant qu'on ne lui faisait aucun signe pour le détourner de son intention, et prenant le silence de ceux à qui il s'adressait pour une assurance qu'il ne courait aucun risque, entra dans le ruisseau sans hésiter et sans autre délai que celui qui fut nécessaire pour ôter ses brodequins. Le plus âgé des deux inconnus lui cria au même instant de prendre garde à lui; et se tournant vers son compagnon:

      – Par la mort-Dieu, compère, lui dit-il à mi-voix, vous avez fait encore une méprise; ce n'est pas le bavard de Bohémien.

      Mais cet avis arriva trop tard pour le jeune homme: ou il ne l'entendit pas, ou il ne put en profiter, car il avait déjà perdu pied; la mort eût été inévitable pour tout homme moins alerte et moins habitué à nager, le ruisseau étant alors aussi profond que rapide.

      – Par sainte Anne! s'écria le même interlocuteur, c'est un jeune homme intéressant! Courez, compère, et réparez votre méprise en le secourant si vous le pouvez: il est de votre troupe; et si les vieux dictons ne mentent pas, l'eau ne le noiera point.

      Dans le fait, le jeune voyageur nageait si vigoureusement, et fendait l'eau avec tant de dextérité, que, malgré l'impétuosité du courant, il aborda à la rive opposée presque en ligne droite de l'endroit d'où il était parti.

      Pendant ce temps, le moins âgé des deux inconnus avait couru sur le bord de l'eau pour donner du secours au nageur, tandis que l'autre le suivait à pas lents, se disant à lui-même, chemin faisant: – Sur mon âme, le voilà à terre; il empoigne son épieu: si je ne me presse davantage, il battra mon compère pour la seule action charitable que je l'aie jamais vu faire de sa vie.

      Il avait quelque raison pour supposer que tel serait le dénouement de cette aventure; car le brave Écossais avait déjà accosté le Samaritain qui venait à son secours, en s'écriant d'un ton courroucé: – Chien discourtois! pourquoi ne m'avez-vous pas répondu quand je vous ai demandé si la rivière était guéable? Que le diable m'emporte si je ne vous apprends à mieux connaître une autre fois les égards qui sont dus à un étranger!

      Il accompagnait ces paroles de ce mouvement formidable de son bâton qu'on appelle le moulinet, parce qu'on tient le bâton par le milieu en brandissant les deux bouts dans tous les sens, comme les ailes d'un moulin que le vent fait tourner. Son antagoniste, se voyant ainsi menacé, mit la main sur son épée; car c'était un de ces hommes qui, en toute occasion, sont toujours plus disposés à agir qu'à discourir. Mais son compagnon plus réfléchi, étant arrivé en ce moment, lui ordonna de se modérer, et se tournant vers le jeune homme, l'accusa à son tour d'imprudence et de précipitation pour s'être jeté dans une rivière dont les eaux étaient enflées, et d'un emportement injuste, pour vouloir chercher querelle à un homme qui accourait à son secours.

      En entendant un homme d'un âge avancé et d'un air respectable lui adresser de tels reproches, le jeune Écossais baissa sur-le-champ son bâton, et répondit qu'il serait bien fâché d'être injuste envers eux, mais que véritablement il lui semblait qu'ils l'avaient laissé mettre ses jours en péril, faute d'avoir daigné dire un mot pour l'avertir; ce qui ne convenait ni à d'honnêtes gens ni à de bons chrétiens, encore moins à de respectables bourgeois, comme ils paraissaient être.

      – Beau fils, dit le plus âgé, à votre air et à votre accent, on voit que vous êtes étranger; et vous devriez songer que, quoique vous parliez facilement notre langue, il ne nous est pas aussi aisé de comprendre vos discours.

      – Eh bien, mon père, répondit le jeune homme, je m'embarrasse fort peu du bain que je viens de prendre, et je vous pardonnerai d'en avoir été la cause en partie, pourvu que vous m'indiquiez quelque endroit où je puisse faire sécher mes habits, car je n'en ai pas d'autres, et il faut que je tâche de les conserver dans un état présentable.

      – Pour qui nous prenez-vous, beau fils? lui demanda le même interlocuteur au lieu de répondre à sa question.

      – Pour de bons bourgeois, sans contredit, répondit l'Écossais; ou bien, tenez, vous, mon maître, vous m'avez l'air d'un traficant[25] d'argent ou d'un marchand de grains, et votre compagnon me semble un boucher ou un nourrisseur de bestiaux.

      – Vous avez admirablement deviné nos professions, dit en souriant celui qui venait de l'interroger. Il est très-vrai que je trafique en argent autant que je le puis, et le métier de mon compère a quelque analogie avec celui de boucher. Quant à vous, nous tâcherons de vous servir: mais il faut d'abord que je sache qui vous êtes et où vous allez; car, dans le moment actuel, les routes sont remplies de voyageurs à pied et à cheval, qui ont dans la tête toute autre chose que des principes d'honnêteté et la crainte de Dieu.

      Le jeune homme jeta un regard vif et pénétrant sur l'individu qui lui parlait ainsi, et sur son compagnon silencieux, comme pour s'assurer s'ils méritaient la confiance qu'on lui demandait; et voici quel fut le résultat de ses observations.

      Le plus âgé de ces deux hommes, celui que son costume et sa tournure rendaient le plus remarquable, ressemblait au négociant ou au marchand de cette époque. Sa jaquette, ses hauts-de-chausses et son manteau étaient d'une même étoffe, d'une couleur brune, et montraient tellement la corde, que l'esprit malin du jeune Écossais en conclut qu'il fallait que celui qui les portait fût très-riche ou très-pauvre; et il inclinait vers la première supposition. Ses vêtemens étaient très-courts et étroits, mode non adoptée alors par la noblesse, ni même par des citoyens d'une classe respectable, qui portaient des habits fort lâches et descendant à mi-jambe.

      L'expression de sa physionomie était en quelque sorte prévenante et repoussante

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<p>25</p>

Sic. (Note du correcteur – ELG.)