Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor. Артур Конан Дойл

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Micah Clarke – Tome III. La Bataille de Sedgemoor - Артур Конан Дойл

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avons laissé derrière nous les autres temples du Prélatisme, laisserons-nous aussi celui-ci debout, mes frères?

      – Non, non, hurla la foule, agitée par des mouvements d'orage.

      – Allons-nous le démolir jusqu'à ce qu'il n'en reste pas pierre sur pierre?

      – Oui! Oui! cria-t-on.

      – Maintenant? Tout de suite?..

      – Oui, oui!

      – Alors, à l'œuvre! cria-t-il, et s'élançant à bas de son char, il se précipita vers la cathédrale, suivi de près par la tourbe d'enragés fanatiques.

      Les uns s'amassèrent, hurlant, vociférant, pour franchir les portes ouvertes.

      D'autres, en essaims, grimpaient aux piliers et aux piédestaux de la façade, martelaient les ornements sculptés, se cramponnaient aux vieilles et grises statues de pierre qui occupaient chaque niche.

      – Il faut mettre un terme à ce désordre, dit Saxon d'un ton bref. Nous ne pouvons laisser insulter et salir toute l'Église d'Angleterre pour plaire à une bande de braillards à la tête échauffée. Le pillage de cette cathédrale ferait plus de tort à notre cause que la perte d'une bataille rangée. Amenez votre compagnie, Sir Gervas. Pour nous, nous ferons de notre mieux pour les retenir jusque-là.

      – Hé, Masterton, cria le baronnet, apercevant un de ses sous-officiers dans un groupe qui se contentait de regarder, sans aider ni empêcher les émeutiers. Courez au quartier et dites à Barker de former la compagnie, la mèche allumée. Je puis être de quelque utilité ici.

      – Ah! voici Buyse, s'écria joyeusement Saxon, en voyant le colosse allemand se frayer passage à travers la foule, et, Lord Grey aussi. Il faut que nous sauvions la cathédrale, mylord. Ils la mettraient à sac et la brûleraient.

      – Par ici, gentilshommes, s'écria un homme âgé, aux cheveux gris, qui accourait à nous les bras tendus, un trousseau de clef sonnant à sa ceinture. Oh! hâtez-vous, gentilshommes, si vous avez vraiment quelque autorité sur ces gens sans principes. Ils ont abattu saint Pierre, et ils finiront par démolir saint Paul, s'il n'arrive pas de secours. Il ne restera pas un Apôtre. Ils ont apporté un tonneau de bière et ils sont en train de le défoncer sur le maître-autel. Oh! Hélas! Peut-on voir chose pareille dans un pays chrétien!

      Il eut un bruyant sanglot et frappa du pied dans son désespoir et sa souffrance.

      – C'est le sacristain, messieurs, dit quelqu'un de la ville. Il a vieilli dans la cathédrale.

      – Voilà le chemin de la Sacristie, mylords et gentilshommes, dit le vieillard en s'ouvrant courageusement passage à travers la foule. Maintenant, quel malheur, le saint Paul est tombé aussi!

      Comme il parlait, un craquement multiple s'entendit à l'intérieur de la cathédrale, annonçant une nouvelle profanation des fanatiques.

      Notre guide redoubla de vitesse, et parvint enfin à une porte basse en chêne qu'il ouvrit à force de faire grincer des barreaux et craquer des gonds.

      Nous nous glissâmes tant bien que mal par cette ouverture et suivîmes du pas le plus rapide le vieillard dans un corridor dallé qui débouchait dans la cathédrale par une petite porte tout près du maître-autel.

      Le vaste édifice était plein d'émeutiers qui couraient de tous côtés, détruisant, brisant tout ce qu'ils pouvaient atteindre.

      Un grand nombre d'entre eux étaient des fanatiques sincères, disciples du prédicant que nous avions entendu dehors, mais il y en avait d'autres que leurs figures suffisaient à désigner comme des coquins et des simples voleurs, tels que toute armée en ramasse sur son passage.

      Pendant que les premiers arrachaient les statues des murailles ou lançaient les livres de prières à travers les vitraux des fenêtres, les autres déracinaient les massifs candélabres de bronze, emportant tout ce qui paraissait évidemment avoir quelque valeur.

      Un individu déguenillé, huché dans la chaire, s'employait à déchirer le velours cramoisi qu'il jetait dans la foule.

      Un autre avait renversé le pupitre, où on lisait les livres saints, et s'évertuait à tordre la monture de bronze pour l'enlever.

      Au milieu d'une des ailes, un petit groupe avait passé une corde au cou de l'évangéliste Marc et tirait avec ardeur, si bien qu'au moment même de notre entrée, la statue oscilla quelques instants et finit par s'abattre à grand bruit sur les dalles de marbre.

      Les vociférations, qui accompagnaient chaque nouvelle profanation, le craquement des boiseries démolies, des fenêtres brisées, le bruit sourd de la maçonnerie qui tombait, tout cela faisait un vacarme des plus assourdissants, auquel s'ajoutait le ronflement de l'orgue, que plusieurs émeutiers firent taire enfin en crevant les soufflets.

      Le spectacle qui nous frappa le plus vivement, ce fut la scène qui se passait juste en face de nous au maître-autel.

      On y avait placé un tonneau de bière.

      Une douzaine de bandits s'étaient groupés tout autour.

      L'un d'eux, avec des gestes indécents, avait grimpé dessus et s'occupait à défoncer le tonneau à coups de hachette.

      Au moment de notre entrée, il venait de réussir à l'ouvrir.

      La liqueur brune sortait en moussant, pendant que la foule, avec de bruyants éclats de rire, faisait circuler des cuillers à pot et des gobelets.

      Le soldat allemand lança un juron grossier, d'une voix saccadée, à ce spectacle, se frayant à coups d'épaules un passage à travers les tapageurs.

      Il sauta sur l'autel.

      Le meneur de l'orgie était penché sur son baril, la cruche à la main, quand la poigne de fer du soldat s'abattit sur son collet.

      En un instant, ses talons battaient l'air, il avait la tête plongée d'une profondeur de trois pieds dans le tonneau, dont le contenu jaillit en écumant de tous côtés.

      Par un effort vigoureux, Buyse saisit le tonneau avec le mineur à demi-noyé qui s'y trouvait et lança le tout à grand bruit sur les larges degrés de marbre qui partaient du centre de l'église.

      En même temps, aidés d'une douzaine de nos hommes, qui nous avaient suivis dans la cathédrale, nous repoussâmes les camarades de l'individu et les rejetâmes derrière la grille qui séparait le chœur de la nef.

      Notre attaque eut pour effet de mettre un terme à la dévastation, mais en détournant sur nous la furie des fanatiques qui, jusque là, s'exerçait sur les murs et les fenêtres.

      Statues, sculptures de pierre, boiseries, tout fut abandonné par les vandales et la bande entière se précipita avec un rauque bourdonnement de rage.

      Toute discipline, tout ordre disparut dans leur frénésie pieuse.

      – Abattez les Prélatistes! hurlaient-ils. À bas les partisans de l'Antéchrist! Massacrons-les aux cornes mêmes de l'autel. À bas! À bas!

      Ils se massèrent des deux côtés, en une cohue sauvage, à demi folle, les uns armés, les autres sans armes, mais tous, jusqu'au dernier, pleins de cette fièvre, de cette rage qui aboutissent au meurtre.

      – C'est

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