Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique. Constantin-François Volney

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique - Constantin-François Volney страница 10

Tableau du climat et du sol des États-Unis d'Amérique - Constantin-François Volney

Скачать книгу

style="font-size:15px;">      M. Mitchill cite d’autres bancs calcaires près de New-York, à l’endroit où les eaux se partagent et versent, les unes dans l’Hudson, et les autres dans le Sound, ou bras de mer en face de Long-Island; il pense qu’à une époque inconnue de l’histoire l’Océan a séjourné sur ce terrain, et son opinion s’étaie de tous les faits qu’il cite sur les montagnes de Catskill.

      Il a trouvé ces montagnes de Catskill composées du même grès que Blue-ridge dont il les juge être un prolongement; ce fait fixe de ce côté la limite réciproque des granits et des grès qui composent, comme nous l’allons voir, une seconde région très-étendue. Ces grès à Catskill sont portés sur un lit d’ardoise friable qui, au feu, rend une forte odeur de bitume, et qui présente ses bancs tantôt bouleversés en désordre, et tantôt inclinés à l’horizon, depuis 50 jusqu’à 80 degrés. M. Mitchill crut d’abord ce terrain primitif, parce que les granits et les grès ne contenaient pas de fossiles; mais bientôt plusieurs indications contraires, telles que, 1º l’aspect des rocs formés de gravier, de cailloux, de quartz rouge et blanc, de jaspe roux et de grès, tous évidemment roulés et triturés par les eaux; 2º les couches horizontales et très-régulières de ces rocs; 3º les coquilles fossiles, inconnues dans ces mers (excepté le clam et le scolop), et trouvées sur leurs cimes dans un terrain d’argile et de cailloux; tous ces faits l’ont déterminé à voir, dans cette disposition de terrain, trois grandes époques de formation: la 1re époque, celle qui plaça les sables; la 2e, celle des eaux qui les roulèrent et les triturèrent; la 3e, celle de l’existence des coquillages vivants.

      Enfin, il remarque que le côté escarpé de ces montagnes verse à l’ouest, tandis que la pente d’est est aisée et sans correspondance opposite. Hors de la région des granits que je viens de décrire, il existe quelques cas d’exception, dont les plus remarquables sont, 1º les montagnes entre Harrisburg et Sunbury sur le Susquehannah, composées en majeure partie de ce genre de pierre44; 2º une veine de granit-talkeux ou isinglass, dont je parlerai § IV; 3º des blocs multipliés au pied de la chaîne sud-ouest en Virginie, principalement près de Milton sur Fluvannah.

      § II

Région des grès

      Ces grès de Catskill forment le caractère distinctif de la 2e région ou nature de sol, laquelle comprend tout le pays montueux de Blue-ridge, d’Alleghany, de Laurel-hill; les sources du grand Kanhawa; le nœud ou arc de l’Alleghany, et en général toute sa chaîne au sud jusqu’à l’angle de la Géorgie et à l’Apalache: je perds sa trace à l’ouest dans l’État de Tennessee et dans le chaînon de Cumberland; et je ne puis assigner sa contiguité à la région calcaire avec précision: dans le nord et le nord-est, ses limites paraissent être les sources de la Susquehannah, même celles des lacs de Génésee, et généralement la rive droite de la Mohawk et de l’Hudson. M. le docteur Smith-Barton, de Philadelphie, qui, au retour d’un voyage à Niagara, en 1797, traversa toute la Haute-Pensylvanie, ne cessa de voir les grès depuis Tyuga jusqu’à 9 milles avant Nazareth. M. Guillemard, dans sa route de Philadelphie à Pittsburg par Sunbury, ne les a quittés qu’à l’ouest de l’Alleghany (qui dans le canton est appelé Blue-hill), en exceptant néanmoins quelques vallées calcaires, dont je parlerai45: enfin, dans la Virginie, depuis Charlotte-ville jusqu’à la rivière Gauley, je les ai moi-même trouvés abondants sur les 10 ou 12 chaînons successifs que j’ai traversés, en exceptant aussi les vallées calcaires de Staunton et de Greenbrïar. Quelquefois ces grès admettent le mélange du quartz blanc laiteux, appelé pierre à flèche, que j’ai trouvé abondant sur Blue-ridge, en allant de Frederick-town à Harper’s-ferry; et quelquefois aussi du quartz gris qui est le noyau de Blue-ridge, à là brèche que lui a faite le Potômac sous Harper’s-ferry; quelques-uns des rocs de cette brèche se trouvent être de granit; mais ils sont en petit nombre.

      Ces montagnes de grès ne sont pas aussi nues que cette nature de pierre pourrait le faire penser. J’ai trouvé leurs plus hautes cimes en Virginie, entre les rivières de Greenbrïar et de Gauley, couvertes de beaux arbres et d’herbes hautes et vivaces, végétant dans l’excellent terreau noir kentuckois, qui est le caractère distinctif du pays d’Ouest. La région élevée qui s’étend au-dessus du fort Cumberland par-delà les sources du Potômac jusqu’à celles de l’Yohogany, et qui est connue sous le nom de Greenglades, est une véritable Suisse très-riche en pâturages, dont la vigueur est entretenue pendant tout l’été par des nuages, des brouillards et des pluies fines qui, à cette époque, manquent dans la plaine. Ce bienfait est dû à l’élévation d’environ 700 mètres, que nous avons ci-devant reconnue à ce local: il faut néanmoins ne pas étendre ces avantages aux chaînons de Gauley et Laurel-hill, qui sont rocailleux et secs. Le géographe Évans n’évalue leurs parties cultivables qu’à un 10e du tout; et ses nombreux arpentages donnent à son opinion une autorité prépondérante. Ces portions cultivables ne se trouvent que dans les vallées qui, là comme ailleurs, enrichies des terres roulées des montagnes, sont généralement les plus productives.

      Du côté du nord-ouest, c’est-à-dire du côté des lacs de Génésee, d’Ontario et d’Érié, les grès se terminent à une région de schistes ardoisins et de marne bleue très-considérable, puisqu’elle paraît former le lit de ces lacs, ainsi que l’attestent les sondes et les pierres du fond et des rives; elle s’étend même jusque sur les lits de charbon de la Pensylvanie occidentale. Cette marne est pleine de coquilles fossiles. On retrouve les bancs de ces schistes à Niagara, et, comme je l’ai dit, tout le long du Saint-Laurent jusqu’à Québec. Nous avons vu qu’ils pavent aussi en grande partie le lit supérieur de l’Hudson; ce sont là leurs plus grands domaines connus: on ne les aperçoit ailleurs que par petits espaces.

      Hors de cette vaste région des grès que je viens de décrire, l’on peut citer quelques cantons de la même nature épars dans les contrées granitiques et calcaires; mais ils y sont à leur tour dans des cas d’exception; tel est celui du canton de Worcester en Massachusets, le plus considérable de cette espèce qui me soit connu. L’on ne peut l’assigner à l’Alleghany, à moins que l’on ne prouve sa continuité à travers les rivières et les pays de Hudson et de Connecticut.

      § III

Région calcaire

      La troisième région, celle des terres calcaires, embrasse la totalité des pays d’Ouest ou Back-country, situés au couchant des Alleghanys, et se prolonge, selon la remarque de M. Mackenzie (citée page 45), dans le nord-ouest, à travers les rivières et les lacs jusqu’aux sources de la Saskatchawine et à la chaîne des monts Chipawas. Tout ce qui m’est connu de ce pays, depuis le Tennessee jusqu’au Saint-Laurent, entre les montagnes et le Mississipi, a pour noyau un immense banc de pierres calcaires, disposé presque horizontalement, par lames ou feuillets d’un ou plusieurs pouces d’épaisseur, d’un grain uni, serré, généralement gris; dans le nord, cette pierre calcaire est de l’espèce cristallisée, dite calcaire primitif. Ce banc porte immédiatement une couche tantôt d’argile, tantôt de gravier, et par-dessus elle, à surface de terre, une couche d’excellent terreau noir, laquelle est plus épaisse dans les bas-fonds où elle a jusqu’à 15 pieds, et plus mince sur les ondulations et hauteurs où elle n’a quelquefois que 6 à 8 pouces. Cette circonstance, de même que le feuilletage du banc, attestent évidemment un travail antérieur des eaux de l’Océan.

      Dans le pays de Pittsburg, sur l’Ohio, dans le canton de Greenbrïar, sur le Kanhawa, et dans tout le Kentucky, la sonde manifeste ce banc fondamental: je l’ai vu à nu dans le lit de toutes les rivières et de tous les ruisseaux du Kentucky, depuis le Kanhawa jusqu’aux Falls ou Rapides d’Ohio, près Louisville.

Скачать книгу


<p>44</p>

Voyage de Liancourt, tome 1er, page 10.

<p>45</p>

Le sol de toute la Haute-Susquehannah est mêlé de schistes, de pierres, de geiss, de schorl, de feld-spath, coupé d’une foule de sillons peu élevés, qui montent par gradins jusqu’à l’Alleghany; là domine le grès. Il y a aussi des veines basaltiques, produits et témoins d’anciens volcans. Partout les arbres sont rabougris et de faible végétation. (Note de M. Guillemard.)