La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits. Rosette
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Читать онлайн книгу La Fille Aux Arcs-En-Ciel Interdits - Rosette страница 3
Elle me salua avec un sourire en abandonnant la chambre et ignorant le cyclone qui s’était niché dans ma tête et engendré par son petit discours final.
Je reviendrai à la fenêtre. La brise était disparue laissant la place à un chaud étouffant inusuel, qui était plus caractéristique du Continent que de ce territoire.
Je reportai à fatigue l’esprit en stand-by, en libérant des pensées toxiques. Il était encore une page blanche, intacte, fraiche, libre de toute préoccupation.
Avec la certitude fulminante de celui qui connait soi-même, je savais que celle paix était relative, éphémère comme une empreinte sur la sable, prête à être effacée par la marée qui descend.
L’accueillance de Madame Mc Millian ne devait pas me tromper.
Elle était une simple employée, ni plus ni moins que moi-même. Elle était aimable, si on y pensait bien, qui était de mon côté, et qui m’avait offert une alliance complice avec une telle spontanéité, toutefois je ne devais pas oublier que mon employeur était une autre personne. Ma permanence dans celle maison, si tant agréable et si tant différente de tout milieu que j’avais connu, dépendait exclusivement de lui. Ou plutôt de l’impression que je lui aurais faite. Moi. Moi seulement. Je savais peu de lui pour me relaxer. Un homme seul, condamné à une captivité pire que la mort, relégué à une vie à moitié, un écrivain solitaire et avec un mauvais caractère... D’après les allusions voilées de ma guide, il s’agissait d’un homme qui profitait de la mise en difficulté des personnes, peut-être qu’il aimait exprimer son désir de vengeance sur les autres, ne pouvant pas s’en prendre à sa seule ennemie: la sorte. Aveugle, bandée, indifférente aux souffrances infligées à droite et à gauche, démocratique en quelque sorte.
Je poussais un soupir profond. Si mon séjour dans cette maison était destiné à être bref, on aurait pu même ne pas déballer les bagages. Je n’avais pas envie de gaspiller le temps.
J’errai dans la chambre, encore stupéfaite. J’hésitai devant le miroir accroché au-dessus de la commode, et je regardai tristement mon visage. Mes cheveux étaient rouges, bien sûr. Je le savais seulement parce que les autres personnes me le disaient, je n’étais pas capable d’en établir la couleur. Je vivais une vie en blanc et noir, prisonnière de moi-même comme Monsieur Mc Laine. Non pas d’un fauteuil roulant, peut-être, toutefois incomplète aussi. Je glissais le doigt sur une brosse en argent, posée sur la commode avec d’autres objets de toilette, un objet exquis, de valeur, mis à ma disposition avec une générosité inégalable.
Les yeux avaient couru vers la grande horloge à mur, et ils me rappelèrent, presque perfidement, le rendez-vous avec le propriétaire de la maison.
Je ne pouvais pas arriver en retard.
Non pas à notre première rencontre.
Peut être le dernier, si je ne réussissais pas... Comme il avait dit Madame Mc Millian? Ah, oui. Lui tenir tête. Un mot pour la princesse des lapins. Mon mot préféré, celui utilisé le plus fréquemment, était pardon, décliné selon les circonstances en pardon ou pardonnez-moi. Tôt ou tard j’aurais demandé pardon d’exister. Je redressai les épaules en un sursaut d’orgueil. J’aurais vendu la peau chèrement. Je me serais gagné le droit, le plaisir, de rester dans celle maison, dans celle chambre, dans ce coin de monde.
Sur le palier, en engageant les escaliers, les épaules devenaient encore voutées, l’esprit à crier, le cœur à galoper. Ma tranquillité été durée... combien? Une minute?
Presque un record.
Chapitre deuxième
Arrivée dans l’entrée, je fus consciente de mon inévitable ignorance. Où il était le bureau? Comment j’aurais pu le trouver, si j’avais réussi à grand-peine à arriver jusqu’à là? Avant de s’affaisser dans la boue du désespoir j’avais été sauvée par l’intervention providentielle de Madame Mc Millian, un sourire ample sur le visage émacié.
“Mademoiselle Bruno, J’étais en train justement de venir à vous appeler...” Elle donna un rapide regarde à la pendule à mur. “Quelle ponctualité! Vous êtes vraiment une perle rare! Vous êtes sûr d’avoir origines italiennes, et non pas suisses?” Elle seulement riait à la boutade.
Je souris poliment, en adaptant le pas au sien, tandis que je remontais les escaliers. Nous dépassâmes la porte de ma chambre de lit, dirigées apparemment au fond du couloir, vers une porte lourde.
Sans arrêter son bavardage aigu, elle frappa légèrement à la porte, trois fois, et l’entrouvrit.
Je restais derrière ses épaules, les jambes tremblantes, tandis qu’elle passait la tête dans la chambre.
“Monsieur Mc Laine... il y a Mademoiselle Bruno”.
“Il était temps. Vous êtes en retard”. La voix sonna rude, grossière.
La gouvernante éclata en de salves de rire, habituée à la mauvaise humeur du propriétaire de la maison.
“Seulement un minute monsieur. Ne pas oubliez qu’elle ne connait pas la maison et elle est encore perdue ici. C’est moi qui l’a faite arriver en retard parce que...”
“Faites-là passer, Millicent”. L’interruption avait été brusque, presque comme un coup de cravache, et je sursautai à la place de l’autre femme que, sans perdre contenance, se tourna à me regarder.
“Monsieur Mc Laine vous attend Mademoiselle Bruno. Entrez, s’il-vous”.
La femme se déplaçait en arrière, en me faisant signe d’entrer. Je lui adressai un dernier regard préoccupé. Elle, pour m’encourager, me chuchota. “Bonne chance”.
Voilà, elle avait produit l’effet contraire. Mon cerveau s’était réduit à une bouillie liquéfiée, sans aucune logique, ou de cognition du temps et de l’espace.
J’hasardai un pas timide à l’intérieur de la chambre. Avant de voir quoi ce soit, j’entendis la voix qu’avant était en train de congédier quelqu’un.
“Tu peux y aller Kyle. A demain. Sois à l’heure s’il te plait. Je ne tolérerais pas d’autres retards”.
Un homme était debout, à quelques centimètres de moi, haut et robuste. Il me regarda et esquissa un salut de la tête, dans son regard un sursaut silencieux d’appréciation tandis qu’il me passait à côté.
“Bonsoir”.
“Bonsoir” j’ai répondu en retour, en le regardant plus longtemps que nécessaire pour procrastiner le moment dans lequel