Caravane. Stephen Goldin

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Caravane - Stephen Goldin

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* * *

      

      La communication fait partie des Trois Piliers de toute civilisation. Les gens et les organisations ne peuvent interagir qu'à travers la communication. Peu ou pas de communication provoque la suspicion, la haine et le conflit. Au fur et à mesure que la communication s'améliore, la peur de l'étranger s'estompe et les interactions deviennent plus calmes, plus faisables...

      A l'époque des Grecs, la politique était régie par un état-cité. Sa taille était déterminée par la distance qu'un homme pouvait parcourir en un jour. Personne n'était à plus d'un jour des événements du moment. On ne faisait pas confiance aux états-cité voisins avec lesquels la communication était moins fréquente.

      Aujourd'hui, on peut communiquer presque instantanément avec le monde entier. Cela nous a permis de développer une civilisation globale. Toutefois, nous avons peut-être été trop loin en créant ce réseau de façon aussi rapide. Tel un élastique trop tendu, le contrecoup sera rapide et douloureux...

      

       Peter Stone

       La Chute du Monde

      

       * * *

      

      En approchant du premier véhicule, Peter fut surpris d'y voir un véhicule blindé, comme ceux transportant jadis l'argent vers les banques. Sa forme rectangulaire se dressait devant lui, impassible. La lumière sur le toit l'aveuglait. Lui, habitué à l'obscurité. Toutefois, il parvint à reconnaître un deuxième véhicule, lui aussi blindé. Les autres voitures n'étaient que des formes floues, dissimulées par les ombres. Peter fut incapable de déterminer combien de voitures il y avait et à quoi elles ressemblaient.

      Une silhouette élancée descendit du deuxième véhicule et s'approcha de lui, près de la portière du premier véhicule. C'était Kudjo Wilson. « Content de te voir , » déclara-t-il en ouvrant la portière du côté passager. « Je vais faire les présentations. »

      Il passa sa tête à l'intérieur du véhicule. « Honon, voici mon homme. Peter. Peter, je te présente l'honorable, le distingué, l'inestimable Israel Baumberg. »

      Une petite lampe brillait à l'intérieur du véhicule et Peter put distinguer l'homme auquel on le présentait. Même assis, Israel Baumberg était un homme grand avec de larges épaules et des bras puissants. Debout, il devait faire au moins 1 mètre 95. Il avait les cheveux raides, noirs et courts. Il avait le visage ridé et buriné, ressemblant plus à du cuir qu'à de la chair. Il était difficile de déterminer sa couleur de peau par cette faible lumière, mais à en juger par ses traits, Peter devina qu'il devait avoir la peau foncée. Un fusil automatique et une mitraillette étaient posées à côté de lui.

      « Bienvenue dans notre caravane, M. Smith. Entrez. » Alors que Peter entrait, l'autre l'examina à travers la faible lumière. « Ou devrais-je dire, M. Stone ? C'est un honneur inattendu. »

      Peter grimaça. Il n'aimait pas être reconnu, trop de gens nourrissaient des sentiments négatifs à son égard. Toutefois, il monta dans le véhicule et s'installa sur le siège passager.

      « Laissez-moi voir votre bras », poursuivit l'homme. « Kudjo m'a dit que vous avez été blessé. » Il examina doucement la blessure. « Eh bien, ça ne m'a pas l'air très grave, mais nous voulons éviter les mauvaises surprises. Nous ferions donc mieux de nous en occuper. Kudjo, tu peux aller voir si Sarah est libre ? Et tant que tu y es, vérifie où en est le dîner. »

      « Compris, Boss », Kudjo sourit avant de remonter la file de voitures pour exécuter les ordres.

      « Kudjo est un homme bien. Vous avez eu de la chance de tomber sur lui. Avant, il était un infiltré de la brigade des stups de la police de St. Louis. On ne pouvait pas trouver meilleur que lui. Quant à moi, mon père était Juif et ma mère Indienne. Je préfère utiliser mon nom Indien, Honon. Cela signifie « ours ». Et ce sera tout à mon sujet pour le moment. Des questions ? »

      « Oui. C'est quoi, tout ça ? »

      « Ceci, » Honon écarta les bras pour désigner les véhicules derrière le sien, « est une caravane, menée par Kudjo et moi. Nous allons d'ici à là-bas. »

      « Je sais où on est ici, mais « là-bas », c'est où ? »

      « C'est une longue histoire et je commencerai dans une minute. Nous sommes partis de San Francisco cette fois et nous avançons vers la côte californienne. Vous avez de la chance d'être tombé sur nous. Nous venions de la route 101 et nous serions passés à côté de cette zone si un séisme n'avait pas détruit la route au sud de Ventura. Nous avons dû rebrousser chemin jusqu'à la route 138 avant de traverser Santa Paula jusqu'à l'autoroute 5, où nous nous trouvons en ce moment. Nous allons probablement camper ici, cette nuit, et nous repartirons demain. »

      A cet instant, une femme passa sa tête par la porte ouverte. Elle semblait avoir la quarantaine, avait les cheveux gris-blonds et un visage plutôt rond. « On m'a dit que quelqu'un avait besoin de soins. » dit-elle à Honon.

      « Oui. Peter, voici le Dr Sarah Finkelstein. Elle prend soin de nous durant ce voyage. Sarah, voici le tristement célèbre Peter Stone. »

      Peter soupira lors de la présentation. Le médecin le regarda de haut en bas. « Bien, bien, bien. L'homme qui avait raison. Cela vous console d'une quelconque façon ? »

      « Pas du tout. »

      « Je suppose que non. Eh bien, voyons ça. » Elle examina sa blessure. « Votre vaccin contre le tétanos est à jour ? » demanda-t-elle.

      « Je n'en ai pas fait depuis des années. »

      « C'était une question idiote, je sais, mais les vieilles habitudes ont la tête dure. Je ne vous en ferai pas non plus, je suis à court de vaccin. Mais ça ne m'a pas l'air trop grave. Je vais nettoyer et bander votre blessure. Vous survivrez. Prochaine question, et ça va vous sembler un peu personne, mais c'est nécessaire. Avez-vous une quelconque maladie vénérienne ? »

      Peter fut surpris par cette franchise, mais il répondit que non. « Bien », déclara-t-elle. « Nous devons garder un groupe sain. » Sans plus d'explications, elle s'occupa de son bras en silence, de façon efficace, puis elle laissa Peter et Honon seuls.

      « Avant de commencer mon histoire », dit Honon « Vous devez connaître certains faits. Vous connaissez sûrement les avancées en matière de cryogénisation et d'animation suspendue. »

      Peter hocha la tête. « J'en ai parlé dans mon livre. »

      « Oui, c'est vrai. Excusez-moi, j'avais oublié. Cela fait un moment que je ne l'ai pas relu. Si je me souviens bien, vous n'en faisiez aucunement l'éloge. »

      « C'était un effort gâché, une tentative futile d'atteindre l'immortalité. Quel avantage pourrait-il y avoir à congeler quelqu'un pour le réveiller cinquante ans plus tard, alors que tout portait à croire que le monde aurait du mal à subvenir aux besoins des quelques personnes restantes ? Les gens du passé seraient totalement désarmés dans un nouveau monde régi par la famine, la sécheresse, la guerre et la maladie. L'argent et les connaissances utilisés pour ces recherches auraient pu

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