Une Loi de Reines . Морган Райс

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Une Loi de Reines  - Морган Райс L'anneau Du Sorcier

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style="font-size:15px;">      Il hocha la tête à son tour.

      – Les chefs sont toujours contraints de prendre des décisions difficiles, dit-il. Maintenant, c’est votre tour. Vous pouvez rester avec nous, mais votre navire nous tuerait tous. Nous vous invitons sur la terre ferme, mais votre navire ne peut pas rester. Vous allez devoir le brûler. C’est à cette condition que nous accepterons votre séjour parmi nous.

      Le cœur de Gwen manqua un battement. Elle balaya du regard le navire qui les avait emportés jusqu’ici et qui lui avait permis de sauver son peuple. Des émotions contradictoires la traversèrent. Ce navire était leur seul moyen de repartir.

      Mais vers où ? Vers l’océan, un voyage interminable qui se terminerait dans la mort ? Son peuple pouvait à peine marcher. Ils avaient besoin de repos. Ils avaient besoin d’un refuge. S’il fallait pour cela brûler le navire, très bien. Ils pourraient toujours en trouver un autre, ou en construire un autre, s’ils décidaient de reprendre la mer. Ils trouveraient un moyen. Pour le moment, le plus important était de survivre. C’était tout ce qui importait.

      Gwendolyn hocha gravement la tête.

      – Qu’il en soit ainsi, dit-elle.

      Bokbu hocha la tête avec respect. Il donna les ordres par-dessus son épaule et ses hommes s’exécutèrent. Ils se déployèrent autour du navire pour aider les membres de l’équipage à descendre sur la plage. Gwen attendit de voir passer devant elle tous ceux qu’elle aimait : Godfrey, Kendrick, Brandt, Atme, Aberthol, Illepra, Sandara…

      Elle attendit que la dernière personne descende et demeura seule sur le pont, en compagnie de Krohn et du chef.

      Bokbu tenait dans sa main une torche enflammée, que venait de lui donner l’un de ses hommes. Il approcha les flammes du bateau.

      – Non, dit Gwen en lui saisissant le poignet.

      Il lui adressa un regard surpris.

      – Un souverain doit détruire ce qui est à lui, dit-elle.

      Elle lui prit maladroitement la torche des mains et, en chassant une larme, l’approcha des voiles.

      Les flammes se répandirent comme une traînée de poudre, jusqu’à submerger le navire.

      Gwen lâcha la torche, balayée par une vague de chaleur. Elle fit volte-face et, Krohn et Bokbu sur ses talons, descendit le long de la passerelle, en direction de la plage, de son nouveau foyer, le dernier endroit qui leur restait en ce monde.

      Des bruits étranges d’animaux et d’oiseaux se faisaient entendre. Gwen put seulement se demander :

      Serons-nous jamais à la maison ici ?

      CHAPITRE CINQ

      Alistair était agenouillée sur la pierre et le froid faisait trembler ses genoux. Elle leva les yeux vers les premières lueurs de l’aube qui perçaient au-dessus des Isles Méridionales, illuminant les montagnes et les vallées. Ses mains tremblaient, enchaînées au billot. Elle posa son cou là où bien d’autres avaient perdu leurs têtes. Des traces de sang maculaient le bois. Ça et là, des échardes laissaient deviner l’endroit où les haches s’étaient abattues. En posant la joue contre le billot, elle devina la tragique énergie du bois, devina les émotions, les sentiments de tous ceux qui étaient passés par là avant elle. Son cœur se serra.

      Alistair leva fièrement les yeux vers le ciel, pour regarder une dernière fois le soleil perçant l’aube. Plus jamais elle n’aurait l’occasion de le contempler. Le spectacle semblait soudain plus précieux et plus beau que jamais auparavant. Une brise balayait le petit matin. Les Isles Méridionales étaient probablement le plus bel endroit qu’elle ait jamais vu : les arbres se paraient ici de gerbes de fleurs oranges, rouges, roses et mauves et certains arboraient déjà des fruits ronds. Des oiseaux violets, de grosses abeilles butinaient ça et là, en suivant la délicieuse fragrance des fleurs. La brume jetait sur la scène un voile mystérieux. Alistair n’avait jamais ressenti un attachement si fort à un pays. C’était un pays où elle aurait été heureuse de vivre pour toujours.

      Des bruits de bottes frappant la pierre se firent entendre. Bowyer s’approchait. Il la toisa, armé de son énorme hache à deux lames, et fronça les sourcils.

      Derrière lui, Alistair aperçut les insulaires, par centaines, bien alignés, fidèles à Bowyer. Ils formaient un large cercle autour d’elle, dans cette grande place. Ils restaient cependant à distance : personne ne voulait recevoir accidentellement une gerbe de sang.

      Bowyer retournait nerveusement la hache entre ses mains, visiblement pressé de faire ce qu’il avait à faire. L’expression de son regard laissait entendre combien il voulait devenir Roi.

      Alistair se satisfaisait d’une chose : quoique injuste, son sacrifice permettrait à Erec d’avoir la vie sauve. C’était plus important pour elle que tout le reste.

      Bowyer se pencha et murmura à son oreille, assez bas pour que nul autre ne puisse l’entendre :

      – Sois certaine que tu mourras rapidement, dit-il en soufflant son haleine fétide sur Alistair. Tout comme Erec.

      Alistair leva vers lui un regard alarmé et décontenancé.

      Il sourit – d’un petit sourire qui n’était réservé qu’à Alistair.

      – Tu m’as bien entendu, murmura-t-il. Ce ne sera peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas dans quelques lunes. Mais, un jour, quand il s’y attendra le moins, ton mari recevra mon couteau dans le dos. Je veux que tu le saches, avant que je ne t’envoie en enfer.

      Bowyer fit quelques pas vers l’arrière pour prendre son élan, en resserrant sa prise sur le manche de sa hache. Il fit craquer les os de sa nuque, prêt à abattre sa lame.

      Le cœur de Alistair se mit à battre à tout rompre contre sa poitrine. Elle réalisait enfin combien cet homme était malveillant. Il n’était pas seulement ambitieux, il était également un lâche et un menteur.

      – Libèrez-la ! cria soudain une voix qui perça le silence matinal.

      Alistair tourna la tête. Au milieu du chaos, elle vit émerger de la foule deux silhouettes, avant que les gardes de Bowyer ne les arrêtent avec leurs sales pattes. Au grand soulagement de Alistair, c’étaient la mère et la sœur de Erec. Elles semblaient hors d’elles.

      – Elle est innocente ! s’écria la mère de Erec. Tu ne dois pas la tuer !

      – Vous tueriez une pauvre femme !? renchérit Dauphine. C’est une étrangère. Laissez-la partir. Renvoyez-la d’où elle vient. Nous n’avons pas besoin de la mêler à nos histoires.

      Bowyer lui répondit d’une voix tonnante :

      – Une étrangère qui conspirait pour devenir notre Reine. Pour tuer notre précédent Roi.

      – Menteur ! cria la mère de Erec. Vous n’avez pas voulu boire dans la fontaine de vérité !

      Bowyer balaya du regard les visages dans la foule.

      – Y a-t-il ici quelqu’un qui souhaite me contredire ? hurla-t-il en les toisant d’un air de défi.

      Alistair leva des yeux pleins d’espoir,

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