La Pire Espèce. Chiara Zaccardi
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Le livre
Ils ont 17 ans, vivent à Cles, petite ville tranquille de la Californie, et fréquentent un coûteux lycée privé. La vie de sept adolescents semble ressembler à celle de beaucoup d`autres. En réalité, il y a plus que ça: ils sont les plus voyous, les plus rebelles, les plus indisciplinés.
Leur turbulence risque de les faire renvoyer et les contraint à suivre le soir un cours de rééducation. Mais, la nuit, entre les murs de la Kennedy High School, se passe quelque chose, et le lieu que les jeunes ont toujours considéré familier et sûr se transforme en cauchemar. Séquestrés et torturés, ils réussissent à fuir, mais... Une narration palpitante, dans un va-et-vient de coups de théâtre, qui nous tient en haleine. Et puis, une fin surprenante qui renverse tout. Un texte qui raconte comment se comportent les nouvelles générations et qui révèle de manière allégorique comment la société tend à marginaliser les adolescents, à les conditionner aux biens superflus, leur enlevant l’essentiel et aussi la capacité à distinguer le bien et le mal, pour qu’ils finissent par ressembler en tous points aux adultes.
L’auteur
Chiara Zaccardi, promotion 1986, est née et vit à Parme. En Italie elle a publié aux Editions Noubs le roman d’horreur “ I peggiori ” et la nouvelle “ Occasion ” dans l`anthologie “ Limite acque sicure ”. Est parue aux Editions Arpanet, la nouvelle “ Parma, ore 3 ” dans l’anthologie “ E tutti lavorammo a stento ”. Une autre nouvelle, “ I gioccatoli siamo noi ”est arrivé parmi les cinq finalistes du Premio Grado Giallo crée par la ville de Grado en collaboration avec le Giallo Mondadori (2012).
Chiara Zaccardi
LA PIRE ESPÈCE
Traduction de Emma Guerry
LE CHOIX
MERCREDI 13 MARS.
HIGHWAY 22, À 15 MILLES DE CLES, CALIFORNIE.
“ … Aucun accord, aucune concession, aucune paix, cette fois-ci nous le faisons sérieusement ”
Adolf Hitler
La fourgonnette, toute flambant neuve et achetée avec de faux documents, roule rapidement sur l’autoroute qui mène hors de la ville et hors du pays. La radio, une des seules options qu’il ait acceptée, transmet en musique de fond une version acerbe de Tainted love. Les paroles lui plaisent. Elles parlent de maladie, de putréfaction. De rédemption.
La voix parasite du dj au micro interrompt la chanson, déferlant une onde d’agacement, qui se transforme, comme d’habitude, en un fourmillement d’excitation dans ses doigts. Il le ressent et le laisse l’envahir. Il ne se préoccupe même pas de changer de station. Il sait que ce n’est pas nécessaire. Bientôt, il pourra laisser libre cours à ses émotions les plus enfouies, complètement et pleinement. Mieux encore, il veut sentir l’excitation et la tension dans tout le corps, pour qu’ensuite la libération soit totale. Il s’apprête à éteindre et à se concentrer sur lui-même, lorsqu’involontairement, il prête attention aux paroles qui s’échappent de l’appareil :
“ Tu es fatigué des soirées de défonce ? Tu veux vivre les expériences les plus extrêmes de ta ville ? Alors, visite le site Rebellioncity.com et partage avec nous tes meilleurs vidéos amateurs ”annonce une publicité “ Because the life must to be strong ! ”
S’ensuit un refrain en fond sonore et une voix souligne, qu’en dehors de la monotonie habituelle, il existe quelque chose de mieux.
C’est surtout un truc pour les gens qui ont perdu la tête.
Le mot de la fin, hurlé sur un refrain rock, laisse place au spot suivant.
Rebellion.
Une idée intéressante. C’est exactement ce qu’il lui faut. Et c’est le moment idéal pour faire une pause dans son voyage, qui s’annonçe compliqué et fatiguant.
Il s’arrête à la première station-service équipée de postes internet, prend un café long et s’installe devant un ordinateur.
Il entre sur la page d’accueil dudit site et lance les dernières vidéos en ligne, sans le son.
Il comprend rapidement que ce n’est pas ce qu’il cherche : il s’agit pour la plupart d’imbéciles qui se la jouent skaters et de petits putains en topless sur la plage. Il s’attendait à mieux.
Et il le trouve.
En bas du menu, apparaît un lien clignotant, avec un seul mot. “ Agressives ”. Il clique dessus et s’ouvre une nouvelle fenêtre. Les vidéos ont là aussi des ambiances diverses, mais le spectacle est tout à fait différent.
Il les visionne toutes. Toutes d’une faible qualité numérique, toutes tournées avec les portables. Toutes sur un excellent sujet.
Finalement, il en sélectionne quelques-unes.
Vidéo numéro 38, postée à 08 : 25.
« Cette robe est canon, il faut absolument que je me trouve la même » .
Une voix féminine. Une contre-plongée d’une fille devant le miroir des toilettes.
« Tu ne trouveras jamais la même que moi, c’était la dernière au magasin ! »
Cri derrière la porte, voix très excitées, grognements.
« Qu’est-ce qu’il s’est passé bordel ? ! »
La caméra du portable saute au rythme des pas précipités, la porte des toilettes s’ouvre et l’on découvre le couloir d’une école.
« … Je prendrai moi-même ce qui me revient ! » hurle une voix masculine.
La caméra se déplace, cadre le fond du couloir et s’approche. Un grand gamin avec un tatouage au poignet donne un coup de poing à un autre, rouge et rondelet.
« Fils de… ! »
Le rondelet se jette sur le grand type, ils se battent, un troisième se met entre eux pour calmer le jeu. Tout se termine en peu de temps.
« Oh, toujours la même histoire… » reprend la voix féminine. « Quelle bande d’idiots… Partons de là. Ils ne méritent pas d’être filmés » .
Il remet en arrière la barre de défilement. Repartent les dernières secondes de la vidéo. La bagarre calmée, le grand type se relève. Un mouvement rapide, légèrement non coordonné.
Stop. En arrière. En avant.
Oui.
Le type se relève et, furtivement, vole le portefeuille au rondelet.
Un seul geste, sûr.
Un sourire lui échappe.
Vidéo numéro 49, postée à 17 : 23.
Le cortège se déplace lentement, les drapeaux flottent, les banderoles avancent.