La Pire Espèce. Chiara Zaccardi

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La Pire Espèce - Chiara Zaccardi

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en face du lavabo : ouais, il est en train de devenir un vrai drogué ? Pour compléter cette scène digne d’un film, ce serait génial si, à ce moment-là, une superbe fille faisait irruption dans la salle de bain pour l’implorer de la prendre, elle, plutôt que la drogue.

      En réalité, étant donné que la porte est fermée à clé, plus qu’une fille, il s’agirait plutôt de la Femme-Canon... Il retient difficilement un rire qui risquerait de faire voler la poudre dans tous les coins de la pièce.

      « Mais, qu’est-ce que j’en ai à foutre » pense-t-il. « Je suis jeune et je n’ai besoin de personne. C’est pas ça qui va me tuer » .

      Il porte la paille-billet de banque à son nez, l’approche de la ligne, puis il aspire fortement, en suivant la trace.

      L’effet est instantané, explosif, hallucinant, douloureux, pénible, paradisiaque. C’est comme un choc, une bombe en plein dans le cerveau et dans le coeur. Il a envie de tousser, car il n’est pas encore habitué à la poudre, mais il se retient de le faire pour conserver intact l’effet.

      Il reste immobile un instant, puis vérifie son état dans le miroir pour être sûr de ne pas être explosé pour avoir semé de la matière cérébrale dans toute la salle de bain. Non, vu de l’extérieur, tout est ok. Juste les yeux sont un peu étranges, l’air presque stupéfait, mais il n’y a pas de quoi s’étonner, parce que, lui aussi, est vraiment stupéfait.

      Soudain, il se sent plein d’énergie.

      Indestructible, invincible.

      Il est prêt à exploser.

      « Au diable les emmerdes, cette soirée est en train de devenir fantastique » pense-t-il, en souriant à son image reflétée. Il se lève du siège et se balance un instant sur ses jambes, en proie à une ineptie momentanée. Il cligne les paupières, retrouve l’équilibre et prend le matériel utilisé pour sniffer, plus le reste de la cocaïne, puis cache le tout dans un endroit restreint du réservoir des wc. Ça aussi, il l’a vu faire dans un film, mais bien sûr il ne se rappelle pas lequel. Alors qu’il enfile ses chaussures, il se demande distraitement s’il existe une drogue capable d’augmenter la mémoire. Il devra se renseigner.

      Il sort de la chambre et trouve sa mère étendue sur le canapé du salon, en robe de chambre : elle regarde la télévision les yeux mi-clos et elle a posé une bouteille de gin sur le tapis.

      « Je sors » lui dit-il et, en passant à côté d’elle, il flaire la puanteur familière d’alcool.

      « Chaluutrésorrr... » sa mère agite le bras. « ... Dis bonjour pour moi à ta p’tite amie... » ajoute-t-elle, avec un petit rire qui lui provoqua une série de petits rots.

      « Dégoûtante » se dit Lake en rejoignant la porte d’entrée. « Mais elle non plus ne réussira pas à gâcher ma nouvelle humeur. « Pas maintenant » .

      La porte se referme derrière lui et il arrête de penser.

      Il prend une des voitures de son père dans le garage, il contourne le Garden Park, il s’engage sur Artists Boulevard et se dirige hors de la ville, au Luxuria Palace, le club le plus branché des environs. Il est principalement fréquenté par des jeunes de son âge et des militaires de passage, donc il est quasiment sûr de ne pas y rencontrer la blonde, parce que les jeunes de l’université préfèrent aller dans des endroits plus reculés et, souvent, dans un but précis, pour un concert ou une rave, après avoir passé la semaine dans les confréries ou dans une propriété. Pour l’instant, il serait incapable de mettre en place un plan drague : il veut une approche expéditive et sans règles, avec des personnes inconnues qu’idéalement il ne reverra plus.

      Il se gare devant la boîte, il montre la fausse carte d’identité que Rich lui a préparée, il franchit l’entrée tenue par les deux videurs, il traverse le couloir sombre en suivant la musique de plus en plus forte et déboule dans la salle principale, au moment où passe à fond Out of control des Chemical Brothers. Il regarde autour de lui : la boîte est moyennement bondée et en trente secondes il classe les filles présentes dans ses trois catégories habituelles. Soixante pour cent représentent les “ intouchables ”, c’est-à-dire celles qu’il ne pourrait pas se faire, même avec une dose d’héroïne dans le sang ; trente-cinq pour cent sont à classer dans la catégorie des “ normales ”, à savoir fades mais baisables en s’aidant de quelques verres d’alcool ; les cinq pour cent restants sont nommés les “ tops ”, celles qui sont vraiment bien et surtout qui ne sont pas déjà accompagnées. Il ne veut pas avoir d’ennuis. Outre l’identification des filles, son calcul lui permet de rester bien en vue le temps nécessaire pour faire remarquer son arrivée auprès de la gent féminine.

      Il sourit. Il a de belles perspectives pour la nuit et il est tout excité.

      Tout en restant proche de la piste, il fait un tour rapide de la salle et rejoint le bar pour commander une vodka citron. Il ne connaît pas l’effet combiné de la drogue et de l’alcool, mais il ne prend pas la peine de s’en inquiéter. Les avoir dans le corps tous les deux sera un truc de fou.

      « Salut chéri ! » s’exclame une fille en s’accoudant au comptoir, à côté de lui.

      Lake se retourne : il y a une brune avec un corps de rêve moulé dans une mini-jupe blanche, et elle fait partie de la dernière catégorie de son classement. Incroyable.

      « C’est la première fois que tu viens ici ? Je ne t’ai jamais vu dans le coin » elle l’observe de ses yeux noisette dissimulés par de longs cils.

      « Plus ou moins... » Lake reste vague. Ce n’est pas la conversation qui l’intéresse. « Je peux t’offrir un verre ? »

      « Volontiers » .

      Lake commande un cocktail au barman, puis revient vers elle : « Moi non plus, je ne t’avais jamais vu avant. Et c’est vraiment dommage... »

      « Ah oui ? Pourquoi ? » la fille sourit, s’attendant à un compliment.

      « Parce que ça veut dire que, jusqu’à maintenant, j’ai manqué un beau spectacle » .

      La brune est sur le point de dire quelque chose, mais il ne lui en laisse pas le temps : il la tire vers lui et lui enfile la langue dans la bouche. Elle ne se retire pas. Elle lui rend son baiser.

      « Comment tu t’appelles ? » demande Lake, déjà confiant pour son prochain objectif.

      « Sisely. Et toi ? » la fille sourit, en lui mettant les bras autour du cou.

      « Lake » .

      « Okay Lake, que dis-tu de commander une bouteille de ce fantastique champagne qu’ils vendent ici pour fêter notre rencontre ? » la brune met un doigt dans le verre d’un des cocktails et puis se le passe sur les lèvres.

      Lake sourit, l’embrasse à nouveau et puis hoche la tête : « Oui, avec le champagne, tu seras encore plus belle » il appelle à nouveau le barman et, pendant ce temps, Sisely trempe le doigt dans le cocktail, le fait glisser dans le cou du garçon et puis le lèche le long de sa gorge. Lake paie la bouteille alors que la fille trifouille déjà sa chemise. Mon Dieu, il est tombé dans un endroit fabuleux.

      « Ça te dirait de le boire ailleurs ? » Sisely acquiesce et prend Lake par la main.

      Depuis les enceintes réparties dans toute

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