La Pire Espèce. Chiara Zaccardi
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« Nous deux c’est terminé. N’essaie plus de me retrouver » .
Elle tente de se libérer de lui pour clore la question et s’en aller, mais il l’en empêche : il attrappe ses épaules, l’adossant sur le côté de la voiture, et sort un couteau de son manteau.
« Maintenant, on va faire un tour, tu verras tu changeras d’avis » il la tient fermement et sort la lame, lui pointant entre les seins. « Et ne fais pas d’histoires sinon je risque de perdre patience » .
Keira se mord les lèvres : quelle belle discussion.
Josh, qui a observé toute la scène, écarquille les yeux à la vue du couteau, réouvre la porte et se met à hurler : « Laisse ma soeur tranquille ! Laisse-la tranquille ! »
« Josh, retourne tout de suite dans la maison, bon Dieu ! » s’exclame Keira en retour.
« Oh, quelle scène émouvante, le fiston qui veut jouer les héros » Evan ricane et saisit Keira au cou. « Tu ne veux pas que je règle son compte à ton gentil petit frère, pas vrai ? » demande-t-il.
Keira jette un coup d’oeil à Josh : il est sur le pas de la porte, une main agrippée à la poignée, pris entre l’envie d’intervenir pour l’aider et la peur qui se lit sur ses grands yeux clairs.
Merde.
Ça ne doit pas arriver maintenant, pas devant lui. Il ne doit pas assister à des scènes comme ça.
Si elle était seule, elle aurait tenté n’importe quelle manoeuvre, mais avec son frère au milieu, elle ne veut prendre aucun risque. Rien qu’à l’idée qu’Evan puisse lui faire du mal, elle frémit de rage.
« Non, c’est vrai. Il n’a rien à voir avec tout ça » répondit-elle.
« Bien. Alors, monte et n’essaie pas de me baiser » lui tenant toujours le bras, Evan la conduit vers l’autre côté du véhicule. Il ouvre la portière côté passager.
« Keira, où tu vas ? ! » la voix grinçante et angoissée de Josk parvient jusqu’à elle.
« Ne t’en fais pas, je reviens tout de suite. Toi, mange et fais tes devoirs » Keira maintient un ton catégorique dans sa voix.
« Tu ne... Tu ne peux pas aller avec lui... »
« J’en ai pas pour longtemps. Sois tranquille, okay ? »
Evan la pousse à l’intérieur et referme la portière. Puis, le couteau pointé en direction de Josh, en guise d’avertissement, il passe devant le capot et prend place au volant.
La Camaro démarre et part en trombe, faisant vrombir le moteur.
Depuis le rétroviseur, Keira voit Josh courir dans la rue et les regarder disparaître au loin.
Bien. Au moins, maintenant, ça se joue entre eux deux.
Elle lorgne Evan du coin de l’oeil : il conduit vite et a toujours le couteau dans sa main.
Elle respire à fond. Elle a vu pire. Elle sortira aussi de cette situation absurde. Car, comme le dit sa mère, tout n’est qu’un concours de circonstances : un petit geste, au moment opportun, peut tout changer. De plus, bien qu’effrayant et enclin au sadisme, Evan reste toujours un crétin. Un détail qui a son importance quand tu dois t’en libérer.
Keira se tourne et cette fois, elle le regarde sans se cacher : il a les doigts blancs à force de serrer le volant, et ses narines se dilatent à chaque respiration. Il est nerveux et prêt à exploser. Elle doit faire baisser la pression.
Elle change de ton, elle s’adoucit : « C’est bon, peut-être que tu as raison. J’admets t’avoir menti » .
« Sur quoi ? »
« Je t’ai dis que je ne voulais plus te voir, mais tu sais que ce n’est pas la vérité » .
« Ah, donc ça t’amuse de te faire poursuivre dans toute cette putain de ville ? » Evan la foudroie du regard et fait une embardée dans le virage.
« Oh, ça me plaît beaucoup quand tu me poursuis » le provoque-t-elle.
« Ne joue pas à la conne » .
« Tu as été méchant avec moi la dernière fois. Je devais savoir si tu tenais vraiment à moi » .
Elle doit se forcer pour cracher cette ineptie sans montrer le profond dégoût qu’elle éprouve. La dernière fois qu’ils se sont vus, Evan était saoul au point de demander une fellation dans les toilettes crasseuses d’une station-service et, après s’être vu refusé une telle pratique, il lui a donné un coup de poing dans le ventre. Keira l’a laissé au beau milieu de l’aire de stationnement et n’a plus jamais répondu à ses appels.
Mais l’indifférence, maintenant elle s’en rend compte, n’a pas été une solution suffisante.
« Ce ne sont que des conneries ! Je t’ai envoyé une centaine de messages pour te demander pardon, tu ne les as pas lus ? » Evan donne un coup de poing sur le volant.
Non, elle ne les a pas lus. Mais la vérité dans ce genre de situation ne serait pas d’une grande aide.
« Oui, c’est vrai, ils étaient très gentils. Tu sais être gentil » .
« Bien sûr, si tu ne me fais pas trop chier » .
« Je n’aime pas me disputer avec toi. Ça me rend mal, tu sais » .
« Justement, on ne doit pas se disputer » Evan place le couteau dans la main avec laquelle il tient le volant, et avec celle restée libre lui caresse une cuisse. Ça marche. Heureusement qu’elle a mis un jean.
« Non, on ne doit pas » Keira se penche pour susurrer à son oreille. « Au contraire, nous devrions faire la paix » .
« Oui. C’est comme ça que tu me plais » il change de route, et Keira comprend où il est en train de se diriger. « Docile, cochonne, et prête à me satisfaire » il ouvre son pantalon, il lui prend une main et l’introduit dans son caleçon.
Ce n’est pas le bon moment. Ce n’est pas le bon moment pour lui écraser les testicules et les lui faire bouffer. Elle doit avant tout écarter le couteau, car elle sait combien Evan peut être rapide s’il se sent menacé.
Elle prie pour qu’ils arrivent enfin où elle pense, et par chance cela arrive comme prévu. Evan a presque vingt-huit ans, et pourtant il vit encore chez ses parents, donc lorsqu’ils veulent “ être seuls ”ils vont dans un hangar désaffecté de l’aéroport auquel le père a accès car il travaille ici comme ouvrier. Au début, le poste lui plaisait : il rassemble les vieux avions en panne qui peuvent être exploitables, et les bagages égarés des passagers qui ne sont jamais venus les réclamer. Il devrait devenir le musée aéronautique de la ville, mais le projet n’a pas encore été lancé. Plusieurs fois, dans le dos d’Evan, Keira a amené ici Lake Pierce, pour fumer un joint sur les ailes d’un DC-3 et s’imaginer pouvoir partir vers des horizons inconnus. Durant l’une de leurs expéditions, Lake a même