La Pire Espèce. Chiara Zaccardi
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La chambre est plongée dans la pénombre. Les rideaux tirés empêchent le soleil d’entrer, mais l’atmosphère est tout aussi bouillante.
Il y a un problème. C’est la troisième fois qu’il couche avec cette fille, une blonde plantureuse, un peu plastifiée, de celles toujours partantes pour baiser, et dont il ne se souvient absolument pas du nom, sans doute parce qu’elle ressemble à beaucoup d’autres. Belinda ? Molly ? Monica ? Merde. Il a l’impression d’avoir le cerveau en bouillie, en plus des parties basses.
Ça lui arrive souvent d’oublier le nom d’une nana. L’astuce est de ne pas se faire prendre, car les femmes aiment se sentir importantes, se sentir uniques, se sentir aimées et inoubliables et vénérées. Quel ramassis de conneries. Comme si elles avaient toutes ce que lui recherche.
Il opte pour sa solution habituelle : il continuera à l’appeler “ chérie ”, et puis il essaiera de savoir son nom à l’école ou en dehors, probablement par un autre qui se l’est faite.
« Lake… Lake, je sens que je vais jouir… » halète la blonde, à cheval sur lui.
Lake Pierce la regarde, et décide que c’est le moment de s’investir.
« Okay, chérie » dit-il. « Je m’en occupe » il se relève, la prend par les épaules et l’incline vers le bas, pour alterner les positions. Ils s’embrassent, tout en augmentant le rythme.
Keira serait dégoûtée de savoir qu’il est en train de baiser une inconnue. Elle le traiterait de porc. Keira est le seul nom qu’il ne peut pas oublier s’il ne veut pas perdre ses couilles.
Elle est courageuse, Keira. Un peu agressive, mais courageuse.
« T’es incroyable, chéri ! » murmure la blonde, se détachant momentanément de ses lèvres.
« Tu l’es toi aussi baby… » répondit-il de manière automatique.
Putain, il doit se concentrer !
Il regarde les seins énormes qui dansent sous lui, au rythme des vas-et-vient, et accélère. La fille s’accroche à son dos avec ses jambes et lui plante les ongles dans les bras, gémissant fort. Le lit commence à danser avec eux et la tête de lit se met à battre de manière répétée contre le mur.
Ils s’embrassent à nouveau et Lake ferme les yeux. Les pensées se brouillent et puis s’évanouissent dans un enchevêtrement confus de sensations... Il aime, là, il aime vraiment et il en faut peu, il est en train d’atteindre l’orgasme, il est en train de...
« LAAKE, MON PETIT ! » une voix, derrière la porte, l’appelle et l’instant d’après la lumière de l’après-midi inonde la chambre « Tu n’aurais pas, par hasard, un de ces… »
Madame Pierce entre et remarque que son fils est au lit. Nu. Sur une fille. Nue, elle aussi.
« … Petits chocolats à la liqueur ? » finit-elle.
Les deux se figent et se tournent vers elle.
« Oh, désooléée ! » chuchote-t-elle, en gloussant.
« MAMAN ! » Lake se retire de la blonde et tire vers lui un morceau de drap chiffonné. « CASSE-TOI D’ICI ! » hurle-t-il.
« Je cherchais seulement une de ces petites douceurs… »
« PUTAIN, SORS D’ICI ! » le garçon attrape un coussin rouge feu et le lance vers la porte. La mère la referme rapidement, puis le coussin atteint la porte close, pour finalement terminer sa course sur le sol.
« Vas te faire foutre » .
Il se passe les mains dans les cheveux, exaspéré. La blonde esquisse un demi-sourire et, sans se couvrir, prend une cigarette dans la table de chevet. « Ta petite maman a un sens parfait de l’opportunité » commente-t-elle.
« Je vais prendre une douche » Lake laisse tomber le drap et se met debout.
« Si tu veux, on peut continuer. Je me trompe ou tu n’as pas conclu ? »
« L’envie m’est passée » dit-il. « Et avec tes putains de questions, c’est sûr, elle ne va pas revenir » pense-t-il avec irritation.
Dans la salle de bains, il tourne le robinet d’eau froide et se met sous le jet pour que l’eau lui arrive directement sur le visage. Il tente de se calmer. Tôt ou tard, il faudra qu’il se décide à résoudre cette affaire, car là, c’est arrivé à un point où il ne peut même plus tirer un petit coup tranquille. Il se tourne encore et encore dans la douche, se laissant masser par l’eau afin de se relaxer. Lui viennent en tête uniquement des idées violentes et irréalisables.
Après dix minutes, il en a assez. Il sort, il se sèche et pose les mains sur le lavabo, en se regardant dans la glace. Il sait qu’il serait le seul à essayer d’obtenir quelque chose de bon, mais ce n’est pas juste, car, au fond, ce n’est pas lui le chef de famille. Lui, il est jeune et veut s’amuser. Mais, dans ces conditions, c’est impossible. Tout est tellement morne.
« Ehi, chéri » la blonde entre dans la salle de bains et l’enlace par-derrière. Elle s’est rhabillée.
« C’était quand même génial, tu sais ? Et, pour te remercier, je t’ai laissé un cadeau... »
Elle l’embrasse sur la joue, puis le regarde dans la glace.
« ... Mais, maintenant, je dois filer, parce que j’ai un cours. On se voit sur le campus, okay ? »
Lake lève un sourcil. Sur le campus ?
« Oui... Bien sûr... » fait-il, peu convaincu.
« Et, ne t’en fais pas, on se rattrapera la prochaine fois ! »
« Mais oui... » Lake l’observe prendre son sac et s’en aller.
Quel campus ? Lui, il n’a jamais été à l’université... Il doit encore terminer le lycée... Quel âge a cette nana ? Et, détail encore plus important, à qui pourra-t-il demander son nom si elle ne fréquente pas son école ?
Cette chose l’intrigue. Qui sait, si ça se trouve, dans cette université paradisiaque, elles se donnent toutes aussi facilement ? La nana avait l’air de croire que, lui aussi, la fréquentait... Donc s’infiltrer doit être plutôt facile... Il essaie d’observer son image d’un point de vue extérieur et de voir s’il fait vingt ans. Il a les cheveux châtains, coupés courts, les yeux verts et un joli nez droit. Sa silhouette est mince et, même s’il ne pratique pas une activité régulière, à part le sexe, faire du surf à l’océan lui permet de se maintenir.
« Mais oui. Si je me sape bien, je peux même en faire vingt-deux » se réjouit-il.
Maintenant, il ne lui reste plus qu’à se souvenir de ce qu’il a raconté à la blonde. Ce qu’il a raconté comme mensonge, évidemment. Car, pour accoster ses amies, il doit s’assurer que l’histoire soit crédible, qu’elle tienne debout. Se contredire signifierait donner une mauvaise image et perdre toute occasion.
« Qu’est-ce que Keira m’avait conseillé de manger pour la mémoire ? » se demande-t-il.