Une Mer De Boucliers . Морган Райс

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Une Mer De Boucliers  - Морган Райс L'anneau Du Sorcier

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      Stara le toisa. Elle ne voulait rien entendre.

      — Reece m’aime depuis plus longtemps que cette nouvelle fille.

      Matus ne se radoucit pas.

      — Et les plans mis en place pour la sauvegarde du royaume ? Tu réalises qu’il ne s’agit pas seulement d’un mariage ? C’est un théâtre politique. Un spectacle pour le peuple. Gwendolyn est Reine et il s’agit de son mariage aussi. Le royaume tout entier et les terres lointaines vont s’y intéresser. Que se passera-t-il quand Reece annulera ses noces ? Tu penses que la Reine l’acceptera ? Et les MacGils ? Tu vas jeter le royaume dans le chaos. Tu vas les monter contre nous. Ton amour vaut-il tout cela ?

      Stara lui renvoya un regard dur.

      — Notre amour est plus fort que n’importe quelle mise en scène. N’importe quel royaume. Tu ne comprendrais pas. Tu n’as jamais aimé comme nous nous aimons.

      Cette fois, ce fut au tour de Matus de s’empourprer. Il secoua la tête d’un air furieux.

      — Tu commets une terrible erreur, dit-il. Et Reece aussi. Vous allez tout entraîner dans votre chute, avec votre décision puérile et égoïste. Votre amour d’enfant aurait dû rester dans le passé.

      Il poussa un soupir exaspéré.

      — Tu vas écrire une missive et envoyer le premier faucon venu la porter à Reece. Tu vas lui dire que tu as changé d’avis. Tu vas lui conseiller d’épouser cette fille. Qui qu’elle soit.

      Stara sentit une colère sourde monter en elle, plus violente que jamais auparavant.

      — Tu oublies ta position, dit-elle. Ne me donne pas de conseil. Tu n’es pas mon père. Tu es mon frère. Parle-moi encore de cette façon et tout sera fini entre nous.

      Matus eut l’air stupéfait. Stara ne lui avait jamais parlé ainsi. Et elle pensait chaque mot. Ses sentiments pour Reece étaient plus puissants que le lien qu’elle partageait avec son frère. Bien plus puissant que tout autre chose dans sa vie.

      Visiblement blessé et choqué, Matus tourna les talons et partit en trombe.

      Stara balaya à nouveau l’horizon du regard, dans l’espoir d’apercevoir un signe de Reece, mais elle savait qu’il était parti depuis longtemps.

      Reece, pensa-t-elle. Je t’aime. Reste fort. Quels que soient les obstacles, sois fort. Annule tes noces. Fais-le pour moi. Pour nous.

      Stara ferma les yeux et les poings, en priant tous les dieux qu’elle connaissait que Reece aurait la force de le faire et qu’il lui reviendrait. Alors, ils seraient ensemble pour l’éternité.

Quoi qu’il en coûte.

      CHAPITRE DIX

      Karus et Falus, les deux fils de Tirus, dévalèrent l’escalier en vis, en direction du donjon où leur père était emprisonné. Comme il était indigne pour eux de descendre rendre visite dans un tel lieu à leur père, ce grand guerrier qui avait été Roi des Isles Boréales ! En silence, ils firent vœu de le venger.

      Cette fois, cependant, ils apportaient une nouvelle qui pourrait tout changer. Une nouvelle qui leur donnait de l’espoir.

      Karus et Falus s’arrêtèrent devant les soldats qui montaient la garde à l’entrée de la prison – des hommes fidèles à la Reine. Le visage rouge d’humiliation, ils demandèrent la permission de voir leur père.

      Les hommes de Gwendolyn s’entreregardèrent, puis hochèrent la tête et firent un pas en avant.

      — Levez les bras, commandèrent-ils à Karus et Falus.

      Ceux-ci s’exécutèrent, les nerfs à fleur de peau quand les soldats les dépouillèrent de leurs armes.

      Les hommes ouvrirent alors les portes de fer et leur cédèrent le passage, avant de refermer fermement derrière eux.

      Karus et Falus savaient qu’ils disposaient de peu de temps. Les soldats ne les laisseraient parler à leur père que quelques minutes, comme ils l’avaient fait depuis son emprisonnement. Après quoi, ils leur feraient signe de partir.

      Les jeunes hommes longèrent le couloir de la prison. Les cachots étaient vides, car Tirus était désormais le seul pensionnaire de ce vieil établissement. Enfin, ils éteignirent la dernière cellule sur la gauche, faiblement éclairée par une torche. Ils s’approchèrent des barreaux, à la recherche de leur père.

      Lentement, Tirus émergea des recoins sombres de la pièce et s’approcha de ses fils. Il avait le visage creux, la barbe emmêlée, la mine sinistre. Il dévisagea ses enfants avec l’expression d’un homme prêt à ne jamais revoir la lumière du jour.

      Le voir ainsi brisait le cœur de Karus et celui de Falus. Ils étaient bien décidés à trouver le moyen de le libérer et de se venger de Gwendolyn.

      — Père, dit Falus d’une voix pleine d’espoir.

      — Nous avons des nouvelles urgentes à vous communiquer, dit Falus.

      Tirus leur renvoya un regard dans lequel brilla une lueur d’espoir.

      — Eh bien, dites-moi, grogna-t-il.

      Falus s’éclaircit la gorge.

      — Notre sœur est, semble-t-il, tombée amoureuse de notre cousin, Reece. Nos espions nous ont rapporté qu’ils comptaient se marier. Reece a l’intention d’annuler son mariage sur le continent et d’épouser Stara à la place.

      — Nous devons trouver le moyen d’arrêter cela ! s’exclama Karus d’un air indigné.

      Tirus les fixa d’un air inexpressif, comme s’il assimilait les informations.

      — Les arrêter ? dit-il lentement. Et pourquoi cela ?

      Les deux fils adressèrent à leur père un regard surpris.

      — Pourquoi ? demanda Karus. Nous ne voulons pas que notre famille rejoigne celle de Reece. Cela jouerait en faveur de la Reine. Nos familles réunies, elle aurait le contrôle sur tout le monde.

      — Nous perdrions les dernières miettes de notre indépendance, renchérit Falus.

      — Ils sont déjà décidés, ajouta Karus. Nous devons trouver un moyen de les arrêter.

      Ils attendirent la réponse, mais Tirus secoua lentement la tête.

      — Quels gamins stupides…, dit-il d’une voix sombre. Pourquoi ai-je eu des gamins stupides ? Ne vous ai-je donc rien appris ? Vous ne regardez que ce qui se trouve sous votre nez, jamais au-delà !

      — Nous ne comprenons pas, père.

      Tirus fit la grimace.

      — Et voilà pourquoi je me retrouve dans cette situation. Voilà pourquoi vous ne gouvernez pas. Arrêter cette union serait la chose la plus stupide que vous puissiez faire et le pire

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