Maintenant et À Tout Jamais . Sophie Love
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Читать онлайн книгу Maintenant et À Tout Jamais - Sophie Love страница 4
« Non, non, plutôt le contraire. J’ai fait mes bagages et je suis partie. Je suis debout dans la rue comme une clocharde. »
Amy commença à rire. « J’ai la meilleure des images en tête là. »
« Ce n’est pas drôle ! » répondit Emily, plus paniquée que jamais. « Qu’est-ce que je suis censée faire maintenant ? J’ai quitté mon travail. Je ne pourrais pas obtenir un appartement sans travail ! »
« Tu dois admettre que c’est un peu amusant », répondit Amy en gloussant. « Tu n’as qu’à amener tout ça ici », ajouta-t-elle nonchalamment. « Tu sais que tu peux rester avec moi jusqu’à ce que tu trouves des réponses. »
Mais Emily ne le voulait pas. Elle avait essentiellement passé des années de sa vie à vivre dans l’espace d’un autre, avec l’impression d’être une locataire dans sa propre maison, comme si Ben lui faisait une faveur seulement en l’ayant près de lui. Elle ne voulait plus de cela. Elle avait besoin de se forger une nouvelle vie, de se tenir sur ses deux pieds.
« J’apprécie ton offre », dit Emily, « mais j’ai besoin de faire les choses de moi-même pendant un moment. »
« Je comprends », répondit Amy. « Alors quoi ? Quitter un peu la ville ? Te vider la tête ? »
Cela fit réfléchir Emily. Son père possédait une maison dans le Maine. Ils y étaient restés durant l’été quand elle était enfant, mais elle était restée vide depuis qu’il avait disparu vingt ans auparavant. Elle était vieille, pleine de caractère, et avait été magnifique à un moment donné, d’une certaine manière historique ; elle avait plus été comme un vaste gite duquel il ne savait pas quoi faire d’autres, hormis une maison.
Elle était à peine dans un état médiocre alors, et Emily savait qu’elle ne serait pas en bon état à présent, après vingt ans passés à l’abandon ; ce ne serait pas non plus pareil vide – ou maintenant qu’elle n’était plus une enfant. Sans mentionner que ce n’était pas vraiment l’été. On était en février !
Et pourtant l’idée de passer quelques jours simplement assise sous le porche, à contempler l’océan, dans un endroit qui était à elle (en quelque sorte), paraissait soudain très romantique. Sortir de New York pour le week-end serait une bonne manière de se vider la tête et essayer de déterminer ce que faire ensuite.
« Je dois y aller », dit Emily.
« Attends », répondit Emily. « Dis-moi où tu vas d’abord ! »
Emily prit une profonde inspiration.
« Je vais dans le Maine. »
CHAPITRE TROIS
Emily dut prendre plusieurs métros pour arriver au parking de longue durée à Long Island City, où sa vieille voiture abandonnée et défoncée était garée. Cela faisait des années qu’elle n’avait pas conduit cette chose, car Ben avait toujours pris la responsabilité d’être le chauffeur pour exhiber sa précieuse Lexus, et tandis qu’elle marchait à travers le gigantesque parking plein d’obscurité, traînant sa valise derrière elle, elle se demanda si elle serait toujours capable de conduire. C’était une autre de ces choses qu’elle avait laissé échapper durant leur relation.
Le périple pour arriver seulement là – à ce parking en périphérie de la ville – semblait interminable. Alors qu’elle marchait vers sa voiture, ses pas résonnant dans ce lieu glacial, elle se sentit presque trop fatiguée pour continuer.
Commettait-elle une erreur ? se demanda-t-elle. Devrait-elle faire demi-tour ?
« Là voilà. »
Emily se tourna pour voir l’employé du garage sourire à sa voiture défoncée, comme par sympathie. Il tendit la main et agita ses clefs.
L’idée d’avoir huit heures de route qui l’attendait paraissait accablante, impossible. Elle était déjà épuisée, physiquement et émotionnellement.
« Est-ce que vous allez les prendre ? » demanda-t-il finalement.
Emily cligna des yeux, elle n’avait pas réalisé qu’elle avait rêvassé.
Elle se tenait là, sachant qu’il s’agissait d’un moment crucial, d’une manière ou d’une autre. Allait-elle s’effondrer, retourner en courant vers son ancienne vie ?
Ou serait-elle assez forte pour aller de l’avant ?
Emily chassa en fin de compte les idées noires et se força à être forte. Au moins pour le moment.
Elle prit les clefs et marcha triomphalement vers sa voiture, essayant d’afficher courage et assurance pendant qu’il s’éloignait, mais secrètement elle était nerveuse qu’elle ne démarre même pas – et si elle le faisait, de ne même pas se souvenir de comment conduire.
Elle s’assit dans la voiture gelée, ferma les yeux, et tourna le contact. S’il fonctionnait, se dit-elle, ce serait un signe. S’il était mort, elle pouvait faire demi-tour.
Elle détestait se l’admettre, mais elle espérait intérieurement qu’il soit mort.
Elle tourna la clef.
Elle démarra.
*
Ce fut une grande surprise et un réconfort pour Emily que, même si elle était quelque peu une conductrice imprévisible, elle savait toujours l’essentiel de ce qu’elle faisait. Tout ce qu’elle avait à faire était appuyer sur l’accélérateur et conduire.
C’était libérateur, de regarder le monde filer, et lentement, elle se débarrassa de son humeur. Elle alluma même la radio, se souvenant de son existence.
La radio beuglant, les fenêtres baissées, Emily prit fermement le volant dans ses mains. Dans son esprit, elle ressemblait aux sirènes glamour des années 40, dans un film en noir et blanc, avec le vent ébouriffant sa coiffure parfaite. En réalité, l’air frigorifique de février avait rendu son nez aussi rouge qu’une baie et mit ses cheveux en bataille.
Elle quitta bientôt la ville, et plus elle se dirigeait vers le nord, plus les routes étaient bordées de conifères. Elle s’accorda du temps pour admirer leur beauté tandis qu’elle les dépassait à toute allure. Combien elle s’était facilement laissé prendre par l’animation et l’agitation de la vie citadine. Combien d’années avait-elle réellement laissé passer sans s’arrêter pour admirer la beauté de la nature ?
Rapidement, les routes devinrent plus larges, le nombre de voies augmenta, et elle se trouva sur l’autoroute. Elle fit vrombir le moteur, poussant plus vite sa voiture en piteux état, se sentant vivante et enchantée par la vitesse. Tous ces gens dans leurs voitures entreprenaient des voyages vers ailleurs, et elle, Emily, était enfin l’un d’eux. L’excitation pulsait à travers elle tandis qu’elle poussait sa voiture en avant, augmentant sa vitesse autant qu’elle l’osait.
Sa confiance