Les Plus Vaillants: Le Fil de l’Épée, tome 2. Морган Райс
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— Vous êtes là ? cria Royce, et une silhouette sortit en titubant de l’un des bâtiments, l’air hagard et couverte de suie. Pendant un instant, le cœur de Royce se serra, pensant que sa mère l’avait peut-être entendu, mais il réalisa alors que ce n’était pas elle. Au lieu de cela, il reconnut la silhouette de la vieille Lori, qui avait toujours terrifié les enfants avec ses histoires, et qui prétendait parfois qu’elle avait la Vue.
— Tes parents sont morts, mon garçon, dit-elle, et à cet instant, le monde de Royce sembla s’écrouler. Ce monde se figea, pris entre deux battements de cœur.
— Ils ne peuvent pas l’être, dit Royce en secouant la tête, ne voulant pas y croire. C’est impossible.
— Ils le sont. Lori se déplaça pour s’asseoir contre les restes d’un muret. Aussi mort que je le serai bientôt.
Alors même qu’elle disait cela, Royce vit le sang sur sa robe de toile grossière, la blessure où une épée était entrée et sortie.
— Laissez-moi vous aider, dit-il, en avançant vers elle en dépit de la nouvelle vague de douleur provoquée par ce qu’elle avait dit à propos de ses parents. Se concentrer sur elle semblait être la seule façon de ne pas la ressentir à ce moment-là.
— Ne me touche pas ! dit-elle en le montrant du doigt. Tu crois que je ne vois pas l’obscurité qui te suit comme un voile ? Tu crois que je ne vois pas la mort et la destruction qui s’insinuent dans tout ce que tu touches ?
— Mais vous êtes en train de mourir, dit Royce, essayant de la convaincre.
La vieille Lori haussa les épaules.
— Tout meurt… enfin, presque, dit-elle. Même toi, même si tu feras trembler le monde avant que cela n’arrive. Combien d’autres mourront pour tes rêves ?
— Je ne veux pas que qui que ce soit meure, répondit Royce.
— Cela arrivera tout de même, répondit la vieille dame. Tes parents en ont déjà payé le prix.
La colère s’empara à nouveau de Royce.
— Les soldats. Je vais…
— Pas les soldats, pas par leurs mains. On dirait qu’il y en a d’autres qui voient les dangers qui te suivent, mon garçon. Un homme est venu ici, et j’ai senti l’odeur de la mort sur lui si forte que je me suis cachée. Il a tué des hommes forts sans efforts, et quand il est allé chez toi…
Royce pouvait deviner le reste. Il réalisa alors quelque chose de terrible qui le frappa dans toute son horreur.
— Je l’ai vu. Je l’ai vu sur la route, dit Royce. Sa main se serra sur son épée. J’aurais dû sortir. J’aurais dû le tuer là-bas.
— J’ai vu ce qu’il a fait, dit la vieille Lori. Il t’aurait tué aussi sûrement que tu nous as tous tués rien qu’en naissant. Je vais te donner un conseil, mon garçon. Cours. Fuis dans la nature. Que personne ne te revoie. Cache-toi comme je me suis cachée avant de finir de la sorte.
— Après une telle barbarie ? demanda Royce, sa colère s’enflammant. Il sentait à présent des larmes chaudes sur son visage et il fut incapable de savoir s’il s’agissait de chagrin, de colère ou d’autre chose. Vous croyez que je peux partir après tout ça ?
La vieille dame ferma les yeux et soupira.
— Non, non, pas du tout. Je vois… Je vois toute cette terre se déplacer, un roi se lève, un roi tombe. Je vois la mort, et encore la mort, tout ça parce que tu ne peux être personne d’autre que ce que tu es.
— Laissez-moi vous aider, supplia Royce encore une fois, en tendant la main pour aider à panser la plaie au flanc de Lori. Quelque chose émit une lueur qui ressemblait au choc de la laine frottée dans le mauvais sens, et Lori suffoqua.
— Qu’as-tu fait ? demanda-t-elle. Va, mon garçon. Allez ! Laisse une vieille femme mourir. Je suis trop fatiguée pour ça. Il y a plein d’autres morts qui t’attendent, où que tu essaies de te rendre.
Elle se tut, et pendant un instant, Royce pensa qu’elle se reposait peut-être, mais elle semblait trop calme pour cela. Le village autour de lui retomba dans un silence figé. Dans ce silence, Royce resta silencieux, ne sachant pas quoi faire ensuite.
Puis il se décida et partit en direction des restes de la maison de ses parents.
CHAPITRE QUATRE
Raymond gémissait à chaque secousse de la charrette qui les transportait, ses frères et lui, à l’endroit où ils devaient être exécutés. Il sentait tous les rebonds et la moindre vibration du véhicule qui se heurtait aux contusions qui couvraient son corps, il entendait le cliquetis des chaînes qui le retenaient alors qu’elles glissaient contre le bois.
Il pouvait sentir sa peur, bien qu’elle semblait être éclipsée par la douleur dans l’immédiat ; les coups des gardes l’avaient laissé avec un corps qui lui donnait l’impression d’être brisé, fait d’arêtes vives. C’était difficile de se concentrer, même sur la terreur de la mort, dans cet état.
La seule peur qui parvenait à se frayer un chemin dans son esprit concernait surtout ses frères.
— C’est encore loin, tu crois ? demanda Garet. Le frère cadet de Raymond avait réussi à s’asseoir dans la charrette, et Raymond pouvait voir les ecchymoses qui recouvraient son visage.
Lofen se redressa plus lentement, l’air émacié après leur séjour dans le donjon.
— Aussi loin que ce soit, nous y serons bien trop tôt.
— Où crois-tu qu’ils nous emmènent ? demanda Garet.
Raymond pouvait comprendre pourquoi son petit frère voulait savoir. L’idée d’être exécuté était déjà assez terrible mais ne pas savoir ce qui se passait, où cela se passerait et comment cela se ferait était pire encore.
— Je ne sais pas, parvint à répondre Raymond et le simple fait de parler fut douloureux. Nous devons être courageux, Garet.
Il vit son frère hocher la tête, l’air déterminé malgré la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les trois. Autour d’eux, il pouvait voir la campagne défiler, avec des fermes et des champs s’étendant de chaque côté de la route et des arbres au loin. Quelques collines se dressaient là, et quelques bâtiments, mais ils semblaient être loin de la ville à présent. Leur charrette était conduite par un garde, tandis qu’un autre était assis à côté de lui, arbalète à la main. Deux autres chevauchaient à côté de la charrette, l’encadrant et regardant autour d’eux comme s’ils s’attendaient à voir apparaître des ennuis à tout moment.
— Silence à l’arrière ! leur cria celui qui tenait l’arbalète.