La Traque Zéro. Джек Марс
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Rais continuait sa conversation en langue étrangère, prononçant de courtes phrases ponctuées. Il se retourna et tira légèrement les épais rideaux de quelques centimètres pour regarder sur le parking.
Il était de dos, probablement pour la première fois depuis qu’ils étaient arrivés dans ce motel miteux.
Maya tendit la main et ouvrit tout doucement le tiroir de la table de chevet. C’était tout ce qu’elle pouvait atteindre, menottée à sa sœur, sans quitter le lit. Son regard se porta nerveusement sur Rais de nouveau, puis retourna au tiroir.
Dedans, se trouvait une Bible, très vieille avec une couverture écaillée et abimée. À côté, se trouvait un stylo à bille bleu tout simple.
Elle s’en empara et referma le tiroir. Presque au même moment, Rais se retourna. Maya s’immobilisa, le stylo caché dans son poing fermé.
Mais il ne fit aucunement attention à elle. À présent, il semblait ennuyé par cet appel, pressé de raccrocher. Quelque chose à la télévision attira son attention quelques secondes et Maya en profita pour cacher le stylo dans la bande élastique à la taille de son pantalon de pyjama en flanelle.
L’assassin grommela un au revoir à contre-cœur et mit fin à l’appel, puis jeta le téléphone sur le fauteuil. Il se tourna vers elles, les scrutant chacune tour à tour. Maya regardait droit devant elle, les yeux dans le vide, faisant semblant de regarder les infos. Apparemment satisfait, il se rassit dans le fauteuil.
Maya caressa gentiment le dos de Sara de sa main libre, tandis que sa sœur cadette regardait la télévision, ou peut-être rien du tout, les yeux mi-clos. Après l’incident des toilettes de l’aire de repos, il avait fallu des heures à Sara pour arrêter de pleurer. Et à présent, elle restait là, les yeux dans le vague et vitreux. On aurait dit qu’il ne lui restait rien.
Maya faisait courir ses doigts de haut en bas dans le dos de Sara pour tenter de la réconforter. Elles n’avaient aucun autre moyen de communiquer ensemble. Rais leur avait bien fait comprendre qu’elles n’avaient pas le droit de parler, sauf pour poser une question. Maya n’avait donc aucun moyen de relayer un message, d’élaborer un plan.
Mais… peut-être que ça n’a pas besoin d’être dit, pensa-t-elle.
Maya cessa un moment de caresser le dos de sa sœur. Quand elle recommença, elle posa son index et dessina discrètement et lentement la forme d’une lettre entre les épaules de sa sœur, l’air de rien : un grand S.
Sara leva la tête avec curiosité juste un instant, mais elle ne regarda pas Maya et ne dit rien. Maya espérait vraiment qu’elle comprenait.
E, dessina-t-elle ensuite.
Puis R.
Rais était assis dans le fauteuil au bord du champ de vision de Maya. Elle n’osa pas jeter un œil vers lui de peur de paraître suspecte. Elle se contenta de continuer à regarder droit devant elle en dessinant les lettres.
R. E.
Elle déplaçait lentement son doigt, délibérément, s’arrêtant deux secondes entre chaque lettre et cinq secondes entre chaque mot, jusqu’à ce qu’elle ait fini son message.
Serre ma main si tu comprends.
Maya ne vit même pas Sara bouger. Mais leurs mains étaient proches, du fait d’être menottées ensembles, et elle sentit des doigts moites et froids se refermer bien serrés sur les siens pendant un moment.
Elle comprenait. Sara avait bien reçu le message.
Maya recommença, bougeant aussi lentement que possible. Il n’y avait pas d’urgence et elle devait s’assurer que Sara comprenne bien chaque mot.
Dès que tu peux, marqua-t-elle, tu cours.
Ne te retourne pas.
Ne m’attend pas.
Trouve de l’aide. Trouve Papa.
Sara resta calme et parfaitement immobile pendant toute la rédaction du message. Il était trois heures et quart quand Maya eut terminé. Pour finir, elle sentit le contact froid d’un fin doigt dans la paume de sa main gauche, nichée en partie sous la joue de Sara. Le doigt traçait quelque chose sur sa paume, la lettre P.
Pas sans toi, disait le message de Sara.
Maya ferma les yeux et soupira.
Il le faut, répondit-elle. Sinon, nous n’avons aucune chance.
Elle ne laissa pas à Sara l’occasion de répondre. Une fois son message achevé, elle se racla la gorge et dit calmement, “Je dois aller aux toilettes.”
Rais leva un sourcil et fit un geste pour désigner la porte ouverte de la salle de bains à l’autre bout de la pièce. “Je t’en prie.”
“Mais…” Maya leva son poignet lié.
“Et alors ?” rétorqua l’assassin. “Emmène-la avec toi. Il te reste une main libre.”
Maya se mordit la lèvre. Elle savait pourquoi il faisait ça : la seule fenêtre de la salle de bains était petite, à peine assez grande pour que Maya puisse passer à travers, ce qui était totalement impossible en étant menottée à sa sœur.
Elle se glissa lentement hors du lit, faisant signe à sa sœur de la suivre. Sara se leva mécaniquement, comme si elle avait oublié comment utiliser normalement ses membres.
“Tu as une minute. Ne verrouille pas la porte,” avertit Rais. “Si tu le fais, je l’enfoncerai à coups de pied.”
Maya passa devant et ferma la porte de la minuscule salle de bains, à peine assez grande pour qu’elles se tiennent debout à deux. Elle alluma la lumière, presque sûre d’avoir vu un cafard aller se mettre à l’abri sous le lavabo, puis le ventilateur qui se mit à tourner bruyamment au-dessus de leurs têtes.
“Hors de question,” chuchota Sara presque immédiatement. “Je ne partirai pas sans…”
Maya se hâta de brandir un doigt devant ses propres lèvres pour demander le silence. D’après elle, Rais devait se trouver juste derrière la porte avec une oreille collée dessus. Il ne prenait aucun risque.
Elle sortit rapidement le stylo à bille de l’ourlet à la taille de son pantalon. Il fallait qu’elle trouve quelque chose sur quoi écrire et le seul truc disponible était du papier toilette. Maya en déchira quelques carrés et les posa sur le petit rebord du lavabo mais, à chaque fois qu’elle appuyait le stylo dessus, le papier se déchirait. Elle essaya de nouveau avec quelques nouvelles feuilles, mais le papier se fendit encore.
Ce n’est pas la peine, pensa-t-elle amèrement. Le rideau de douche n’allait pas lui servir non plus : c’était juste une feuille de plastique suspendue par-dessus la baignoire. Et il n’y avait pas de rideaux à la petite fenêtre.
Mais il y avait bien quelque chose qu’elle pouvait utiliser.
“Ne