Président Élu. Джек Марс
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Président Élu - Джек Марс страница 11
Sud de Canal Street
Chinatown, New York
– Okay, aboya Kyle Meiner. On va leur tomber dessus. Alors écoutez bien !
Kyle était accroupi à l’arrière d’un long fourgon noir qui tressautait sur les nids-de-poule et les ornières des rues de la ville. Il parcourut ses hommes du regard – huit gars costauds serrés les uns contre les autres. Tous étaient musclés, des rats de gymnase. Il n’y en avait pas un ici qui ne soit capable de faire un développé-couché à 225, ou 300 au squat. Tout le monde tapait au moins dans la créatine et quelques-uns prenaient des stéroïdes, de l’hormone de croissance humaine, voire des trucs plus exotiques – c’était des mecs sérieux. Chacun d’eux avait une coupe en brosse ou le crâne rasé.
Le corps de Kyle était comme les leurs, en un peu plus massif si c’était possible. Ses bras étaient des pythons, ses jambes des troncs d’arbres. Des veines saillaient sur ses biceps, dans son cou, sur son front, sa poitrine, partout. Kyle faisait dans les veines.
Les veines, c’était le sang. Les veines, c’était le pouvoir.
Il y avait cinq autres fourgons comme celui-ci, en convoi, et Kyle pouvait se vanter d’être sur le point de lâcher dans les rues quarante à cinquante militants purs et durs. Sur les T-shirts noirs à manches longues, moulant des abdos et poitrines musclées, étaient imprimés en blanc les mots GATHERING STORM2. Les lettres évoquaient des os humains et dégoulinaient d’éclaboussures sanglantes.
Des yeux durs rendirent à Kyle son regard. Ces hommes formaient la pointe acérée de la lance.
– Je veux voir aucune arme dehors, expliqua-t-il. Pas de couteaux, pas de matraques, et ça va barder si je vois un flingue. Pas de coups-de-poing américains. Si vous avez quoi que ce soit sur vous, vous le laissez dans le fourgon. Pigé ?
Quelques gars grommelèrent.
– Quoi ? Je vous entends pas !
Les ronchonnements s’accrurent.
– C’est un rassemblement et un défilé, les gars. Pas un combat de rue. Si ça vire à la bagarre, okay. Défendez-vous les uns les autres. Jetez les petits cocos contre les murs, je m’en tape. Mais sachez que quand les flics viendront, s’ils vous trouvent armés, c’est un crime. On a des avocats en accès direct, prêts à se mouiller, mais si vous vous faites arrêter pour possession d’arme, vous serez pas sortis ce soir, et sans doute pas avant longtemps. Je veux que ce soit bien clair pour vous. Je veux voir personne incarcéré. C’est mauvais pour vous et ça donne une mauvaise image de l’organisation. Pigé ? Dites-le !
– Pigé ! cria quelqu’un.
– Yo !
– On a compris, mec.
Kyle sourit.
– Bien. Maintenant, allons botter quelques culs.
Les pancartes étaient empilées à l’arrière. La plupart clamaient L’Amérique est à nous ! L’une d’elles disait Les Chinetoques dehors ! C’était celle de Kyle. Si ses hommes formaient la pointe de la lance, lui était la goutte de poison tout au bout.
Il avait 39 ans, et était organisateur chez Gathering Storm depuis deux ans tout juste. C’était un boulot de rêve pour lui. Où recrutait-il ? Dans les salles de muscu, presque exclusivement. Gold’s Gym, Planet Fitness, YMCA. Des lieux où traînaient de grands types costauds, des gars qui en avaient juste assez. Assez de la censure. Assez de la police de la pensée. Assez de voir les bons jobs partir à l’étranger. Assez du mélange des races.
Assez de cette religion du multiculturalisme dont on leur bourrait le mou.
Si on avait dit à Kyle, cinq ans plus tôt, qu’il allait rassembler des groupes d’hommes – les meilleurs, les plus durs, les plus agressifs des jeunes Blancs qu’il pouvait trouver – et qu’ils allaient faire craindre le Seigneur aux gens qui entraînaient ce pays vers le bas… qu’ils allaient restaurer la grandeur de l’Amérique… et qu’il allait être payé pour le faire ? Eh bien, Kyle aurait trouvé ça complètement idiot.
Et pourtant, il en était là.
Et ses gars aussi.
Et leur chef venait d’être élu président des États-Unis.
Il n’y avait que de la lumière droit devant, et ils allaient parcourir un long, long chemin. Et tous ceux qui se dresseraient devant eux, qui tenteraient de les arrêter ou même de les ralentir – toute cette engeance serait fauchée. C’était comme ça.
Les portes arrière du fourgon s’ouvrirent et les gars sautèrent dans la rue, attrapant leurs pancartes au passage. Kyle fut le dernier. Il s’avança dans la rue, et la nuit parut rayonner autour de lui. Il faisait froid – il neigeait même un peu – mais Kyle était trop enragé pour le sentir. La rue étroite était bordée d’immeubles de quatre étages. Toutes les enseignes étaient en chinois, méli-mélo de charabia sans aucun sens, illisible, incompréhensible.
Était-ce toujours l’Amérique ? Un peu que ça l’était. Et les gens parlaient anglais ici.
Des fourgons garés en file s’éjectaient de gros balèzes blancs en T-shirts noirs, en une masse bondissante et confuse. Ils étaient une force d’invasion, comme des Vikings lors d’un raid sur la côte. Ils brandissaient leurs pancartes comme des haches de combat. Ils avaient le sang chaud.
Une foule de petits Asiatiques surpris les regardaient… comment ?
Choqués ? Horrifiés ? Effrayés ?
Oh oui, tout ça à la fois.
Le premier slogan s’éleva, un peu mou au goût de Kyle, mais il ferait l’affaire pour un début :
– L’Amérique… est à nous !
Les gars se mirent en voix et le volume monta d’un cran.
– L’AMÉRIQUE… EST À NOUS !
Kyle banda les muscles de ses bras, du haut du dos, des épaules et des jambes. C’était un rassemblement, d’accord, c’était ce qu’il avait dit à ses hommes. Mais il espérait que ça dégénère. Il retenait sa rage depuis un bon bout de temps, estimait-il.
Les rassemblements c’était bien, mais en fait il voulait juste éclater quelques têtes.
Son souhait fut exaucé dans les deux minutes. Tandis que les manifestants marchaient dans la rue, à une quinzaine de mètres devant lui, une bousculade éclata.
Un Stormer attrapa un Chinois par les épaules et le balança dans un étalage de livres de poche. Le Chinois s’affala sur l’étalage qui s’écroula aussitôt. Deux autres Chinois sautèrent sur le Stormer. Kyle se mit à courir. Il lâcha sa pancarte et fonça dans la foule.
Il abattit un Chinois d’un coup de poing, puis se rua sur un groupe d’entre eux, cognant à la volée. Ses poings brisèrent des os.
Et – il le savait – ce
2
Tempête menaçante