Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì

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Le Ciel De Nadira - Giovanni Mongiovì

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Et toi vas laver même ton âme ! ”

      Ils se quittèrent en vitesse, chacun dans sa chambre, fâchés et en colère l’un envers l’autre.

      Quand Umar termina sa prière il resta pensif, assit sur son lit, il repensait à cette gifle donnée dans un moment de colère.

      “ Que s’est-il passé il y a peu sur la porte ? Je t’ai entendu discuter durant l’adhān30 demanda Ghadda, en venant s’asseoir à ses côtés tandis qu’elle tenait son ventre.

      “ Ma sœur me met en colère ! Depuis que le Qā’id lui a demandé sa main elle ne cesse de critiquer mes actions. ”

      “ Et toi, Umar, tu ne cesses de la provoquer… Depuis que je vis sous ce toit je n’avais jamais vu personne lié au poteau de la cour. N’est-ce pas par hasard que depuis que le Qā’id a demandé la main de Nadira, tu tiens à bien faire comprendre qui commande dans cette maison et sur le village entier ? Tout le monde parle de ta sœur, beaucoup plus qu’ils ne l’aient fait de toi. Mais au fond, mon bien aimé, vous êtes semblables… têtus et toujours prêts à imposer votre propre parole l’un sur l’autre. En plus, de-puis ce jour là vous avez changé tous les deux …. elle s’est montée la tête, et toi tu as oublié la route de ton père. L’Umar que je connaissais me manque aussi. ”

      “ Tu voudrais insinuer que je suis jaloux de Nadira ? Que je crains de perdre le rôle de personne la plus importante de cette maison ? ” ” Non seulement de la maison, mais de l’entier Rabaḍ. ”

      “ Moi jaloux de Nadira ; quelle bêtise ! ” conclut Umar, en riant ner-veusement dans la tentative de cacher son malaise face à cette vérité qu’il savait être exacte.

      “ Maîtresse, la sentinelle sur la terrasse demande à vous parler. ” inter-rompit une domestique derrière la porte de la pièce.

      Umar se leva donc et remercia la chance, du moment qu’elle le libérait de ce discours embarrassant.

      Ghadda le retint alors par le bras et lui dit : ” Je t’ai manqué de respect ? ”

      Mais lui s’approcha d’elle et, d’une douce expression, l’embrassa sur le front.

      Après s’être couvert la tête et les épaules d’une large écharpe en poil de chameau, Umar sorti de chez lui. Il allait se rendre là d’où commençait les marches qui portaient à la terrasse, quand il vit que le garde préposé au contrôle du condamné battait violemment la jeune fille chrétienne. Celle-ci était au sol, et maintenant, la tête découverte, elle se cachait la face et criait, tandis que l’autre la frappait avec la même corde avec laquelle le jour avant il avait frappé Corrado. Et Corrado, au contraire, restait dans son état d’ inconscience.

      Umar s’arrêta et, ayant en tête les paroles fraîches de sa femme, comme s’il voulait démontrer à lui même qu’il n’était jaloux de personne, ordonna au garde :

      “ Idris, laisse tomber cette pauvre malheureuse ! ”

      “ Mais Umar, cela fait trois fois que je lui dis de ne pas s’approcher de ce garçon….. Et il y a peu elle a profité de la ṣalāt du coucher du soleil pour le refaire ! ”

      Ça va…. Mais ne la touche pas ! Renvoie-là plutôt chez elle. ”

      A ce point Apollonia se redressa légèrement, tout en restant pliée sur ses jambes et assise sur ses talons.

      “ Laisse-moi au moins rester dans la cour. Je resterai tranquille près du muret. ”

      Le pria-t’elle, pleine de larmes .

      “ Fais comme tu veux ! ” s’en libéra Umar, ennuyé de l’avoir encore dans les pieds.

      En montant sur la terrasse, la sentinelle dirigea immédiatement son attention sur les dernières courbes de la rue provenant de Qasr Yanna, juste à quelques pas du Rabaḍ.

      “ Trois hommes à cheval viennent par ici. ”

      “ A cette heure-ci ? Ce sont probablement des voyageurs qui se sont trompés de route. Cependant ils pouvaient passer la nuit à Qasr Yanna…. Pourquoi se mettre en route durant la nuit et avec ce froid ? ”

      “ Le ciel est clair cette nuit, je crains que le gel n’arrive. ”

      Umar pensa une seconde au prisonnier, mais puis, il dirigea de nouveau son attention sur ces étrangers qui s’approchaient.

      “ Umar, à en juger par ce qui me semble être des draperies, au moins un de ces chevaliers doit être quelqu’un d’important. ”

      “ Tu as bien fait de me prévenir, Mezyan. S’il s’agit de quelqu’un d’im-portant il est bon qu’il connaisse mon hospitalité. ”

      Umar descendit dans la cour et, en regardant Corrado, il dit au garde : ” Idris, après l’adhān de la nuit, attends quelques heures et puis laisse le partir. ”

      En réponse, cet autre baissa la tête, en signe de consentement.

      Après les dernières considérations de la météo, Umar aurait voulu libérer immédiatement Corrado, mais il pensa que démontrer une manifestation de pouvoir de cette portée, devant ces étrangers, aurait été favorable pour sa réputation.

      Le collecteur d’impôts du Qā’id les attendit sur l’entrée et les vit arriver tandis que les dernières lueurs disparaissaient à ouest.

      La sentinelle, sur la terrasse, avait bien vu; un des trois était finement habillé ; il s’agissait certainement d’un noble. Umar se rendit immédiate-ment compte que la lignée des trois n’était pas berbère, mais peut-être arabe. Par ailleurs, au delà de l’aspect, presque rien ne distinguait un homme d’origine berbère de celui de souche arabe, si non l’utilisation de la langue berbère comme idiome parlé en famille aux côtés de l’arabe, et les vestiges d’une culture ancienne et étrangère au monde islamique, im-portée par les arabes.

      Celui qui semblait être un noble portait un manteau avec une capuche blanche, le tout finement damassé ; Umar n’en avait jamais vu de semblable. Ils descendirent de cheval et un des trois, mais pas celui sur lequel avait été adressée toute l’attention, dit :

      “ Nous cherchons la maison de Umar ibn Fuad. ” ” C’est moi Umar. Que puis-je faire pour vous ? ”

      “ Savez-vous qui se trouve devant vous, Umar ? ” demanda celui qui parlait, en faisant référence au gars qu’ils accompagnaient.

      “ Vous me le direz près de la chaleur du brasier. ”

      Et donc, il dit à son homme dans la cour :

      Idris, range ces montures ! ”

      Umar les invita donc à entrer. Il n’avait aucune idée de qui il avait devant lui, mais il ne voulait pas donner l’impression que son hospitalité se basait sur les généralités de l’invité. Il comprenait que dans tous les cas, il se trouvait aux côtés d’un homme d’une lignée respectable, il crut bon l’accueillir chez lui avant qu’il ne se présenta.

      Dans la même pièce décorée de tapis et de coussins, maintenant avec un brasier allumé au centre, Umar fit les honneurs de la maison en donnant le meilleur

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<p>30</p>

Adhān: l’appel islamique à la prière, faite par le muezzin du sommet du minaret cinq fois par jour, dans le but d’inviter les fidèles à la ṣalāt.