Le Ciel De Nadira. Giovanni Mongiovì
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Читать онлайн книгу Le Ciel De Nadira - Giovanni Mongiovì страница 18
Elle s’efforça de mieux voir pour comprendre s’il s’agissait des habitants du Rabaḍ accourus pour l’urgence, toutefois elle conclut que ses compatriotes n’auraient pas été aussi silencieux et prudents en s’approchant. Elle se serra contre Corrado, et lui, en sentant le toucher sur sa peau, ouvrit les yeux.
A ce moment là, Umar sortait dans la cour, juste à temps pour assister à la seconde explosion, provoquée par l’éclatement imprévu d’une sub-stance inflammable. Les flammes s’élevaient encore plus rapidement du toit de l’entrepôt des céréales. En attendant les personnes commençaient à sortir de leurs habitations.
Mezyan et une autre dizaine d’hommes faisaient déjà la navette entre le puits le plus proche et les écuries. Maintenant ils commencèrent à en-tendre des hurlements, tandis qu’ailleurs, même depuis certaines maisons, s’élevaient d’autres flammes ; l’entier Rabaḍ prenait feu. Le bruit sans équivoque de ferraille rendit évident ce qui était en train de se passer : ils attaquaient le village.
Apollonia prit Corrado par les hanches et recueilli toutes ses forces pour le soulever de manière à ce que la corde à ses poings, puisse sauter au dessus de la bifurcation où elle avait été encastrée. Elle cria sous l’effort, et fini par terre, entraînée par le poids de son frère. Elle le libéra des liens et l’aida à s’asseoir en lui faisant appuyer le dos contre le poteau. Puis elle passa un bras autour de sa nuque et essaya de le soulever… mais lui, ne pouvant marcher, tomba comme un poids mort. Corrado hurla, en sentant une immense douleur aux bras et aux genoux. Apollonia donc se senti impuissante ; elle aurait voulu le charger sur ses épaules, mais elle, si petite et fragile, ne pouvait rien. Elle lui prit enfin le visage entre ses mains et, en le regardant plein de larmes, elle lui promit :
“ Je ne te laisse pas ici. ”
“ Va te cacher ! ” répondit Corrado, en haletant
“ Je vais appeler Michele ; il te portera chez nous ! ”
Apollonia courut en vitesse, elle courut autant que ses chaussures le lui permettaient, en se perdant dans les ruelles du Rabaḍ.
Corrado, resté seul, assit les épaules contre le poteau, regarda sur sa gauche, vers la maison d’Umar. Une multitude d’hommes à ce moment traversaient la cour, et le bruit des ferrailles provenant peu avant des quartiers du village, semblaient disparaître. Corrado pensa à ce que sa sœur était en train de risquer en s’éloignant dans les ruelles durant cet at-taque… il était horrifié à la pensée qu’elle ne puisse rentrer.
Umar, qui en ces instants était près des écuries, confus, impuissant et surtout désarmé, retourna dans la cour en ayant compris la nature de la menace. Toutefois un coup imprévu à la tête l’assomma et le fit s’écrouler par terre. Maintenant les hurlements des femmes de la maison, peut-être de la servitude, peut-être de la maîtresse, s’élevèrent, et en peu de temps une fumée noire s’éleva également de l’habitation de Umar. Corrado re-garda autour de lui pétrifié, et il se rendit compte que dans les rues, il n’y avait aucun homme du Rabaḍ.
Quand les assaillants sortirent de la maison, deux d’entre eux tiraient Nadira par les bras. Corrado, en entendant les hurlements, compris son identité même avant de la voir.
A ce point, dans le noir illuminé par les feux, les ennemis inconnus s’approchèrent du prisonnier qui haletait, la nuque appuyée au poteau, il avait une forte fièvre et très peur. Corrado pensa alors qu’il l’aurait tué, comme ils l’avaient fait avec Umar et avec tant d’autres du village.
“ Eh toi, infidèle, mets-toi debout ! ” ordonna un de ces hommes, en ôtant de son visage le turban qui le cachait.
Nadira ouvrit les yeux : ce type était le riche marchand qu’elle avait vu il y a peu chez elle.
“ Je n’y arrive pas, tuez-moi assit ! ” demanda résigné Corrado.
Cet homme au contraire prit Nadira par la nuque et l’obligea à se mettre à genoux devant Corrado.
“ Connais-tu cette jeune fille ? ”
Il la regarda attentivement ; elle était à moins de trois paumes de son vi-sage. Il savait très bien qui elle était, les yeux de Nadira ne pouvaient être confondus, toutefois il ne voyait pas complètement son visage et ses cheveux découverts depuis qu’ encore enfant, elle courait insouciante dans le Rabaḍ.
En plus Corrado n’avait jamais vu la sœur de l’homme du Qā’id dans cet état : Nadira, vêtue de ses habituels vêtements pour la nuit, était un masque de larmes.
Corrado approuva d’un signe de la tête. A ce point, celui qui s’était présenté comme étant Salim lui dit:
“ Va chez ton Qā’id, et dit-lui que s’il veut revoir son dernier bijou il doit me rendre mon épouse ! ”
Nadira compris immédiatement la vrai identité du riche marchand… il s’agissait de Mohammed ibn al-Thumna, Qā’id de Catane et de Syracuse, devenu l’émir le plus puissant de la Sicile toute entière, quand quelques années auparavant, désormais sans aucun pouvoir central, les qā’id s’étaient battus entre eux. Elle su immédiatement jusqu’où cet homme était capable d’arriver : elle imagina ses propres pouls sciés là où il les avait fait scié à Maimuna.
Le qā’id prit de nouveau Nadira par la nuque, l’incitant à se relever, et la livra à ses hommes. Enfin il contraint Corrado à relever la tête en posant la lime de sa cimeterre sous le menton.
“ Si tu veux te venger sur celui qui t’a traité comme cela, viens me chercher quand tu te seras remis… toi et tes amis circoncis. ”
A cela Mohammed ibn al-Thumna quitta la cour et puis le Rabaḍ. Conscient que les incendies du village avaient déjà alerté les gardes de Qasr Yanna et que son beau-frère serait vite intervenu.
En attendant, on avait lié les mains de Nadira avec une longue corde et de l’autre côté, on la tirait de par les rues qui descendaient le plateau, comme on aurait fait avec un âne. Le Qā’id et les siens se déplaçaient en illuminant la route avec des torches, et les pieds nus de Nadira se blessèrent parmi les pierres et les ronces. Quand ensuite ils arrivèrent au gué du ruisseau qui s’écoulait sous le Rabaḍ, précisément sous une des grandes norias, Mohammed ordonna de délier la jeune fille et, en lui tendant un fin vêtement féminin, il l’invita à se couvrir comme il convient de le faire aux femmes. Ensuite, en regardant les nombreux hommes qui suivaient, il dit : ” Si quelqu’un ose manquer de respect à la jeune fille, il aura à faire à moi… il s’agit de toute façon de la promise d’un qā’id et elle doit être traitée de la sorte ! ”
A ce point tous les chevaux sautèrent et disparurent vers est. Nadira du s’accrocher aux hanches de Jamal, l’homme au gros médaillon.
Tous les chevaux, noirs en majorité, allaient dans la même direction. Environ cinquante personnes les montaient, tous vêtus d’un burnus40 noir et une culotte de la même couleur. Ils avaient des visages sombres et par-laient la langue la plus commune parmi les nombreux maures d’Afrique. Nadira reconnut cet idiome, c’est comme ça que bien souvent elle s’exprimait en famille, cependant elle ne l’avait jamais entendu parler aussi couramment et avec cet accent si typique.
Les chevaliers encourageaient doucement les destriers et ceux-ci avançaient lentement sous la lune, en formant une longue procession.
“ Mon Seigneur, qui
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Burnus: ample manteau masculin avec capuchon en laine, typique des populations berbères.