L'Anneau des Dragons. Морган Райс

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L'Anneau des Dragons - Морган Райс Le Temps des Sorciers

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réfléchit à ses troupes potentielles. Des serviteurs qui n'avaient probablement jamais tenu une épée de leur vie. Une nuée de nobles, dont beaucoup âgés, pour la plupart aussi effrayés que Lenore. Mieux valait peut-être essayer de se battre malgré tout. Une mort rapide serait la meilleure option.

      "Allez chercher un maximum de gens." Elle désigna un autre serviteur. "Accompagnez-le."

      "Oui, Votre Altesse."

      Lenore continua d’organiser la défense du château, s’adressant tour à tour aux serviteurs et aux nobles. "Vous, prenez qui vous voulez et allez me chercher le plus d’huile possible en cuisine. Apportez-la à la maison du garde et commencez à la chauffer, afin qu’elle soit prête à être versée. Vous, fermez les portes et baissez la herse."

      "Et ceux encore dans la cité ?" demanda l'homme.

      Le cœur de Lenore se brisa face à sa question, et la réponse qu'elle ne voulait pas lui donner. "Ils… ils n'ont aucune chance de s’en sortir à marée haute. Si nous les voyons revenir, nous pouvons… nous lancerons des cordes."

      Elle ne lui dit pas que les chances de les voir revenir étaient infimes ; elle n'y songea pas, parce qu'Erin et son étrange moine étaient toujours là, à combattre l'ennemi. Ils étaient peut-être même plus en sécurité à l’extérieur qu'au sein du château, cela signifiait qu'ils auraient une chance de se cacher et s'enfuir le moment venu. Non pas qu'Erin s'enfuirait de gaieté de cœur, mais peut-être que Odd l'y obligerait.

      Lenore regarda autour d'elle, sachant qu'elle et les autres n'auraient aucune chance de s'échapper. Leur seul espoir consistait à essayer de protéger le château, mais ils étaient bien trop peu nombreux en vérité. Elle pourrait donner une lance à chaque serviteur, insister pour que chaque noble prenne place sur la muraille pour tenter de repousser la marée montante que ce ne serait toujours pas suffisant. Les tâches qu'elle leur assignait étaient davantage dues au fait qu'elle savait qu'ils devaient se sentir utiles en pareil moment, et non parce qu'elle imaginait que ce soit vraiment efficace lorsque l'armée du Roi Ravin surgirait.

      Avoir quelques notions de stratégie se serait peut-être avéré plus efficace. A vrai dire, ses ordres n’étaient que les réminiscences de ses jeux avec Erin, qui insistait à jouer à défendre le château contre des ennemis imaginaires lorsqu’elles étaient enfants, ou parce que Rodry ou leur père racontaient des histoires sur la façon dont ils avaient combattu tel ou tel ennemi. Certaines de ces histoires lui avaient semblé vraies, nombre d'entre elles inventées.

      Elle souhaitait, pour la centième fois, qu’un autre prenne les choses en main. Vars était censé être roi maintenant, mais il n'était pas là pour donner ses ordres. Rodry et son père étaient tous les deux morts, morts au moment où leurs compétences en l’art de la guerre auraient été les plus utiles. Erin était dans la cité et faisait de son mieux là où elle pouvait apporter son aide. Lenore comprenait mais savait qu'avec si peu de troupes, lutter et combattre dans la cité valait mieux qu'attendre au château, elle aurait tant voulu que sa sœur soit à ses côtés.

      Lenore se trouva même à souhaiter la présence Finnal, même si elle ne savait que penser de son mari. Était-il l'homme bon qu'il incarnait parfois, ou un individu cruel ? Dans les contes, ce serait le moment où il accourrait prendre la situation en main et prouverait à Lenore combien il l'aimait. Mais aucun signe de lui. Œuvrait-il à la défense de la cité ?

      Mais plus encore que Finnal, Lenore se trouva à souhaiter la présence de Devin. Il était intelligent et gentil, elle se sentait… en sécurité dès qu'elle pensait à lui. S'il avait été présent, il aurait peut-être pu lancer un sortilège appris de Maître Grey, un sort de protection. Lenore se languissait de sa présence plus encore que celle de son mari. Mieux valait peut-être qu’il ne soit pas là. Mieux valait peut-être qu'il soit parti de par le vaste monde, chargé d’une étrange mission confiée par le sorcier. Il y serait peut-être plus en sécurité. Certainement plus en sécurité que ne l'était Lenore.

      Lenore était perdue dans ses pensées lorsque sa mère entra dans la pièce. Sa démarche assurée attira d'abord son attention ; la Reine Aethe avait arpenté le château durant de nombreux jours tel un être brisé, anéanti. Aujourd'hui, et bien que toujours vêtue de noir en signe de deuil, elle fit irruption au centre de la pièce tel un général, avec un air de commandement.

      "Qui s'en occupe ?" demanda-t-elle. Tous les regards se tournèrent vers Lenore.

      "Je crois … je crois bien que c'est moi, Mère," répondit Lenore.

      Sa mère posa sa main sur son épaule. "Tu ne devrais pas t’en occuper seule. Vous," dit-elle, en désignant un noble. "Pourquoi rester les bras croisés ? Rendez-vous utile, ne serait-ce que découper ces bannières pour en faire des bandages."

      Elle avait évidemment remarqué ce que Lenore avait imaginé, bien qu'elle n'ait pas été là au moment voulu.

      "Mais les bannières sont frappées du sceau royal."

      "Pensez-vous que mon mari se souciait plus des bannières, ou des gens qui les portaient ?" La Reine Aethe rétorqua "Je suis l’épouse d'un roi et la belle-mère d'un autre. Si un homme se vidait de son sang parce que nous n'avons pas suffisamment de bandages, je vous en tiendrai responsable."

      Le noble se dépêcha de s'atteler à la tâche. Lenore ne pouvait s’empêcher de dévisager sa mère.

      "J'essaie de faire en sorte qu’ils se bougent, mais en vain," dit-elle.

      "Oui, ils sont habitués à ma sévérité," dit La Reine Aethe. Elle regarda Lenore dans les yeux. "J'ai été dure avec toi à propos de Finnal. Une mère doit être là pour sa fille, et pas seulement quand elle fait ce qu'elle pense devoir faire."

      La dernière fois qu'elles s’étaient parlées, sa mère n'avait pas écouté, déversant son chagrin sur Lenore comme si ses propres difficultés ne comptaient pas face aux siennes, Lenore ne s'y attendait pas le moins du monde.

      "Merci," dit Lenore en posant sa main sur celle de sa mère.

      "Tu ne devrais pas avoir à me remercier de me comporter en tant que mère. Tu avais raison l’autre fois, quand tu m'as dit qu'il y avait plus grave au monde que mon chagrin."

      "Je suis désolée," déclara Lenore. "Je me suis montrée dure. Père me manque aussi."

      "Je sais mais tu avais raison. Il y a des choses plus importantes. Son royaume, notre royaume est en danger, et je ne resterai pas les bras croisés. Je ferai le nécessaire pour le protéger, et vous aussi. Tout, quoi qu’il arrive."

      CHAPITRE TROIS

      Erin s’accroupit au sommet d'un mur et regarda passer trois soldats du Roi Ravin d’un air méprisant. Ils ne pouvaient pas la voir dans la pénombre du petit jour, et c'était probablement aussi bien. Erin ne s'était jamais beaucoup préoccupée de son apparence, elle portait toujours ses cheveux noirs coupés courts pour ne pas qu’ils la gênent, des tuniques et des hauts-de-chausse au lieu de robes autant que faire se peut. Mais maintenant, elle ressemblait à un monstre.

      Son armure n’était pas seulement couverte de sang ni bosselée par les coups ennemis. De la saleté soigneusement étalée maculait son visage et son armure, afin de se fondre dans l'obscurité. Mais son ressenti était plus prégnant encore que son apparence. Odd avait peut-être passé son temps à essayer de lui apprendre à se battre sereinement, Erin n’éprouvait que de la rage en pareil moment, contre ces hommes qui avaient envahi sa

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