Ruine par une Peinture. Фиона Грейс
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– C’est du vrai thé du Yorkshire, annonça l’homme. Je ne bois pas cet horrible truc préempaqueté. Beurk.
Il sourit, et Lacey se força à sourire aussi, bien qu’intérieurement elle se sentît abattue. Sur le canapé à côté d’elle, Tom semblait trop droit et solennel, comme s’il pouvait sentir la peine rayonner d’elle et s’en sentait responsable. Et même si Lacey répugnait à l’admettre, elle rejetait en quelque sort la faute sur lui. Elle avait toujours dit qu’elle ne voulait pas venir ici, au cas où cette situation se présenterait. Tom était allé à l’encontre de ses souhaits en l’amenant ici, et cela lui laissait un mauvais goût dans la bouche.
Sur le canapé en face de Lacey et de Tom, un chat tigré sauta sur les genoux de l’homme et commença à frotter la tête contre sa main, demandant à être caressé.
– Ce foutu chat errant, dit-il, en grattant affectueusement le chat derrière les oreilles. Il était fourni avec la maison. Je suppose que votre père la nourrissait, parce qu’elle entre dans ma cuisine à six heures du matin et qu’elle miaule dans toute la maison jusqu’à ce que je lui donne son petit-déjeuner.
Lacey essaya de visualiser la scène, mais rien ne lui vint à l’esprit. Oui, son père avait été un lève-tôt, mais un amoureux des chats ? Elle n’avait aucun souvenir de cela. Peut-être que ce n’était jamais arrivé parce qu’ils vivaient dans un appartement à New York. Ou peut-être qu’il s’était mis à les aimer depuis qu’il avait emménagé au Royaume-Uni. Quoi qu’il en soit, ce détail insignifiant lui semblait soudain être un énorme trou béant dans ses connaissances, et ne fit que déprimer encore plus Lacey.
Face au risque d’un véritable choc émotionnel, Lacey prit une des tasses sur la table et but lentement, en l’utilisant pour dissimuler son visage. Un silence gêné s’installa, meublé uniquement par le bruit des gorgées de Lacey.
Tom s’agita sur le canapé.
– Puis-je vous poser une question ?
Il était en mode “Gentleman-Anglais-Génial”, nota Lacey. Il faisait toujours cela quand il était mal à l’aise.
– Allez-y, dit l’homme, tout en continuant à caresser le chat errant excessivement affectueux.
– Vous avez reçu le courrier de Frank ? demanda Tom.
Lacey lui lança un regard noir. Elle comprenait où il voulait en venir, que peut-être la lettre qu’elle avait postée pour son père était arrivée trop tard pour lui, mais pour une raison quelconque, cela lui semblait bien trop personnel pour qu’on en parle à voix haute. Pour Lacey, c’était comme si elle avait une blessure béante et que Tom venait d’arracher le pansement, l’exposant ainsi aux éléments.
– Des bricoles, répondit l’homme. J’ai demandé à la propriétaire une adresse de réexpédition, mais elle a dit que Frank ne lui avait laissé aucune information personnelle.
– Pas de nouvelle adresse ? demanda Tom.
Sa question donnait l’impression à Lacey qu’on lui remuait un couteau dans les tripes.
L’homme secoua la tête.
– Rien. Il était là une minute. Puis la suivante, il avait disparu.
Lacey ne pouvait plus le supporter. Elle se leva, abandonnant le thé sur la table basse.
Il était là une minute, puis la suivante il avait disparu. Comme quand elle était enfant.
– Je suis désolée, marmonna-t-elle, je dois y aller. M-Merci pour le thé.
Les larmes lui brouillaient la vue lorsqu’elle se précipita hors du salon et se dirigea vers la porte d’entrée. Elle entendit le murmure de la voix de Tom en fond, probablement pour s’excuser de leur intrusion, mais elle l’entendit à peine, car son pouls battait dans ses oreilles, noyant tout le reste.
Elle ouvrit le loquet de la porte du cottage et se précipita sur le chemin, puis contourna la camionnette pour être hors de vue. Elle se pencha en avant, les mains sur les genoux, et prit d’énormes bouffées d’air. Elle était soit en hyperventilation, soit sur le point d’avoir une crise de panique.
C’est à ce moment que Tom apparut.
– Lacey, dit-il, le visage marqué par l’inquiétude. Je suis vraiment désolé. Je n’aurais pas dû te forcer à faire ça.
Lacey le regarda. Des larmes chaudes lui piquaient les yeux.
– Je veux rentrer à la maison, dit-elle. S’il te plaît. Rentrons juste à la maison.
Lacey était assise, voûtée, sur le siège passager, et regardait les arbres tachetés pendant qu’ils conduisaient. Du coin de l’œil, elle vit Tom lui jeter un autre regard anxieux.
– Je suis désolé de ce qui s’est passé à Rye, dit-il pour la énième fois depuis qu’ils s’avaient pris le chemin du retour.
– Ce n’est pas ta faute, dit Lacey. Je n’aurais pas dû traîner les pieds.
Elle caressa les oreilles de Chester. Il était assis sur le plancher, restant près d’elle comme s’il sentait intuitivement qu’elle avait besoin de son réconfort.
Elle ne pouvait simplement pas se pardonner de l’avoir manqué de quelques semaines. Maintenant, sans une nouvelle adresse, elle pourrait ne jamais le trouver.
Elle avala la grosse boule qui s’était formée dans sa gorge.
Le trajet avait été silencieux, l’atmosphère sombre. À peine quelques mots avaient été échangés entre elle et Tom, et Lacey détestait la tension et l’inconfort qui en découlaient. Elle fut soulagée quand elle vit le panneau pour Exeter et sut qu’ils seraient rentrés dans l’heure.
Soudain, Tom freina brusquement. Lacey fut précipitée vers l’avant et sa ceinture de sécurité se bloqua. Elle avança instinctivement le bras pour empêcher Chester de passer à travers le pare-brise. Lorsque la camionnette s’arrêta, elle fut projetée contre le dossier du siège.
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