Les vrais mystères de Paris. Eugène François Vidocq
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VI.—Le crime puni par le crime.
II.—Comment un cocher anglais se servit de son fouet.
V.—Un coin du voile se déchire.
LES
LES VRAIS
I.—Préliminaires.
Du château construit à Choisy-le-Roi, en 1682, sur les dessins de l'architecte François Mansard, et successivement possédé par madame de Louvois, le grand dauphin, fils de Louis XIV, et la princesse de Condé; et du petit château construit en 1739, à peu de distance du premier, dont le roi Louis XV venait de faire l'acquisition, par l'architecte Gabriel, pour madame de Pompadour; il ne reste plus maintenant que quelques bâtiments accessoires, et les restes d'une belle terrasse, contre laquelle viennent se briser les flots de la Seine, et d'où l'œil découvre une campagne éminemment romantique.
Le temps et les révolutions ont cependant respecté l'ancien pavillon des gardes, placé jadis à l'entrée de la cour d'honneur. Le style coquet des ornements de ce pavillon, qui sont dus aux ciseaux des sculpteurs les plus distingués de l'époque à laquelle il fut construit, est d'autant plus remarquable, que l'édifice se trouve placé au centre d'un site dont les habitants du pays ne paraissent guère apprécier l'aspect pittoresque.
La route de Versailles passe sous les fenêtres de ce petit édifice; mais cette route, tracée en cet endroit au milieu d'un bouquet d'arbres de haute futaie, est très-peu fréquentée. On peut donc, lorsque le ciel est pur, aller de ce côté, s'asseoir au pied d'un vieux marronnier ou d'un chêne séculaire, sans craindre que les chants discordants de quelque rustre, ou les clameurs avinées de quelques bons drilles en goguettes, ne viennent interrompre les douces rêveries auxquelles on s'est livré.
De la cour d'honneur devant laquelle se trouvait placé ce pavillon, on a fait un jardin potager; de succulents légumes croissent paisiblement sur le sol foulé anciennement par les spirituels gentilshommes, les belles et nobles dames et les jolis petits pages du temps de Louis le Bien-Aimé; hélas! on file la laine, on teint des étoffes, on fabrique des allumettes chimiques, que savons-nous, dans ce qui reste des bâtiments du château de madame de Pompadour. Celui qui serait venu dire à l'orgueilleuse marquise, que moins d'un siècle après sa mort, il ne resterait plus de sa noble demeure, que quelques bâtiments ruinés et un pauvre petit pavillon, qui, bientôt, sans doute, disparaîtra à son tour, celui-là, certes, aurait été accueilli par un immense éclat de rire. Etait-il en effet possible de croire que ce beau château, si solidement bâti, durerait moins que les gravures qu'on a faites au temps de sa splendeur, et dont nous avons vu un exemplaire, entouré d'un modeste cadre de bois noir, chez un habitant de Choisy-le-Roi, qui le conserve comme une précieuse relique.
Le chemin de fer de Paris à Orléans a pris une partie notable de la magnifique terrasse qui existait autrefois devant le château, du côté de la Seine. Ce qui en reste est encore aujourd'hui le point le plus élevé de Choisy-le-Roi; rien de plus riant, de plus animé, de plus attrayant, que le paysage qui frappe les regards du spectateur qui s'y trouve placé par une belle journée d'été.
Les bords de la Seine, à cet endroit, sont couverts d'une végétation luxuriante et semés de jolies habitations qui se détachent blanches sur le fond vert du paysage, et se mirent dans le fleuve dont les ondes argentées coulent entre deux rives fleuries; souvent le clapotement de l'eau et une colonne de fumée qui