LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан

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LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан

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parlez-moi franchement… En moi aussi vous pouvez avoir confiance.

      – Eh bien, M. Ribeira est venu tantôt. Il m’a dit qu’il était envoyé par une dame française de passage à Bougival, que cette dame avait une petite fille dont elle désirait me confier l’éducation, et qu’elle me priait de venir sans retard. La chose me parut toute naturelle. Et comme c’est aujourd’hui congé, comme M. Ribeira avait loué une voiture qui l’attendait au bout du chemin, je ne fis point de difficulté pour y prendre place.

      – Mais enfin, quel était son but ? Elle rougit et prononça :

      – M’enlever tout simplement. Au bout d’une demi-heure il me l’avouait.

      – Vous ne savez rien sur lui ?

      – Non.

      – Il demeure à Paris ?

      – Je le suppose.

      – Il ne vous a pas écrit ? Vous n’avez pas quelques lignes de sa main, un objet oublié, un indice qui puisse nous servir ?

      – Aucune indice… Ah ! Cependant… mais cela n’a sans doute aucune importance…

      – Parlez !… parlez !… je vous en prie.

      – Eh bien, il y a deux jours, ce monsieur m’a demandé la permission d’utiliser la machine à écrire dont je me sers, et il a composé – difficilement, car il n’était pas exercé – une lettre dont j’ai surpris par hasard l’adresse.

      – Et cette adresse ?

      – Il écrivait au Journal, et il glissa dans l’enveloppe une vingtaine de timbres.

      – Oui, la petite correspondance sans doute, fit Lenormand.

      – J’ai le numéro d’aujourd’hui, chef, dit Gourel.

      M. Lenormand déplia la feuille et consulta la huitième page. Après un instant il eut un sursaut. Il avait lu cette phrase rédigée avec les abréviations d’usage :

       Nous informons toute personne connaissant M. Steinweg que nous voudrions savoir s’il est à Paris, et son adresse. Répondre par la même voie.

      – Steinweg, s’écria Gourel, mais c’est précisément l’individu que Dieuzy nous amène.

      « Oui, oui, fit M. Lenormand en lui-même, c’est l’homme dont j’ai intercepté la lettre à Kesselbach, l’homme qui a lancé celui-ci sur la piste de Pierre Leduc… Ainsi donc, eux aussi, ils ont besoin de renseignements sur Pierre Leduc et sur son passé… Eux aussi, ils tâtonnent… »

      Il se frotta les mains : Steinweg était à sa disposition. Avant une heure Steinweg aurait parlé. Avant une heure le voile des ténèbres qui l’opprimaient et qui faisaient de l’affaire Kesselbach la plus angoissante et la plus impénétrable des affaires dont il eût poursuivi la solution, ce voile serait déchiré.

       M. Lenormand succombe

      Table des matières

      – 1 –

      À six heures du soir, M. Lenormand rentrait dans son cabinet de la Préfecture de police. Tout de suite il manda Dieuzy.

      – Ton bonhomme est là ?

      – Oui.

      – Où en es-tu avec lui ?

      – Pas bien loin. Il ne souffle pas mot. Je lui ai dit que, d’après une nouvelle ordonnance, les étrangers étaient tenus à une déclaration de séjour à la Préfecture et je l’ai conduit ici, dans le bureau de votre secrétaire.

      – Je vais l’interroger.

      Mais à ce moment un garçon survint.

      – C’est une dame, chef, qui demande à vous parler tout de suite.

      – Sa carte ?

      – Voici.

      – Mme Kesselbach ! Fais entrer.

      Lui-même il alla au-devant de la jeune femme et la pria de s’asseoir. Elle avait toujours son même regard désolé, sa mine maladive et cet air d’extrême lassitude où se révélait la détresse de sa vie.

      Elle tendit le numéro du Journal, en désignant à l’endroit de la petite correspondance la ligne où il était question du sieur Steinweg.

      – Le père Steinweg était un ami de mon mari, dit-elle, et je ne doute pas qu’il ne sache beaucoup de choses.

      – Dieuzy, fit Lenormand, amène la personne qui attend… Votre visite, madame, n’aura pas été inutile. Je vous prie seulement, quand cette personne entrera, de ne pas dire un mot.

      La porte s’ouvrit. Un homme apparut, un vieillard à collier de barbe blanche, à figure striée de rides profondes, pauvrement vêtu, l’air traqué de ces misérables qui roulent à travers le monde en quête de la pitance quotidienne.

      Il resta sur le seuil, les paupières clignotantes, regarda M. Lenormand, sembla gêné par le silence qui l’accueillait, et tourna son chapeau entre ses mains avec embarras. Mais soudain il parut stupéfait, ses yeux s’agrandirent, et il bégaya :

      – Madame… madame Kesselbach.

      Il avait vu la jeune femme.

      Et rasséréné, souriant, sans plus de timidité, il s’approcha d’elle avec un mauvais accent :

      – Ah ! Je suis content… enfin !… je croyais bien que jamais… j’étais étonné… pas de nouvelles là-bas… pas de télégramme… Et comment va ce bon Rudolf Kesselbach ?

      La jeune femme eut un geste de recul, comme frappée en plein visage, et, d’un coup, elle tomba sur une chaise et se mit à sangloter.

      – Quoi ! Eh bien, quoi ? fit Steinweg.

      M. Lenormand s’interposa aussitôt.

      – Je vois, monsieur, que vous ignorez certains événements qui ont eu lieu récemment. Il y a donc longtemps que vous êtes en voyage ?

      – Oui, trois mois… J’étais remonté jusqu’aux mines. Ensuite, je suis revenu à Capetown, d’où j’ai écrit à Rudolf. Mais en route j’ai accepté du travail à Port-Saïd. Rudolf a reçu ma lettre, je suppose ?

      – Il est absent. Je vous expliquerai les raisons de cette absence. Mais auparavant, il est un point sur lequel nous voudrions quelques renseignements. Il s’agit d’un personnage que vous avez connu, et que vous désigniez dans vos entretiens avec M. Kesselbach sous le nom de Pierre Leduc.

      – Pierre Leduc

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