LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur. Морис Леблан
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан страница 246
L’Empereur murmura :
– Il m’impressionne. J’ai peine à croire qu’un homme puisse ainsi jouer un rôle…
La demie… les trois quarts…
Lupin demeurait immobile, les poings plaqués aux tempes.
L’Empereur attendait, les yeux fixés sur un chronomètre que tenait Waldemar.
– Encore dix minutes… encore cinq…
– Waldemar, l’auto est là ? Tes hommes sont prêts ?
– Oui, Sire.
– Ton chronomètre est à sonnerie ?
– Oui, Sire.
– Au dernier coup de midi alors…
– Pourtant…
– Au dernier coup de midi, Waldemar.
Vraiment la scène avait quelque chose de tragique, cette sorte de grandeur et de solennité que prennent les heures à l’approche d’un miracle possible. Il semble que c’est la voix même du destin qui va s’exprimer.
L’Empereur ne cachait pas son angoisse. Cet aventurier bizarre qui s’appelait Arsène Lupin, et dont il connaissait la vie prodigieuse, cet homme le troublait et, quoique résolu à en finir avec toute cette histoire équivoque, il ne pouvait s’empêcher d’attendre et d’espérer.
Encore deux minutes… encore une minute. Puis ce fut par secondes que l’on compta.
Lupin paraissait endormi.
– Allons, prépare-toi, dit l’Empereur au comte.
Celui-ci s’avança vers Lupin et lui mit la main sur l’épaule.
La sonnerie argentine du chronomètre vibra… une, deux, trois, quatre, cinq…
– Waldemar, tire les poids de la vieille horloge.
Un moment de stupeur. C’était Lupin qui avait parlé, très calme.
Waldemar haussa les épaules, indigné du tutoiement.
– Obéis, Waldemar, dit l’Empereur.
– Mais oui, obéis, mon cher comte, insista Lupin qui retrouvait son ironie, c’est dans tes cordes, et tu n’as qu’à tirer sur celles de l’horloge… alternativement… une, deux… À merveille… Voilà comment ça se remontait dans l’ancien temps.
De fait le balancier fut mis en train, et l’on en perçut le tic-tac régulier.
– Les aiguilles, maintenant, dit Lupin. Mets-les un peu avant midi… Ne bouge plus… laisse-moi faire…
Il se leva et s’avança vers le cadran, à un pas de distance tout au plus, les yeux fixes, tout son être attentif.
Les douze coups retentirent, douze coups lourds, profonds.
Un long silence. Rien ne se produisit. Pourtant l’Empereur attendait, comme s’il était certain que quelque chose allait se produire. Et Waldemar ne bougeait pas, les yeux écarquillés.
Lupin, qui s’était penché sur le cadran, se redressa et murmura :
– C’est parfait… j’y suis…
Il retourna vers sa chaise et commanda :
– Waldemar, remets les aiguilles à midi moins deux minutes. Ah ! Non, mon vieux, pas à rebrousse-poil… dans le sens de la marche… Eh ! Oui, ce sera un peu long… mais que veux-tu ?
Toutes les heures et toutes les demies sonnèrent jusqu’à la demie de onze heures.
– écoute, Waldemar, dit Lupin…
Et il parlait, gravement, sans moquerie, comme ému lui-même et anxieux.
– écoute, Waldemar, tu vois sur le cadran une petite pointe arrondie qui marque la première heure ? Cette pointe branle, n’est-ce pas ? Pose dessus l’index de la main gauche et appuie. Bien. Fais de même avec ton pouce sur la pointe qui marque la troisième heure. Bien… Avec ta main droite enfonce la pointe de la huitième heure. Bien. Je te remercie. Va t’asseoir, mon cher.
Un instant, puis la grande aiguille se déplaça, effleura la douzième pointe… Et midi sonna de nouveau.
Lupin se taisait, très pâle. Dans le silence, chacun des douze coups retentit.
Au douzième coup, il y eut un bruit de déclenchement. L’horloge s’arrêta net. Le balancier s’immobilisa.
Et soudain le motif de bronze qui dominait le cadran et qui figurait une tête de bélier, s’abattit, découvrant une sorte de petite niche taillée en pleine pierre.
Dans cette niche, il y avait une cassette d’argent, ornée de ciselures.
– Ah ! fit l’Empereur… vous aviez raison.
– Vous en doutiez, Sire ? dit Lupin.
Il prit la cassette et la lui présenta.
– Que Sa Majesté veuille bien ouvrir elle-même. Les lettres qu’elle m’a donné mission de chercher sont là.
L’Empereur souleva le couvercle, et parut très étonné…
La cassette était vide.
– 3 –
La cassette était vide !
Ce fut un coup de théâtre, énorme, imprévu. Après le succès des calculs effectués par Lupin, après la découverte si ingénieuse du secret de l’horloge, l’Empereur, pour qui la réussite finale ne faisait plus de doute, semblait confondu.
En face de lui, Lupin, blême, les mâchoires contractées, l’œil injecté de sang, grinçait de rage et de haine impuissante. Il essuya son front couvert de sueur, puis saisit vivement la cassette, la retourna, l’examina, comme s’il espérait trouver un double fond. Enfin, pour plus de certitude, dans un accès de fureur, il l’écrasa, d’une étreinte irrésistible.
Cela le soulagea. Il respira plus à l’aise.
L’Empereur lui dit :
– Qui a fait cela ?
– Toujours le même. Sire, celui qui poursuit la même route que moi et qui marche vers le même but, l’assassin de M. Kesselbach.
– Quand ?
– Cette nuit. Ah ! Sire, que ne m’avez-vous laissé libre au sortir de prison ! Libre, j’arrivais