La tulipe noire. Alexandre Dumas

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La tulipe noire - Alexandre Dumas

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      Rosa les suivit jusqu'à ce qu'ils eussent tourné l'angle de la rue.

      Alors elle rentra fermer la porte derrière elle et jeta la clef dans un puits.

      Ce bruit qui avait fait pressentir à Rosa que le peuple enfonçait la porte, était en effet celui du peuple, qui, après avoir fait évacuer la place de la prison, se ruait contre cette porte.

      Si solide qu'elle fût, et quoique le geôlier Gryphus—il faut lui rendre cette justice—se refusât obstinément d'ouvrir cette porte, on sentait qu'elle ne résisterait pas longtemps; et Gryphus, fort pâle, se demandait si mieux ne valait pas ouvrir que briser cette porte, lorsqu'il sentit qu'on le tirait doucement par l'habit.

      Il se retourna et vit Rosa.

      —Tu entends les enragés? dit-il.

      —Je les entends si bien, mon père, qu'à votre place...

      —Tu ouvrirais, n'est-ce pas?

      —Non, je laisserais enfoncer la porte.

      —Mais ils vont me tuer.

      —Oui, s'ils vous voient.

      —Comment veux-tu qu'ils ne me voient pas?

      —Cachez-vous.

      —Où cela?

      —Dans le cachot secret.

      —Mais toi, mon enfant?

      —Moi, mon père, j'y descendrai avec vous. Nous fermerons la porte sur nous et, quand ils auront quitté la prison, eh bien! nous sortirons de notre cachette.

      —Tu as pardieu raison, s'écria Gryphus; c'est étonnant, ajouta-t-il, ce qu'il y a de jugement dans cette petite tête.

      Puis, comme la porte s'ébranlait à la grande joie de la populace:

      —Venez, venez, mon père, dit Rosa en ouvrant une petite trappe.

      —Mais cependant, nos prisonniers? fit Gryphus.

      —Dieu veillera sur eux, mon père, dit la jeune fille; permettez-moi de veiller sur vous.

      Gryphus suivit sa fille, et la trappe retomba sur leur tête, juste au moment où la porte brisée donnait passage à la populace.

      Au reste, ce cachot où Rosa faisait descendre son père, et qu'on appelait le cachot secret, offrait aux deux personnages, que nous allons être forcés d'abandonner pour un instant, un sûr asile, n'étant connu que des autorités, qui parfois y enfermaient quelqu'un de ces grands coupables pour lesquels on craint quelque révolte ou quelque enlèvement.

      Le peuple se rua dans la prison en criant:

      —Mort aux traîtres! À la potence Corneille de Witt! À mort! à mort!

       Table des matières

      LES MASSACREURS

      Le jeune homme, toujours abrité par son grand chapeau, toujours s'appuyant au bras de l'officier, toujours essuyant son front et ses lèvres avec son mouchoir, le jeune homme immobile regardait seul, en un coin du Buitenhof, perdu dans l'ombre d'un auvent surplombant une boutique fermée, le spectacle que lui donnait cette populace furieuse, et qui paraissait approcher de son dénouement.

      —Oh! dit-il à l'officier, je crois que vous aviez raison, van Deken, et que l'ordre que messieurs les députés ont signé est le véritable ordre de mort de monsieur Corneille. Entendez-vous ce peuple? Il en veut décidément beaucoup aux MM. de Witt!

      —En vérité, dit l'officier, je n'ai jamais entendu de clameurs pareilles.

      —Il faut croire qu'ils ont trouvé la prison de notre homme. Ah! tenez, cette fenêtre n'était-elle pas celle de la chambre où a été enfermé M. Corneille?

      En effet, un homme saisissait à pleines mains et secouait violemment le treillage de fer qui fermait la fenêtre du cachot de Corneille, et que celui-ci venait de quitter il n'y avait pas plus de dix minutes.

      —Hourra! hourra! criait cet homme, il n'y est plus!

      —Comment, il n'y est plus? demandèrent de la rue ceux qui, arrivés les derniers, ne pouvaient entrer tant la prison était pleine.

      —Non! non! répétait l'homme furieux, il n'y est plus, il faut qu'il se soit sauvé.

      —Que dit donc cet homme? demanda en pâlissant l'Altesse.

      —Oh! monseigneur, il dit une nouvelle qui serait bien heureuse si elle était vraie.

      —Oui, sans doute, ce serait une bienheureuse nouvelle si elle était vraie, dit le jeune homme; malheureusement elle ne peut pas l'être.

      —Cependant, voyez... dit l'officier.

      En effet, d'autres visages furieux, grinçant de colère, se montraient aux fenêtres en criant:

      —Sauvé! évadé! ils l'ont fait fuir.

      Et le peuple resté dans la rue, répétait avec d'effroyables imprécations:

      —Sauvés! évadés! courons après eux, poursuivons-les!

      —Monseigneur, il paraît que M. Corneille de Witt est bien réellement sauvé, dit l'officier.

      —Oui, de la prison, peut-être, répondit celui-ci, mais pas de la ville; vous verrez, van Deken, que le pauvre homme trouvera fermée la porte qu'il croyait trouver ouverte.

      —L'ordre de fermer les portes de la ville a-t-il donc été donné, monseigneur?

      —Non, je ne crois pas, qui aurait donné cet ordre?

      —Eh bien! qui vous fait supposer?

      —Il y a des fatalités, répondit négligemment l'Altesse, et les plus grands hommes sont parfois tombés victimes de ces fatalités-là.

      L'officier sentit à ces mots courir un frisson dans ses veines, car il comprit que, d'une façon ou de l'autre, le prisonnier était perdu.

      En ce moment, les rugissements de la foule éclataient comme un tonnerre, car il était bien démontré que Cornélius de Witt n'était plus dans la prison.

      En effet, Corneille et Jean, après avoir longé le vivier, avaient pris la grande rue qui conduit au Tol-Hek, tout en recommandant au cocher de ralentir le pas de ses chevaux pour que le passage de leur carrosse n'éveillât aucun soupçon.

      Mais arrivé au milieu de cette rue, quand il vit de loin la grille, quand il sentit qu'il laissait derrière lui la prison et la mort et qu'il avait devant lui la vie et la liberté, le cocher négligea toute précaution et mit le carrosse au galop.

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