Les Aventures d'Arsène Lupin (La collection complète). Морис Леблан

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Les Aventures d'Arsène Lupin (La collection complète) - Морис Леблан

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nous verrons, dit Varin avec un tel accent de rage que Mme Andermatt étouffa un faible cri.

      Il dut l’entendre, car il voulut passer de force. M. Andermatt le repoussa violemment. Alors je le vis qui glissait sa main dans la poche de son veston.

      – Une dernière fois !

      – Les lettres d’abord.

      Varin tira un revolver et, visant M. Andermatt :

      – Oui ou non ?

      Le banquier se baissa vivement.

      Un coup de feu jaillit. L’arme tomba.

      Je fus stupéfait. C’était près de moi que le coup de feu avait jailli ! Et c’était Daspry qui, d’une balle de pistolet, avait fait sauter l’arme de la main d’Alfred Varin !

      Et dressé subitement entre les deux adversaires, face à Varin, il ricanait :

      – Vous avez de la veine, mon ami, une rude veine. C’est la main que je visais, et c’est le revolver que j’atteins.

      Tous deux le contemplaient, immobiles et confondus. Il dit au banquier :

      – Vous m’excuserez, monsieur, de me mêler de ce qui ne me regarde pas. Mais vraiment vous jouez votre partie avec trop de maladresse. Permettez-moi de tenir les cartes.

      Se tournant vers l’autre :

      – À nous deux, camarade. Et rondement, je t’en prie. L’atout est cœur, et je joue le sept.

      Et, à trois pouces du nez, il lui colla la plaque de fer où les sept points rouges étaient marqués.

      Jamais il ne m’a été donné de voir un tel bouleversement. Livide, les yeux écarquillés, les traits tordus d’angoisse, l’homme semblait hypnotisé par l’image qui s’offrait à lui.

      – Qui êtes-vous ? balbutia-t-il.

      – Je l’ai déjà dit, un monsieur qui s’occupe de ce qui ne le regarde pas… mais qui s’en occupe à fond.

      – Que voulezvous ?

      – Tout ce que tu as apporté.

      – Je n’ai rien apporté.

      – Si, sans quoi, tu ne serais pas venu. Tu as reçu ce matin un mot te convoquant ici pour neuf heures, et t’enjoignant d’apporter tous les papiers que tu avais. Or te voici. Où sont les papiers ?

      Il y avait dans la voix de Daspry, il y avait dans son attitude, une autorité qui me déconcertait, une façon d’agir toute nouvelle chez cet homme plutôt nonchalant d’ordinaire et doux. Absolument dompté, Varin désigna l’une de ses poches.

      – Les papiers sont là.

      – Ils y sont tous ?

      – Oui.

      – Tous ceux que tu as trouvés dans la serviette de Louis Lacombe et que tu as vendus au major von Lieben ?

      – Oui.

      – Est-ce la copie ou l’original ?

      – L’original.

      – Combien en veux-tu ?

      – Cent mille.

      Daspry s’esclaffa.

      – Tu es fou. Le major ne t’en a donné que vingt mille. Vingt mille jetés à l’eau, puisque les essais ont manqué.

      – On n’a pas su se servir des plans.

      – Les plans sont incomplets.

      – Alors, pourquoi me les demandez-vous ?

      – J’en ai besoin. Je t’en offre cinq mille francs. Pas un sou de plus.

      – Dix mille. Pas un sou de moins.

      – Accordé.

      Daspry revint à M. Andermatt.

      – Veuillez signer un chèque, monsieur.

      – Mais c’est que je n’ai pas…

      – Votre carnet ? Le voici.

      Ahuri, M. Andermatt palpa le carnet que lui tendait Daspry.

      – C’est bien à moi… Comment se fait-il ?

      – Pas de vaines paroles, je vous en prie, cher monsieur, vous n’avez qu’à signer.

      Le banquier tira son stylographe et signa. Varin avança la main.

      – Bas les pattes, fit Daspry, tout n’est pas fini.

      Et s’adressant au banquier :

      – Il était question aussi de lettres que vous réclamez ?

      – Oui, un paquet de lettres.

      – Où sont-elles, Varin ?

      – Je ne les ai pas.

      – Où sont-elles, Varin ?

      – Je l’ignore. C’est mon frère qui s’en est chargé.

      – Elles sont cachées ici, dans cette pièce.

      – En ce cas, vous savez où elles sont.

      – Comment le saurais-je ?

      – Dame, n’est-ce pas vous qui avez visité la cachette ? Vous paraissez aussi bien renseigné que Salvator.

      – Les lettres ne sont pas dans la cachette.

      – Elles y sont.

      –Ouvre-la.

      Varin eut un regard de méfiance. Daspry et Salvator ne faisaient-ils qu’un réellement, comme tout le laissait présumer ? Si oui, il ne risquait rien en montrant une cachette déjà connue. Sinon, c’était inutile…

      – Ouvre-la, répéta Daspry.

      – Je n’ai pas de sept de cœur.

      – Si, celui-là, dit Daspry, en tendant la plaque de fer.

      Varin recula terrifié :

      – Non… non… je ne veux pas…

      – Qu’à cela ne tienne…

      Daspry se dirigea vers le vieux monarque à la barbe fleurie, monta sur une chaise, et appliqua le sept de cœur au bas du glaive, contre la garde, et de façon que les bords de la plaque recouvrissent exactement les deux bords de l’épée. Puis, avec l’aide d’un poinçon qu’il introduisit tour à tour dans chacun

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