L'ancien Figaro. Anonymous
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Lundi, 24 juillet 1826.
RÉSUMÉ DE L’HISTOIRE DES PAPES
On déclame beaucoup aujourd’hui contre les usurpations des jésuites et les envahissements du spirituel sur le temporel, et il n’en résulte que beaucoup de bruit sans que le pape et le clergé s’en inquiètent le moins du monde. Que redouter, en effet, d’allégations vagues et mal fondées? Ce sont les faits qui tuent, et non les mots.
Aussi n’hésitons-nous pas à placer, en tête des ouvrages qui traitent cette matière, le Résumé de l’histoire des Papes. L’auteur donne rapidement, et en peu de mots, l’esquisse de la vie de chaque pontife. Peu de réflexions et beaucoup de détails, voilà comme il faut écrire l’histoire abrégée. Mais ce qui distingue surtout cet ouvrage, c’est un ton de gravité qui était commandé par le sujet, et que l’auteur n’abandonne jamais. C’est un mérite de plus, qu’au temps qui court on ne saurait trop apprécier.
Le pape, dit Montesquieu, est une vieille idole qu’on encense par habitude; il aurait pu ajouter par faiblesse et par superstition. L’histoire offre-t-elle rien de plus déplorable que l’excommunication de l’empereur Henri IV, et n’y a-t-il pas quelque chose de révoltant dans la défection de ses sujets dès qu’il fut condamné par l’ambitieux Grégoire?
Quoique la chaire de saint Pierre ait été souvent occupée par des hommes vraiment vertueux, on y a vu s’asseoir assez de pontifes indignes pour ne pas souhaiter de la voir dominer sur tous les trônes chrétiens. Et, d’ailleurs, où sont les titres de l’évêque de Rome à cette suprématie universelle qui ne soient mis au néant par chaque page de l’histoire?
Il est assez singulier que, dans le nombre des successeurs de saint Pierre, une femme ait figuré, les uns disent pendant deux ans et demi, les autres disent pendant cinq mois. En 854, un prêtre, connu sous le nom de Jean d’Anglican, fut élu après la mort de Léon IV. Un jour que, revêtu des habits pontificaux, il se rendait processionnellement à Saint-Jean de Latran, il parut éprouver des douleurs très-vives que ses efforts pour les cacher augmentèrent encore. Enfin le pape accoucha, ou plutôt la papesse, car c’était une femme, entre le Colisée et Saint-Clément; elle mourut sur la place même. Un monument d’expiation y fut élevé et subsista jusqu’au pontificat de Pie V, qui le fit détruire. De là vint la coutume de faire asseoir le nouveau pape sur un siége creusé, de manière qu’un homme pouvait passer dessous et s’assurer du sexe. Aussitôt cette opération faite, on s’écriait: Papam virum habemus.
COUPS DE LANCETTE.
Monsieur de Montlosier a demandé au préfet de police la permission de porter une cuirasse sous ses habits.
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On annonce un prochain changement de ministère.—Quel bonheur!... Mais ce n’est qu’en Angleterre.
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Une Excellence, ayant entendu parler des conversions d’un révérend, répéta avec joie: «C’est donc un diable que cet homme-là?—Non, monsieur, c’est l’abbé G...»
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Depuis que l’abbé G... a fait brûler Voltaire et Rousseau, on sait de quel bois les jésuites se chauffent.
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Le général D... porte son épée comme un homme de cœur; cela ne dit pas qu’il soit brave.
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Madame de G..., craignant de ne plus faire parler d’elle, après sa mort, vient de prier M. Auger de lui composer son épitaphe. La voici:
Ci-gît, mère de cent enfants,
Des comtesses la plus féconde;
Elle a fait du bruit dans le monde,
Elle y parla quatre-vingts ans.
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Madame de Genlis ne croit pas aux jésuites, parce qu’elle n’en a pas connu avant la révolution.
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C’était, avant-hier, la fête de Montrouge; MM. les jésuites se sont livrés à leur gaieté naturelle. Après un repas délicat, toute la confrérie a entonné en chœur ce doux refrain:
Il faut leur percer le flanc,
Plan, plan, rataplan, etc., etc.
Montrouge, dont Figaro parle à chaque instant, et que le Courrier français appelait «l’antre du fanatisme,» est la petite commune aux portes de Paris où les jésuites avaient fondé une maison mère. A Montrouge se tenait le conseil supérieur, dont les instructions et les commandements volaient avec une inconcevable rapidité d’un bout de la France à l’autre. «Les télégraphes jésuitiques de Montrouge, dit un journal, l’emportent sur les signaux du gouvernement.»
«Montrouge, disait un autre journal, c’est le jésuitisme, le foyer de la congrégation, le vrai siége du gouvernement.»
Qu’est-ce donc que ce joujou-là? demandait un enfant à un frère ignorantin, en lui montrant un canif.
—Mon fils, lui répondit l’élève de Montrouge, c’est un instrument qui sert à corriger les rois.
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Le Moniteur prépare une circulaire pour annoncer à l’Europe qu’il est le plus spirituel, le plus amusant, le meilleur des journaux littéraires... Nous croyions que c’était la Pandore.
Samedi, 29 juillet 1826.
VIEUX CONTE S’IL EN FUT JAMAIS
Or, il advint dans un pays de jubilé, par delà des montagnes bien hautes, qu’un jour il y eut grand aria, comme on dit. Voilà que tout à coup il n’y avait rien dans les coffres, rien dans la cave, rien au grenier, ni foin ni paille, rien enfin à mettre sous la dent. Quand il n’y a point de foin au râtelier, les ânes se battent. Mais il faut manger, quoiqu’on se batte; les uns firent ceci, les autres cela, tous firent de travers et cheminèrent de mal en pis. «Parbleu, dit un jour celui qui avait la plus belle plume au chapeau (bien qu’elle fût toute sale) et les plus beaux hauts-de-chausses (bien qu’ils fussent de pièces et de morceaux), si nous allons de ce train-là, nous n’irons pas loin; vite un tambour, et qu’on aille tambouriner partout pour que chacun vienne de suite, réflexion en poche et sabre au côté pour couper ce nœud gordien-là.» Un chacun réuni, après les dits et redits, le bourdon d’une grosse cloche coupa court, et l’on patenôtra cinq à six Orémus. Puis l’homme à la plume, d’un ton dolent, crachant à droite, éternuant à gauche, à quoi l’on repartit: Dieu vous bénisse, s’escrima ainsi, sur les choses du moment, avec un accent le plus solennel du monde: «Mes très-chers frères, saint Ignace (ici ceux qui étaient derrière les autres donnèrent un grand coup de front