Les voyageurs du XIXe siècle. Jules Verne
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Jules Verne
Les voyageurs du XIXe siècle
Publié par Good Press, 2021
EAN 4064066074371
Table des matières
CHAPITRE PREMIER L'AURORE D'UN SIÈCLE DE DÉCOUVERTES
CHAPITRE II L'EXPLORATION ET LA COLONISATION DE L'AFRIQUE
CHAPITRE III LE MOUVEMENT SCIENTIFIQUE ORIENTAL ET LES EXPLORATIONS AMÉRICAINES
CHAPITRE I LES CIRCUMNAVIGATEURS ÉTRANGERS
CHAPITRE II LES CIRCUMNAVIGATEURS FRANÇAIS
CHAPITRE III LES EXPÉDITIONS POLAIRES
AVERTISSEMENT
L'Histoire des grands Voyages et des grands Voyageurs, telle que je l'avais comprise quand j'en ai publié la première partie, devait avoir pour but de résumer l'histoire de la Découverte de la Terre. Grâce aux dernières découvertes, cette histoire va prendre une extension considérable. Elle comprendra, non seulement toutes les explorations passées, mais encore toutes les explorations nouvelles qui ont intéressé le monde savant à des époques récentes. Pour donner à cette œuvre, forcément agrandie par les derniers travaux des voyageurs modernes, toutes les garanties qu'elle comporte, j'ai appelé à mon aide un homme que je considère à bon droit comme un des géographes les plus compétents de notre époque: M. Gabriel Marcel, attaché à la Bibliothèque Nationale.
Grâce à sa connaissance de quelques langues étrangères qui me sont inconnues, nous avons pu remonter aux sources mêmes et ne rien emprunter qu'à des documents absolument originaux. Nos lecteurs feront donc au concours de M. Marcel la part à laquelle il a droit dans cet ouvrage, qui mettra en lumière ce qu'ont été tous les grands voyageurs, depuis Hannon et Hérodote jusqu'aux explorateurs contemporains.
Notre œuvre suivra, à vingt-cinq années de distance, un ouvrage inspiré par la même pensée: les Voyageurs anciens et modernes, de M. Édouard Charton. Cet utile et excellent ouvrage d'un des hommes qui ont le plus contribué à faire naître en France le goût des études géographiques, se compose surtout de choix et d'extraits empruntés aux relations des principaux voyageurs. On voit en quoi le nôtre en diffère.
Jules VERNE.
LES VOYAGEURS DU XIXe SIÈCLE
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
L'AURORE D'UN SIÈCLE DE DÉCOUVERTES
Ralentissement des découvertes pendant les luttes de la République et de l'Empire.—Voyages de Seetzen en Syrie et en Palestine.—Le Haouran et le périple de la mer Morte.—La Décapole.—Voyage en Arabie.—Burckhardt en Syrie.—Courses en Nubie sur les deux rives du Nil.—Pèlerinage à la Mecque et à Médine.—Les Anglais dans l'Inde.—Webb aux sources du Gange.—Relation d'un voyage dans le Penjab.—Christie et Pottinger dans le Sindhy.—Les mêmes explorateurs à travers le Béloutchistan jusqu'en Perse.—Elphinstone en Afghanistan.—La Perse d'après Gardanne, Ad. Dupré, Morier, Macdonald-Kinneir, Price et Ouseley.—Guldenstædt et Klaproth dans le Caucase.—Lewis et Clarke dans les montagnes Rocheuses.—Raffles à Sumatra et à Java.
La fin du XVIIIe siècle et le commencement du XIXe sont marqués par un sensible ralentissement dans la voie des grandes découvertes géographiques.
Nous avons vu la République française organiser l'expédition à la recherche de La Pérouse et l'importante croisière du capitaine Baudin sur les côtes de l'Australie. Ce sont là les seuls témoignages d'intérêt que les passions déchaînées et les luttes fratricides permirent au gouvernement de donner à cette science pourtant si française, la géographie.
Plus tard, en Égypte, Bonaparte s'entoura d'un état-major de savants et d'artistes distingués. Alors furent réunis les matériaux de ce grand et bel ouvrage qui, le premier, donna une idée exacte, bien qu'incomplète, de l'antique civilisation de la terre des Pharaons. Mais, lorsque Napoléon eut complètement «percé sous Bonaparte», l'égoïste souverain, sacrifiant tout à sa détestable passion, la guerre, ne voulut plus entendre parler d'explorations, de voyages, de découvertes à faire. C'étaient de l'argent et des hommes qu'on lui aurait volés. La consommation qu'il en faisait était trop grande pour qu'il permît ce futile gaspillage. On le vit bien, lorsqu'il céda pour quelques millions, aux États-Unis, le dernier débris de notre empire colonial en Amérique.
Fort heureusement, les autres peuples n'étaient pas opprimés par cette main de fer. Bien qu'absorbés par leur lutte contre la France, ils trouvaient encore des volontaires qui étendaient le champ des connaissances géographiques, constituaient l'archéologie sur des bases vraiment scientifiques et procédaient aux premières recherches linguistiques et ethnographiques.
Le savant géographe Malte-Brun, dans un article qu'il publia, en 1817, en tête des Nouvelles Annales des Voyages, marque, minutieusement et avec une extrême précision, l'état de nos connaissances géographiques au commencement du XIXe siècle et les nombreux «desiderata» de la science. Il fait ressortir les progrès déjà accomplis de la navigation, de l'astronomie, de la linguistique. Bien loin de cacher ses découvertes, comme l'avait fait par jalousie la Compagnie de la baie d'Hudson, la Compagnie des Indes fonde des académies, publie des mémoires, encourage les voyageurs. La guerre elle-même est utilisée, et l'armée française recueille en Égypte les matériaux d'un immense ouvrage. On va bientôt le voir, une noble émulation s'est