Tombé Pour Elle. A. C. Meyer
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"Mariana, tu as une mère tu sais ?" dit ma mère en riant.
"Salut, maman. Je sais ! Comment vas-tu ?"
"Je vais bien ! Tu sors avec Lais ? Elle a dit à sa mère qu'elle allait à Lagoa."
Nos mères sont toujours en train de cancaner et comploter pour obtenir des informations de notre part.
"Oui. J'allais justement partir, maman. Nous allons à un concert."
"Attention à toi, ma chérie. Et prenez un taxi."
"Bien sûr. A bientôt, maman." lui dis-je, amusée par notre conversation. Je chantonne encore quand je pars rejoindre Lais.
Après avoir attendu près de quarante minutes que Lais se prépare, nous avons enfin appelé Luiz, le chauffeur de taxi à qui nous confions tous nos trajets lorsque nous sortons. Nous sommes excitées, nous rions et plaisantons tout le long du chemin, jusqu'à ce que Lais devienne soudainement sérieuse.
"Quoi ?" Je lui demande, inquiète.
"Je ne sais pas, j'ai... Un étrange pressentiment."
"Étrange comment ? Oh, mon Dieu ! Je déteste ces histoires de sixième sens." dis-je d'un ton geignard. Il semble qu'à chaque fois que quelqu'un dit avoir un étrange pressentiment, quelque chose d'affreux arrive. Luiz me regarde et fait le signe de croix trois fois.
"Je ne sais pas... Comme si quelque chose allait se passer, tu sais ? Quelque chose d'énorme."
"Peut-être que tu vas te trouver un petit ami." dit Luiz, et nous rions tous les deux.
"Oh, Luiz, je ne pense pas. Il y a plein de gens riches là où nous allons. Ils ne nous regarderont même pas. Et si nous leur disons où nous vivons, ils prendront leurs jambes à leur cou. Nous y allons juste pour danser et nous amuser." dit Lais et nous rions ensemble.
Et elle a raison. Quasiment à chaque fois que nous sortons, si nous rencontrons des mecs qui vivent dans le sud de la ville, rien ne se passe. Nous savons qu'il y a le problème de la distance, et c'est compréhensible. Ils habitent loin, avec beaucoup de belles femmes qui vivent dans leur voisinage. Aucun homme ne veut ce genre de complication ; à moins d'être fou amoureux.
“Tant pis pour eux. Vous êtes gentilles, jolies et vous avez un job. Si mon fils était un peu plus âgé, je l'encouragerais à sortir avec l'une de vous." dit Luiz, et Lais et moi rions en pensant à son adorable garçon de douze ans.
En peu de temps, nous traversons le tunnel et arrivons dans le beau quartier de Lagoa. Il fait chaud et la nuit étoilée augure une super soirée. Luiz arrête le taxi devant le bar, nous le payons et il nous dit d'appeler quand nous voudrons rentrer. Nous avons toujours procédé de cette façon.
Barzinho est une vieille maison en briques qui abritait autrefois un club privé. Le bar est au rez-de-chaussée, et les tables sont occupées par des clients qui sirotent leurs boissons. A l'étage, il y a une piste de danse avec une petite scène.
"Tu veux boire quelque chose, Mari ?" demande Lais. Je lui fais "non" de la tête, car je meurs d'envie de danser. Elle m'a comprise et se met à rire. Nous montons l'escalier, qui est bondé.
Le groupe est en train de jouer une de mes chansons préférées. Nous sommes arrivées depuis à peine une minute, mais Lais et moi sommes déjà en train de danser et chanter. Quand le rythme de la musique ralentit, je réalise à quel point j'aimerais avoir quelqu'un à mes côtés, pour me tenir compagnie. Même si j'ai souvent été déçue par mes relations amoureuses, ce serait bien d'avoir quelqu'un avec qui danser un slow.
Les heures passent et nous chantons toutes les chansons que le groupe joue. Lais et moi dansons, parlons et rions.
Je suis en train de chanter quand un sentiment étrange s'empare de moi. C'est comme une étrange vibration ; comme l'appel de quelqu'un, mais je ne sais pas d'où ça vient. Je regarde autour de moi et ne vois rien, mais je sens des papillons dans mon ventre et des picotements sur ma nuque. Si j'avais bu de l'alcool, je mettrais cela sur le coup de l'ivresse, mais nous n'en avons pas bu une seule goutte. Enfin, je tombe sur une paire d'yeux bruns séduisants et familiers. Quand je vois ses fossettes, je me sens soudainement prise de vertige.
Que suis-je censée faire quand là, dans le club, mon patron sexy me regarde comme si j'étais une délicieuse glace ? Bien sûr, une seule chose m’est venue à l’esprit... Je me suis enfuie !
Je n'ai pas l'habitude de sortir le vendredi soir, surtout après un voyage ; mais Rodrigo a tellement insisté que je n'ai pas pu refuser. Un de nos amis d'université fête son anniversaire et Barzinho est près de chez lui.
"On y va, on reste une heure ou deux, puis on rentre." "Tu te fais vieux, mon gars !" se plaint Rodrigo. Je finis par accepter de les suivre. C'est plus simple que refuser et me l'entendre rabâcher pour le reste de ma vie.
Après mon vol, je rentre à la maison et prends une douche rapide. Je ne prends même pas la peine de me raser. Je mets un jeans et une chemise blanche.
Ce que j'avais espéré être une soirée tranquille, à discuter entre amis, se transforme rapidement. Je viens d'entrer dans le club quand je sens quelque chose dans l'air. C'est troublant, comme si quelque chose est sur le point de se produire. Je regarde autour de moi. Rodrigo nous raconte une histoire drôle et soudain je la vois. Enfin, je crois que je la vois. Elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Mais je suis sûr d'avoir vu Mari danser. Je ne peux pas être si lié à elle que je m'imagine déjà des choses.
Je regarde attentivement autour de moi et je ne la vois plus. Mon Dieu, peut-être que je deviens vraiment fou. Je hausse les épaules et essaie d'oublier son sourire, quand Rodrigo annonce qu'il part en chasse. Sa remarque me fait rire et je l'observe en essayant de deviner qui sera sa "proie". Mon cœur bat la chamade et pendant une seconde, je me demande si je vais devoir me battre contre mon ami, mais il se tourne pour parler à la blondinette à côté d'Elle. Oui, Elle. Je savais que je n'étais pas fou.
Je reste en retrait, où elle ne peut pas me voir, et je l'observe simplement. Elle est si différente de la Mariana avec laquelle je travaille. Elle est belle et sexy, apprêtée et détendue. Le groupe joue et elle chante à tue-tête, comme si elle se produisait sur scène.
Pendant quelques minutes, je reste là, à admirer la femme qui a si aisément volé mon attention, comme personne auparavant. C'est drôle parce que Mari ne ressemble en rien aux femmes que je fréquente habituellement. Elles sont généralement très minces, blondes ou rousses, habillées de manière à attirer mon attention. Elle est totalement différente. Oui, elle est bien habillée et maquillée, mais elle a l'air authentique, comme une femme avec de belles courbes et non une poupée vide.