Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10. George Gordon Byron

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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 10 - George Gordon  Byron

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M. ROGERS

      4 février 1812.

      Mon Cher Monsieur,

      «Avec mes remerciemens bien sincères, j'ai à offrir à lord Holland le concours de mon opinion absolue quant à la question à poser d'abord aux ministres. Si leur réponse est négative, je me propose, avec l'approbation de sa seigneurie, de faire la motion qu'un comité soit nommé pour prendre des informations à cet égard. Je m'empresserai de profiter de ses excellens avis, et de tous les documens qu'il aurait la bonté de me confier, pour m'éclairer sur l'exposé des faits qu'il pourra être nécessaire de soumettre à la chambre.

      »D'après tout ce que j'ai pu observer moi-même durant mon dernier voyage à Newsteadt, à l'époque de Noël, je suis convaincu que, si l'on n'adopte promptement des mesures conciliatrices, l'on doit s'attendre aux conséquences les plus déplorables. Les outrages et les déprédations de jour et de nuit sont arrivés à leur comble: ce ne sont plus seulement les propriétaires des métiers qui y sont exposés à cause de leur profession; des personnes qui ne sont nullement liées avec les mécontens ou leurs oppresseurs ne sont plus à l'abri des insultes et du pillage.

      »Je vous suis très-obligé de la peine que vous vous êtes donnée pour moi, et vous prie de me croire toujours votre obligé et affectionné, etc., etc.»

      LETTRE LXXXIX

À LORD HOLLAND

      25 février 1812.

      Milord,

      «J'ai l'honneur de vous renvoyer la lettre de Nottingham, et je vous en remercie infiniment. Je l'ai lue avec beaucoup d'attention, mais je ne crois pas devoir me servir de son contenu, parce que ma manière d'envisager la chose diffère, jusqu'à un certain point, de celle de M. Coldham. Il me semble, sauf meilleur avis, qu'il ne s'oppose au bill, que parce qu'il craint, ainsi que ses confrères, de se voir accuser d'en être le premier instigateur. Pour moi, je regarde les ouvriers des manufactures comme un corps d'hommes opprimés, sacrifiés à la cupidité de certains individus qui se sont enrichis par les mêmes moyens qui ont privé les ouvriers au métier d'ouvrage. Supposons, par exemple; que, par l'emploi d'une certaine machine, un homme fasse l'ouvrage de sept, en voilà six sans occupation. Il faut observer que l'ouvrage ainsi obtenu est de beaucoup inférieur en qualité, à peine présentable sur les marchés d'Angleterre, et amoncelé bien vite pour l'exportation. Sûrement, milord, quoique nous nous réjouissions de tous les perfectionnemens dans les arts, qui peuvent être utiles au genre humain, nous ne devons pas souffrir que le genre humain soit sacrifié au perfectionnement des mécaniques. La conservation et le bien-être de la classe pauvre et industrieuse sont d'une bien autre importance pour la société que la fortune rapide de quelque monopolistes, acquise par de prétendus perfectionnemens qui privent l'ouvrier de pain en le privant d'ouvrage. J'ai vu l'état où sont réduits ces malheureux, c'est une honte pour un pays civilisé. On peut condamner leurs excès, on ne saurait s'en étonner. L'effet du bill proposé serait de les jeter dans une rébellion ouverte. Le peu de mots que je hasarderai jeudi seront l'expression de cette opinion fondée sur ce que j'ai vu moi-même sur les lieux. Si l'on ordonnait d'abord une enquête, je suis convaincu que l'on rendrait de l'ouvrage à ces hommes, et de la tranquillité au pays. Il n'est peut-être pas encore trop tard, et certes la chose vaut bien la peine d'être essayée. On en viendra toujours assez tôt à l'emploi de la force dans de telles circonstances. Je crois que votre seigneurie n'est point tout-à-fait d'accord avec moi sur ce sujet: je me soumettrai de grand cœur, et sans arrière-pensée, à son jugement supérieur et à son expérience. Je prendrai telle autre voie que vous voudrez pour attaquer le bill, ou même je me tairai tout-à-fait, si vous le jugez plus convenable. Condamnant, comme chacun doit le faire, la conduite de ces malheureux, je crois à l'existence de leurs griefs, et les trouve plus dignes de pitié que de châtimens. J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Milord,

      »De votre seigneurie,

      »Le très-humble et très-obéissant serviteur.

      BYRON.

      »P. S. Je ne suis pas sans quelque crainte que votre seigneurie ne me juge un peu trop partial envers ces hommes-là, et à demi briseur de mécaniques, moi-même.»

      C'eût été sans doute l'ambition de Lord Byron, de se faire un nom à la tribune comme dans le monde poétique; mais la nature semble ne pas permettre au même homme d'acquérir plusieurs genres de gloire à la fois. Il s'était préparé pour cette discussion, et comme l'ont fait la plupart des meilleurs orateurs, lors de leurs premiers essais, non-seulement il avait composé, mais il avait écrit d'avance la totalité de son discours. Sa réception fut des plus flatteuses; plusieurs des nobles orateurs de son côté lui adressèrent de grands complimens de félicitation. Lui-même fut on ne peut plus enchanté de son succès; on verra dans le récit suivant, de M. Dallas, à quel innocent orgueil il se livra dans cette occasion.

      «Quand il quitta la grande chambre, j'allai à sa rencontre dans le passage; il était rayonnant de joie, et paraissait fort agité. Ne présumant pas qu'il me tendrait la main, je tenais mon parapluie de la droite, de sorte que, dans mon empressement de serrer la sienne dès qu'il me la tendit, je le fis d'abord de la gauche. «Quoi! s'écria-t-il, votre main gauche à un ami, dans une telle occasion!» Je lui montrai mon parapluie pour excuse, et, le changeant aussitôt de main, je lui présentai la droite qu'il pressa et secoua avec force. Il était dans l'enchantement, il me répéta plusieurs des complimens qu'on lui avait faits, et me cita un ou deux pairs qui avaient témoigné le désir de faire sa connaissance. Il finit par me dire, toujours en parlant de son discours: mon cher, voilà la meilleure préface que je puisse vous donner pour Childe-Harold

      Ce discours en lui-même, tel qu'il nous est donné par M. Dallas, d'après le manuscrit du noble orateur, est plein de force et de mordant, et cette même sorte d'intérêt que l'on éprouve à la lecture des vers de Burke, on peut l'éprouver en lisant les essais peu nombreux de Byron dans l'éloquence oratoire.

      Je trouve, dans son Memorandum, les remarques suivantes relatives à ses essais d'éloquence parlementaire, et surtout à son premier discours.

      «Le goût de Shéridan pour moi, qu'il fût vrai ou simplement une mystification, je le devais à mes Poètes anglais et les Journalistes écossais. (Je dois croire cependant qu'il était sincère, car lady Caroline Lamb et d'autres personnes m'ont assuré lui avoir entendu exprimer la même opinion avant et après qu'il m'eût connu.) Il m'a dit plusieurs fois qu'il ne se souciait pas de la poésie (de la mienne du moins), qu'il n'aimait mes Poètes anglais que parce qu'il y voyait quelque chose qui annonçait que je deviendrais un grand orateur; si je voulais m'exercer et m'occuper des affaires parlementaires. Il ne cessa de me le répéter jusqu'à la fin; et je me rappelle que mon professeur Drury avait de moi la même idée quand j'étais enfant, mais je ne m'en suis jamais senti la vocation ni l'envie. J'ai parlé une fois ou deux, comme font tous les jeunes pairs: c'est une sorte d'entrée dans la vie publique; mais la dissipation, un peu de mauvaise honte, des opinions hautaines et réservées m'ont empêché de renouveler l'expérience. Une autre raison, c'est le peu de tems que je suis resté en Angleterre depuis ma majorité, en tout pas plus de cinq ans. Je n'avais cependant pas lieu d'être découragé, surtout à mon premier discours (je n'ai parlé que trois ou quatre fois en tout); mais peu de jours après parut Childe-Harold, et personne ne songea plus à ma prose, pas même moi; elle devint pour moi un objet secondaire et négligé; cependant, quelquefois je serais curieux de savoir si j'y aurais réussi.»

      On peut voir, dans une lettre à M. Hodgson, quelles impressions avait faites sur lui le succès de son premier discours.

      LETTRE XC

À M. HODGSON

      5 mars 1812.

      Mon

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