Le vicomte de Bragelonne, Tome II.. Dumas Alexandre

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le vicomte de Bragelonne, Tome II. - Dumas Alexandre страница 4

Le vicomte de Bragelonne, Tome II. - Dumas Alexandre

Скачать книгу

huit heures! fit d'Artagnan, si tard?

      – Vous savez que j'ai besoin de sept heures de sommeil, dit

      Aramis.

      – C'est juste.

      – Bonsoir, cher ami!

      Et il embrassa le mousquetaire avec cordialité. D'Artagnan le laissa partir.

      – Bon! dit-il quand sa porte fut fermée derrière Aramis, à cinq heures je serai sur pied.

      Puis, cette disposition arrêtée, il se coucha et mit, comme on dit, les morceaux doubles.

      Chapitre LXXIII – Où Porthos commence à être fâché d'être venu avec d'Artagnan

      À peine d'Artagnan avait-il éteint sa bougie, qu'Aramis, qui guettait à travers ses rideaux le dernier soupir de la lumière chez son ami, traversa le corridor sur la pointe du pied et passa chez Porthos. Le géant, couché depuis une heure et demie à peu près, se prélassait sur l'édredon. Il était dans ce calme heureux du premier sommeil qui, chez Porthos, résistait au bruit des cloches et du canon. Sa tête nageait dans ce doux balancement qui rappelle le mouvement moelleux d'un navire. Une minute de plus, Porthos allait rêver.

      La porte de sa chambre s'ouvrit doucement sous la pression délicate de la main d'Aramis.

      L'évêque s'approcha du dormeur. Un épais tapis assourdissait le bruit de ses pas; d'ailleurs, Porthos ronflait de façon à éteindre tout autre bruit.

      Il lui posa une main sur l'épaule.

      – Allons, dit-il, allons, mon cher Porthos.

      La voix d'Aramis était douce et affectueuse, mais elle renfermait plus qu'un avis, elle renfermait un ordre. Sa main était légère, mais elle indiquait un danger.

      Porthos entendit la voix et sentit la main d'Aramis au fond de son sommeil.

      Il tressaillit.

      – Qui va là? dit-il avec sa voix de géant.

      – Chut! c'est moi, dit Aramis.

      – Vous, cher ami! et pourquoi diable m'éveillez-vous?

      – Pour vous dire qu'il faut partir.

      – Partir?

      – Oui.

      – Pour où?

      – Pour Paris.

      Porthos bondit dans son lit et retomba assis en fixant sur Aramis ses gros yeux effarés.

      – Pour Paris?

      – Oui.

      – Cent lieues! fit-il.

      – Cent quatre, répliqua l'évêque.

      – Ah! mon Dieu! soupira Porthos en se recouchant, pareil à ces enfants qui luttent avec leur bonne pour gagner une heure ou deux de sommeil.

      – Trente heures de cheval, ajouta résolument Aramis. Vous savez qu'il y a de bons relais.

      Porthos bougea une jambe en laissant échapper un gémissement.

      – Allons! allons! cher ami, insista le prélat avec une sorte d'impatience.

      Porthos tira l'autre jambe du lit.

      – Et c'est absolument nécessaire que je parte? dit-il.

      – De toute nécessité.

      Porthos se dressa sur ses jambes et commença d'ébranler le plancher et les murs de son pas de statue.

      – Chut! pour l'amour de Dieu, mon cher Porthos! dit Aramis; vous allez réveiller quelqu'un.

      – Ah! c'est vrai, répondit Porthos d'une voix de tonnerre; j'oubliais; mais, soyez tranquille, je m'observerai. Et, en disant ces mots, il fit tomber une ceinture chargée de son épée, de ses pistolets et d'une bourse dont les écus s'échappèrent avec un bruit vibrant et prolongé.

      Ce bruit fit bouillir le sang d'Aramis, tandis qu'il provoquait chez Porthos un formidable éclat de rire.

      – Que c'est bizarre! dit-il de sa même voix.

      – Plus bas, Porthos, plus bas, donc!

      – C'est vrai.

      Et il baissa en effet la voix d'un demi-ton.

      – Je disais donc, continua Porthos, que c'est bizarre qu'on ne soit jamais aussi lent que lorsqu'on veut se presser, aussi bruyant que lorsqu'on désire être muet.

      – Oui, c'est vrai; mais faisons mentir le proverbe, Porthos, hâtons-nous et taisons-nous.

      – Vous voyez que je fais de mon mieux, dit Porthos en passant son haut-de-chausses.

      – Très bien.

      – Il paraît que c'est pressé?

      – C'est plus que pressé, c'est grave, Porthos.

      – Oh! oh!

      – D'Artagnan vous a questionné, n'est-ce pas?

      – Moi?

      – Oui, à Belle-Île?

      – Pas le moins du monde.

      – Vous en êtes bien sûr, Porthos?

      – Parbleu!

      – C'est impossible. Souvenez-vous bien.

      – Il m'a demandé ce que je faisais, je lui ai dit: «De la topographie.» J'aurais voulu dire un autre mot dont vous vous étiez servi un jour.

      – De la castramétation?

      – C'est cela; mais je n'ai jamais pu me le rappeler.

      – Tant mieux! Que vous a-t-il demandé encore?

      – Ce que c'était que M. Gétard.

      – Et encore?

      – Ce que c'était que M. Jupenet.

      – Il n'a pas vu notre plan de fortifications, par hasard?

      – Si fait.

      – Ah! diable!

      – Mais soyez tranquille, j'avais effacé votre écriture avec de la gomme. Impossible de supposer que vous avez bien voulu me donner quelque avis dans ce travail.

      – Il a de bien bons yeux, notre ami.

      – Que craignez-vous?

      – Je crains que tout ne soit découvert, Porthos; il s'agit donc de prévenir un grand malheur. J'ai donné l'ordre à mes gens de fermer toutes les portes. On ne laissera point sortir d'Artagnan

Скачать книгу