Une Cour de Voleurs . Морган Райс

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Une Cour de Voleurs  - Морган Райс Un Trône pour des Sœurs

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l'orphelinat. Les rues avaient été presque aussi violentes avec leurs prédateurs et leur cruel manque de soin pour ceux qui finissaient entre leurs mains. Même au palais, pour chaque bonne âme, il y avait eu une personne comme Milady d’Angelica qui avait l'air de se réjouir que sa position lui donne le pouvoir d'être cruelle avec les autres. Sophia méditait sur un monde qui était rempli de guerres et de cruauté humaine et se demandait comment il avait pu devenir un endroit aussi impitoyable.

      Sophia essayait de penser à des choses plus tendres mais ce n'était pas facile. Elle commença à penser à Sebastian mais, en vérité, cela lui faisait trop mal. Tout avait eu l'air vraiment parfait entre eux puis, quand il avait découvert ce qu'elle était … tout s'était effondré à une telle vitesse que, maintenant, Sophia avait l'impression d'avoir le cœur en cendres. Il n'avait même pas essayé de se révolter contre sa mère ou de rester avec Sophia. Il s'était contenté de la chasser.

      Alors, Sophia pensa à Kate et, en pensant à elle, elle eut à nouveau envie de l'appeler à l'aide une fois de plus. Elle lui envoya un autre appel alors que l'aube teintait le ciel de ses premières lueurs mais, malgré ses efforts, rien en se produisit. Pire encore, penser à sa sœur lui rappela surtout des souvenirs de moments difficiles à l'orphelinat, ou d'autres choses plus anciennes.

      Sophia pensa au feu. A l'attaque. Quand c'était arrivé, elle avait été si jeune que, maintenant, elle s'en souvenait tout juste. Elle se souvenait du visage de sa mère et du visage de son père mais pas de leur voix, mis à part au moment où ils lui avaient ordonné de s'enfuir. Elle se souvenait qu'il avait fallu qu'elle s'enfuie mais ne se souvenait de presque rien avant ça. Il y avait eu un cheval à bascule en bois, une grande maison où il avait été facile de jouer à se perdre, une nounou …

      C'était tout ce que Sophia arrivait à extraire de sa mémoire. La Maison des Oubliés avait presque entièrement recouvert ses souvenirs d'un miasme de douleur et il était donc difficile de se souvenir d'autre chose que des corrections et des meules, que de la soumission obligatoire et de la terreur qui venait quand on savait où tout cela menait.

      La même chose qui attendait maintenant Sophia : être vendue comme un animal.

      Combien de temps resta-t-elle pendue là, immobile en dépit de toutes ses tentatives d'évasion ? Au moins assez longtemps pour que le soleil se retrouve au-dessus de l'horizon, assez longtemps pour que, quand les sœurs masquées vinrent la descendre de son perchoir, les membres de Sophia ne puissent plus la porter et la laissent tomber sur les pierres de la cour. Les sœurs ne firent rien pour l'aider.

      “Debout”, ordonna l'une d'elles. “Jamais tu ne paierais ta dette en ayant cet air-là.”

      Sophia resta allongée sur place, serrant les dents pour lutter contre la douleur à mesure que ses jambes se réveillaient. Elle ne bougea que quand la sœur se défoula en lui envoyant un coup de pied.

      “ Debout, j'ai dit”, dit-elle d'un ton cassant.

      Sophia se força à se relever et les sœurs masquées la saisirent par les bras de la façon dont Sophia imaginait qu'on emmenait un prisonnier se faire exécuter. Elle ne se sentait guère mieux à l'idée de ce qui l'attendait.

      Elles l'emmenèrent dans une petite cellule en pierre où attendaient des seaux d'eau. Alors, elles la récurèrent et, d'une façon ou d'une autre, les sœurs masquées réussirent à transformer même cet acte en une sorte de torture. Une partie de l'eau était si chaude qu'elle ébouillanta Sophia en lavant le sang qu'elle avait sur elle, la faisant crier avec toute la douleur qu'elle avait ressentie quand la sœur O’Venn l'avait battue.

      La plus grande partie de l'eau était glaciale et fit frissonner Sophia. Même le savon que les sœurs utilisèrent la piqua, lui brûla les yeux quand elles lui lavèrent les cheveux et les lui attachèrent en formant un nœud approximatif qui ne ressemblait en rien aux coiffures élégantes du palais. Elles lui prirent ses sous-vêtements blancs et lui donnèrent la robe fourreau grise de l'orphelinat. Après les vêtements raffinés que Sophia avait portés les jours précédents, la robe lui gratta la peau comme des insectes qui mordent. Elles ne lui donnèrent rien à manger. Ce n'était probablement plus la peine, maintenant qu'elles avaient fini d'investir en elle.

      Voilà ce qu'était cet endroit. C'était comme une ferme à enfants. On les nourrissait juste assez de compétences et de peur pour qu'ils deviennent des apprentis ou des domestiques utiles puis on les vendait.

      “Vous savez que c'est mal”, dit Sophia alors qu'elles la faisaient avancer vers la porte. “Vous ne voyez pas ce que vous faites ?”

      Une autre des sœurs la frappa à l'arrière de la tête et Sophia trébucha.

      “Nous offrons la pitié de la Déesse Masquée à ceux qui en ont besoin. Maintenant, silence. Tu rapporteras moins si tu as le visage abîmé par les gifles.”

      Sophia déglutit à cette idée. Elle ne s'était pas rendu compte du soin avec lequel elles avaient dissimulé les stigmates de sa torture sous le gris terne de sa robe fourreau. Une fois de plus, elle se mit à penser à des fermiers, même si, maintenant, il s'agissait plutôt de la sorte de maquignon qui pourrait teindre la robe de son cheval pour le vendre plus cher.

      Elles l'emmenèrent dans les couloirs de l'orphelinat. A ce moment-là, il n'y avait plus personne pour regarder. Elles ne voulaient pas que les enfants voient cette partie de l'histoire, probablement parce que cela leur rappellerait trop le destin qui les attendait. Cela les encouragerait à s'enfuir alors que la correction de la nuit dernière les avait probablement terrifiés et convaincus de ne jamais oser le faire.

      De toute façon, maintenant, elles se dirigeaient vers les sections de la Maison des Oubliés où les enfants n'allaient pas, vers les espaces réservés aux sœurs et à leurs visiteurs. Ils étaient dépouillés pour la plupart même si, çà et là, on voyait des traces de richesse, des chandeliers dorés ou l'éclat de l'argent sur le pourtour des masques de cérémonie.

      Pour l'orphelinat, la pièce où elles emmenèrent Sophia était quasiment somptueuse. Elle ressemblait un peu au salon de réception d'une maison noble avec ses chaises contre les murs, chacune accompagnée d'une petite table avec une coupe de vin et une assiette de friandises. Au bout de la pièce, il y avait une table derrière laquelle se tenait la sœur O’Venn, un parchemin en vélin plié à côté d'elle. Sophia devina que ce devait être le récapitulatif de son contrat synallagmatique. Allaient-elles lui communiquer le montant pour lequel elles allaient la vendre ?

      “La règle veut”, dit la sœur O’Venn, “que nous te demandions, avant de vendre ton contrat synallagmatique, si tu as les moyens de rembourser ta dette envers la déesse. Le montant est ici. Viens, misérable, et vois combien tu vaux réellement.”

      Sophia n'avait pas le choix; elles l'emmenèrent à la table et elle lut le montant. Elle ne fut pas étonnée de trouver tous les repas et toutes les nuit d'internat notés sur le parchemin. Le montant était si élevé que Sophia recula instinctivement.

      “As-tu les moyens de payer cette dette ?” répéta la sœur.

      Sophia la regarda fixement. “Vous savez que non.”

      Il y avait un tabouret au milieu de la salle, sculpté en bois dur et complètement incongru par rapport au reste de la salle. La sœur O’Venn le montra du doigt.

      “Alors, tu vas t'asseoir là et le faire avec humilité. Tu ne parleras que si on te le demande. Tu obéiras immédiatement à toutes les instructions. Si tu ne le fais pas, tu seras punie.”

      Sophia

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