Dictionnaire érotique moderne. Alfred Delvau

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Dictionnaire érotique moderne - Alfred Delvau

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       Alfred Delvau

      Dictionnaire érotique moderne

      Publié par Good Press, 2020

       [email protected]

      EAN 4064066079840

       AUX ESPRITS LIBRES

       INTRODUCTION

       AVANT-PROPOS

       PRÉFACE

       DICTIONNAIRE EROTIQUE

       Table des matières

       Quand nous sommes entre nous, en petit comité, nous n’avons pas besoin de nous gêner; aussi arrive-t-il souvent, comme dit Gresset dans son Vert-Vert, que les f., les b. voltigent sur notre bec. Quand quelqu’un nous ennuie, nous lui disons: Tu m’entrouducutes, va te faire foutre. Quand nous voulons dire qu’un individu témoignait le désir de se comporter avec une femme de la manière la plus satisfaisante pour elle, au lieu de faire toute cette longue périphrase, nous disons: Il bandait comme un carme. Quand nous voulons exprimer tout le contraire, nous disons que c’est un vit mollet, un bande-à-l’aise. Un homme qui a du courage est un homme qui a des couilles au cul, etc.

       Pour un étranger, tout cela est de l’hébreu. Il faut un dictionnaire pour comprendre les mots en usage; mais ne comptez pas sur celui de l’Académie, 6me et dernière édition; MM. les académiciens n’ont pas assez de couille pour avouer de pareils termes. Il faut quelques hommes d’esprit supérieur qui se dévouent.

      Pour la langue française, nous avions déjà le dictionnaire intitulé: Erotica verba de M. de L’Aulnaye; ce dictionnaire se trouve à la suite de l’édition de Rabelais publiée par Desoer en 1820. Il est certainement très utile, mais il ne donne pas beaucoup d’expressions contenues dans d’autres auteurs contemporains de Rabelais ou plus modernes que lui. M. Auguste Scheler, l’érudit distingué, le savant bibliothécaire du roi des Belges, crut devoir, pour ce motif, refaire à nouveau ce dictionnaire, et il publia en 1861, sous le pseudonyme de Louis De Landes, son Glossaire érotique de la langue française (Bruxelles, pet. in-8o de XII 396 p.).—Notre excellent et spirituel ami Alfred Delvau voulut aussi refaire à nouveau ce travail; car lui, il avait eu le courage de descendre dans les bas-fonds sociaux, dans les bordels, dans les bastringues, dans les halles. Là, il avait recueilli nombre d’expressions pittoresques inconnues à ses devanciers. Il publia la première édition de son Dictionnaire en 1864. Tirée à petit nombre, elle fut promptement enlevée. Elle donna lieu à de nombreuses contrefaçons et à de fort mauvaises imitations. Delvau cependant avait préparé une seconde édition de son œuvre, plus châtiée et plus complète que la première, lorsque la mort nous l’enleva, en 1867. Nous recueillîmes ses épaves avec soin, et nous en faisons faire aujourd’hui, à petit nombre, une impression soignée pour les esprits libres et éclairés.

      Delvau n’a pas eu le temps de faire une nouvelle préface pour sa nouvelle édition; nous allons, en conséquence, reproduire simplement la judicieuse Introduction de sa première édition. Nous la ferons suivre du remarquable Avant-propos placé par M. Auguste Scheler à la tête de son Glossaire érotique. Enfin, nous ajouterons, rivalisant avec les deux précédentes, la préface placée par Moncrif à la tête du Recueil du Cosmopolite; c’est l’une des plus spirituelles pièces de cet ingénieux écrivain, et en même temps une des plus rares et qui a rapport au sujet dont nous nous occupons: la petite révolte de la liberté de l’esprit contre les préjugés plus encore que contre les conventions sociales.

       Un mot encore, et nous terminons. Dans la nouvelle édition, on remarquera que l’auteur s’est réellement borné cette fois au langage moderne et qu’il n’est pas remonté plus haut que Marot et Rabelais.

       Il a négligé beaucoup de fantaisies niaises, prétentieuses et inusitées de quelques auteurs modernes, comme Nerciat, Rétif, la Tour du Bordel, ou d’argots de voleurs, de chiffonniers, etc.; par exemple, les mots inir (de Nerciat) hubir (de la Tour), pante, sinve (qui se trouvent dans le dictionnaire d’argot de Larchey), etc.

       Enfin, il a supprimé quelques mots qui se retrouvent dans les dictionnaires français usuels: libidineux, lascif, impudicités, tendron, autel de la volupté, calice, etc. C’était superflu à répéter.

       Table des matières

      (1re édition du Dictionnaire érotique.)

      Aucun écrivain, jusqu’à ce jour, ne s’est senti assez franc du collier ni assez ferme des rognons pour entreprendre la publication d’un Dictionnaire érotique complet; publication jugée nécessaire cependant par tout le monde, par les gourmets aussi bien que par les goinfres, par les lettrés aussi bien que par les simples curieux.

       Ce que nous avons sur la matière est bien peu de chose: le Glossarium eroticum linguæ latinæ de Pierrugues, le Dictionnaire françois contenant les mots et les choses de Richelet, le Dictionnaire d’amour de Dreux du Radier, celui de Sylvain Maréchal, celui de Girard de Propiac, et enfin le Glossaire érotique de la langue française de M.*** (dit Louis De Landes). En apprenant, il y a trois ans, la publication de ce dernier ouvrage, j’allais renoncer à continuer le mien, que je supposais dès lors inutile; une rapide lecture me détrompa: le Glossaire érotique de M.*** n’est autre chose que les Erotica verba du 3e volume de Rabelais, édition Desoer,—avec cette différence que les Erotica verba tiennent dans une trentaine de pages et que M.*** les a délayés dans un fort volume in-12. Mais les expressions modernes, mais les mots pittoresques, nés d’hier, qui servent d’étiquettes aux choses de la coucherie, de l’amour et de la polissonnerie, qui a eu la patience de les colliger et le courage de les nomenclaturer? Personne. La littérature contemporaine compte assurément nombre d’excellents esprits très dignes de mener à heureuse fin une œuvre de l’importance et de la nature de celle-ci: il n’en est pas un seul qui ait osé emboucher le clairon de l’émancipation, pas un qui soit parvenu à se démailloter, à se débarrasser de ses langes et de ses lisières. Ce sont en effet de si grands seigneurs que les préjugés! de si grandes dames, les conventions! Songez donc: appeler les choses par leur nom,—la grosse affaire!

      Pour moi, qui n’ai pas la vaine superstition du langage, et qui, au contraire, possède au suprême degré la haine, presque le dégoût de la feuille de vigne que les hypocrites placent sur leurs discours—comme les vieilles femmes un couvercle sur leur pot de chambre,—j’aborde résolûment le taureau par les cornes, et j’essaie de faire,

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