Un De Trop. Bailey Bradford
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Chapitre un
« Oh, bon sang, j’ai mal à la poitrine », se plaignit Casey Allen en tressaillant de douleur.
Les palpitations qui venaient de la partie supérieure gauche de son torse étaient par-dessus le marché accompagnées de jumelles émanant de sa tête. Cela lui laissa la même impression que s’il avait attrapé un coup de soleil. Il avait bien trop bu la nuit passée et en payait désormais le prix. Mais bon, il n’aurait qu’une seule fois de sa vie quarante ans, mis à part si toutes ces personnes qui disaient « YOLO » ou affichaient cet acronyme sur leurs habits se fourvoyaient en vérité et que la réincarnation s’avérait être une réalité. Il ne parvint pas à trouver un nouvel acronyme humoristique qui correspondrait à une telle situation.
Toujours était-il qu’il risquait bien de ne pas atteindre ses quarante-et-un ans s’il se saoulait à nouveau comme la veille. Il avait l’impression que son crâne était sur le point d’exploser, et dire que son estomac était dérangé aurait été un euphémisme. Pour finir, il y avait cette douleur au niveau de son torse.
Casey se redressa en position assise. Il était dans son lit, ce qui était déjà une bonne chose. Lorsqu’il avait encore la vingtaine, il lui était parfois arrivé de se réveiller dans le lit d’un inconnu et de devoir effectuer la fameuse « marche de la honte » jusqu’à chez lui avec une gueule de bois plus ou moins modérée. Il n’avait heureusement jamais eu de rapports sexuels en étant complètement « déchiré ». Sa conscience l’en aurait empêché.
Il avait été de sortie avec six de ses employés la nuit passée car ils avaient insisté pour qu’ils fêtent son anniversaire, et ils s’étaient tous bien amusés ; du moins le croyait-il. Ses souvenirs de l’événement étaient, à vrai dire, plutôt flous. Il savait qu’ils avaient beaucoup ri et plaisanté à propos de son « vieil âge ». Une chose était cependant certaine : vu son état actuel, il était peut-être temps qu’il s’admette à contrecœur à lui-même qu’il ne pouvait plus passer une nuit entière à s’enivrer jusqu’à l’évanouissement. Il devait bien finir par devenir mature en tout point un jour. Sa mère ne cessait d’ailleurs de le lui répéter. Casey aurait pu rire à cette pensée, s’il n’avait pas craint que cela ne lui cause encore plus de douleur.
Il possédait sa propre entreprise de consultation écologique, « Good to Go Green »1, et était propriétaire de son domicile. Ses employés effectuaient bien leur travail, et il était même en passe d’ouvrir une filiale à Austin grâce à la demande toujours plus grande dans le domaine du bio et de l’écologique. Néanmoins, ce que sa mère entendait surtout par « devenir mature en tout point » était qu'il se trouve un gentil compagnon et se construise une vie avec. Elle l’avait harangué à ce sujet la veille encore, au téléphone, ce qui était sans doute la raison pour laquelle il y pensait maintenant. Cela faisait déjà une décennie que sa mère lui disait vouloir devenir grand-mère. Même s’il avait espéré qu’elle se contenterait du fait que son petit frère et sa petite sœur avaient eu des enfants avec leurs époux respectifs — qu’elle aimait naturellement également tous —, il semblait qu’il ne connaîtrait pas la paix tant qu’elle n’en aurait pas encore quelques-uns de plus à aimer grâce à lui.
Ce n’était pas comme s’il évitait de s’engager. Il s’était énormément investi dans le succès de son entreprise durant les quinze dernières années. Les quatre ou cinq premières n’avaient d’ailleurs pas été faciles. Il avait dû livrer des pizzas en temps partiel pour pouvoir payer son loyer. Le monde avait cependant fini par vouloir « devenir plus vert », et son business avait alors décollé. Bon sang, il avait juste été très occupé ; il n’avait pas activement cherché à fuir des responsabilités supplémentaires.
Casey grogna, ferma les yeux, et se massa le front. Il cogitait bien trop pour un gars avec une telle foutue gueule de bois. Le fracas dans son cerveau allait finir par l’achever. Il porta son autre main à sa tempe et entendit un bruit de froissement alors qu’une nouvelle vague de douleur fut émise par sa poitrine. On aurait dit le son d’un emballage en plastique. Hein ?! Il ouvrit les yeux et baissa le regard vers l’origine du bruit.
« Oh putain de merde ! »
Il pensa à la réaction de sa mère. Et de son père. Ils n’allaient pas être fous de joie. Il était, certes, un adulte, mais il n’avait quand même pas envie de se faire houspiller par ses parents. Sa mère allait sans doute péter un boulon, et son père secouer sa tête avec tristesse comme si son fils avait fait la chose la plus stupide au monde. Ils n’avaient aucun problème avec son homosexualité, mais avec les tatouages ? Il allait avoir droit au discours de condamnation aux flammes de l’Enfer.
Bon, il exagérait peut-être un peu, mais il se l’autorisa, car il se sentait très mal et s’était, apparemment, laissé tatouer. En état d’ivresse. Ses amis n’avaient visiblement pas rempli leur rôle, à savoir celui de ne pas le laisser faire quoi que ce soit de stupide. Non ; ce n’était pas juste de penser ça. Il avait fait ce choix lui-même et, même si cela avait été sous l’effet de l’alcool, il n’en était quand même que le seul responsable.
Une pensée lui vint soudain : ce tatouage n’était peut-être même pas permanent. C’était peut-être une de ces situations qu’on pouvait voir dans des vidéos, où un type bourré se réveillait en croyant s’être fait tatouer le visage ! Casey pinça le plastique et laissa échapper un gémissement. La peau qu’il recouvrait faisait définitivement réellement mal, et il lui sembla même que du sang se trouvait sous le plastique, ce qui était logique si une aiguille avait percé sa peau à de multiples reprises.
« Merde, qu’est-ce que j’ai fait ? »
Il était foutu. Ils devaient se réunir pour dîner en famille le soir même pour fêter son anniversaire et, entre les embrassades et les accolades, on allait sans doute appuyer plusieurs fois sur son tatouage. Même s’il parvenait à le cacher — ce qui était possible avec un simple T-shirt —, il aurait quand même mal.
« Sans parler du suintement. Oh, quel mot dégueulasse. »
Il fixa le tatouage avec un regard mauvais. Il n’arrivait même pas à comprendre ce que c’était. Frustré, il se saisit du bout de bande adhésive qui maintenait le plastique en place au niveau de son bord supérieur et l’arracha. Le film resta collé à sa poitrine à cause d’une espèce de substance visqueuse qui résultait peut-être des dommages causés par le tatouage ou était peut-être un baume de soin, ou un mélange de ces deux idées, ainsi qu’à cause de la bande adhésive collée sur son bord inférieur. Plutôt que de retirer le reste du plastique, Casey essaya de comprendre pourquoi trifouiller tout cela ne lui avait pas fait aussi mal qu’il ne l’aurait pensé. Il ne mit pas longtemps à réaliser que c’était car la majorité des poils sur son torse avaient disparu. Casey n’avait pas pleurniché depuis une trentaine d’années, mais il le fit à cet instant.
« J’aimais bien mes poils de torse !
— Moi aussi, mec, mais t’as insisté pour te faire tatouer, donc bon… »
Casey échappa un cri perçant aussi peu viril que cela lui était possible ; ce pour quoi il se flagella mentalement, car l’homme qui se tenait dans l’encadrement de la porte de sa chambre à coucher était absolument canon. Grand et musclé, il avait les cheveux blond platine et ses yeux étaient d’un vert perçant. Il était presque aussi parfait qu’un mannequin, si on ignorait la petite bosse sur l’arête de son nez et la petite cicatrice