Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin. Морис Леблан
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La tranquillité d’Horace Velmont, sa voix impérieuse aux intonations amicales, apaisaient peu à peu la jeune femme.
«Que dois-je faire? dit-elle.
– Me répondre, et très nettement. Nous avons vingt minutes. C’est assez. Ce n’est pas trop.
– Interrogez-moi.
– Croyez-vous que le comte ait eu des projets… criminels?
– Non.
– Il s’agit donc de votre fils?
– Oui.
– Il vous l’enlève, n’est-ce pas, parce qu’il veut divorcer et épouser une autre femme, une de vos anciennes amies[87], que vous avez chassée de votre maison?…
– Oui.
– Cette femme n’a pas d’argent. De son côté[88], votre mari, qui s’est ruiné, n’a d’autres ressources que la pension qui lui est servie par sa mère, la comtesse d’Origny, et les revenus de la grosse fortune que votre fils a héritée de deux de vos oncles. Votre mari veut l’argent de votre fils, mais il ne peut rien contre vous ni contre lui. Alors, si un homme comme le comte, après tant d’hésitations et malgré tant d’impossibilités, se risque dans une aventure aussi incertaine, c’est qu’il a, ou qu’il croit avoir entre les mains[89], des armes.
– Quelles armes?
– Je l’ignore. Mais elles existent… Le comte n’a pas un ami plus intime… auquel il se confie?…
– Non.
– Personne n’est venu le voir hier?
– Personne.
– Il était seul quand il vous a liée et enfermée?
– À ce moment, oui.
– Mais après?
– Après, son domestique l’a rejoint près de la porte, et j’ai entendu qu’ils parlaient d’un ouvrier bijoutier…
– C’est tout?
– Et d’une chose qui aurait lieu le lendemain, c’est-à-dire aujourd’hui, à midi, parce que la comtesse d’Origny ne pouvait venir auparavant.»
Velmont réfléchit.
«– Où sont vos bijoux?
– Mon mari les a vendus.
– Il ne vous en reste pas un seul?
– Non, dit-elle en montrant ses mains, rien que cet anneau.
– Qui est votre anneau de mariage?
– Qui est… mon anneau…»
Elle s’arrêta. Velmont nota qu’elle rougissait, et il l’entendit balbutier:
«Serait-ce possible?… Mais non…»
À la fin[90], elle répondit, à voix basse:
«Ce n’est pas mon anneau de mariage. Un jour, il y a longtemps, je l’ai fait tomber de la cheminée de ma chambre, et, malgré toutes mes recherches, je n’ai pu le retrouver. Sans rien dire, j’en ai commandé un autre… que voici à ma main.
– Le véritable anneau portait la date de votre mariage?
– Oui… vingt-trois octobre.
– Et le second?
– Celui-ci ne porte aucune date.»
Il sentit en elle une légère hésitation.
«Je vous en supplie[91], s’écria-t-il, ne me cachez rien…
– Je n’ai rien à cacher[92], fit-elle en relevant la tête. Alors, je me suis souvenue… Avant mon mariage, un homme m’avait aimée. Il est mort maintenant. J’ai fait graver le nom de cet homme, et j’ai porté cet anneau comme on porte un talisman. Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre.[93] Mais dans le secret de mon cœur, il y eut un souvenir, quelque chose de doux qui me protégeait…»
Velmont lui prit la main, et prononça, tout en examinant l’anneau d’or:
«L’énigme est là. Votre mari, je ne sais comment, connaît la substitution. À midi, sa mère viendra. Devant témoins, il vous obligera d’ôter votre bague, et de la sorte[94], il pourra obtenir le divorce, puisqu’il aura la preuve qu’il cherchait. Donnez-moi cette bague…»
Il s’interrompit brusquement. Tandis qu’il parlait, la main d’Yvonne s’était glacée dans la sienne, et, ayant levé les yeux, il vit que la jeune femme était pâle, affreusement pâle.
«Qu’y a-t-il?… Je vous en prie…»
«Il y a… il y a que je suis perdue!.. Il y a que je ne peux l’ôter, cet anneau! Il est devenu trop petit!.. Comprenez-vous?… Il fait partie de mon doigt[95]… et je ne peux pas… je ne peux pas. Ah! Je me souviens, l’autre nuit… un cauchemar que j’ai eu… Il me semblait que quelqu’un entrait dans ma chambre et s’emparait de ma main. Et je ne pouvais pas me réveiller… C’était lui! c’était lui! Il m’avait endormie, j’en suis sûre… et il regardait la bague… Ah! je comprends tout… je suis perdue…»
Elle courut vers la porte… Il lui barra le passage:
«Vous ne partirez pas.
– Mon fils… Je veux le voir, le reprendre…
– Savez-vous seulement où il est?
– Je veux partir!
– Vous ne partirez pas!.. Ce serait de la folie.»
Il la saisit aux poignets et réussit à la ramener vers le divan, puis à l’étendre, et il reprit les bandes de toile et lui attacha les bras et les chevilles.
«Oui, disait-il, ce serait de la folie. Qui vous aurait délivrée? Vous enfuir, c’est accepter le divorce… Il faut rester ici.»
Elle sanglotait.
«J’ai peur… J’ai peur… Cet anneau me brûle… Emportez-le…
– Et si l’on ne le retrouve pas à votre doigt? Non, il faut affronter la lutte… Croyez en moi… je réponds de tout…»
87
…de vos anciennes amies – …из ваших бывших подруг (ancien меняет значение в зависимости от того, находится ли это слово перед или после существительного; после существительного ancien означает старый, старинный (
88
de son côté – в свою очередь
89
il croit avoir entre les mains… – он верит, что у него в руках есть…
90
à la fin – в конце концов
91
Je vous en supplie – Я вас умоляю
92
Je n’ai rien à cacher – Мне нечего скрывать
93
Il n’y avait pas d’amour en moi puisque j’étais la femme d’un autre – Во мне не было любви, так как я была женой другого
94
de la sorte – таким образом
95
Il fait partie de mon doigt – Оно (кольцо) стало частью моего пальца