La reine Margot. Alexandre Dumas

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу La reine Margot - Alexandre Dumas страница 4

La reine Margot - Alexandre  Dumas

Скачать книгу

ses gentilshommes.

      – Est-ce là véritablement la pensée qui vous préoccupe, ma mie?

      – Je ne dis pas cela. Je dis que, si je vous aimais, elle me préoccuperait horriblement.

      – Eh bien, s’écria Henri au comble de la joie d’entendre cet aveu, le premier qu’il eût reçu, si le roi de Navarre ne renvoyait pas ses gentilshommes ce soir?

      – Sire, dit madame de Sauve, regardant le roi avec un étonnement qui cette fois n’était pas joué, vous dites là des choses impossibles et surtout incroyables.

      – Pour que vous le croyiez, que faut-il donc faire?

      – Il faudrait m’en donner la preuve, et cette preuve, vous ne pouvez me la donner.

      – Si fait, baronne, si fait. Par saint Henri! je vous la donnerai, au contraire, s’écria le roi en dévorant la jeune femme d’un regard embrasé d’amour.

      – Ô Votre Majesté! … murmura la belle Charlotte en baissant la voix et les yeux. Je ne comprends pas… Non, non! il est impossible que vous échappiez au bonheur qui vous attend.

      – Il y a quatre Henri dans cette salle, mon adorée! reprit le roi: Henri de France, Henri de Condé, Henri de Guise, mais il n’y a qu’un Henri de Navarre.

      – Eh bien?

      – Eh bien, si vous avez ce Henri de Navarre près de vous toute cette nuit…

      – Toute cette nuit?

      – Oui; serez-vous certaine qu’il ne sera pas près d’une autre?

      – Ah! si vous faites cela, Sire, s’écria à son tour la dame de Sauve.

      – Foi de gentilhomme, je le ferai. Madame de Sauve leva ses grands yeux humides de voluptueuses promesses et sourit au roi, dont le cœur s’emplit d’une joie enivrante.

      – Voyons, reprit Henri, en ce cas, que direz-vous?

      – Oh! en ce cas, répondit Charlotte, en ce cas je dirai que je suis véritablement aimée de Votre Majesté.

      – Ventre-saint-gris! vous le direz donc, car cela est, baronne.

      – Mais comment faire? murmura madame de Sauve.

      – Oh! par Dieu! baronne, il n’est point que vous n’ayez autour de vous quelque camérière, quelque suivante, quelque fille dont vous soyez sûre?

      – Oh! j’ai Dariole, qui m’est si dévouée qu’elle se ferait couper en morceaux pour moi: un véritable trésor.

      – Sang-diou! baronne, dites à cette fille que je ferai sa fortune quand je serai roi de France, comme me le prédisent les astrologues.

      Charlotte sourit; car dès cette époque la réputation gasconne du Béarnais était déjà établie à l’endroit de ses promesses.

      – Eh bien, dit-elle, que désirez-vous de Dariole?

      – Bien peu de chose pour elle, tout pour moi.

      – Enfin?

      – Votre appartement est au-dessus du mien?

      – Oui.

      – Qu’elle attende derrière la porte. Je frapperai doucement trois coups; elle ouvrira, et vous aurez la preuve que je vous ai offerte.

      Madame de Sauve garda le silence pendant quelques secondes; puis, comme si elle eût regardé autour d’elle pour n’être pas entendue, elle fixa un instant la vue sur le groupe où se tenait la reine mère; mais si court que fut cet instant, il suffit pour que Catherine et sa dame d’atours échangeassent chacune un regard.

      – Oh! si je voulais, dit madame de Sauve avec un accent de sirène qui eût fait fondre la cire dans les oreilles d’Ulysse, si je voulais prendre Votre Majesté en mensonge.

      – Essayez, ma mie, essayez…

      – Ah! ma foi! j’avoue que j’en combats l’envie.

      – Laissez-vous vaincre: les femmes ne sont jamais si fortes qu’après leur défaite.

      – Sire, je retiens votre promesse pour Dariole le jour où vous serez roi de France. Henri jeta un cri de joie.

      C’était juste au moment où ce cri s’échappait de la bouche du Béarnais que la reine de Navarre répondait au duc de Guise:

      «Noctu pro more: Cette nuit comme d’habitude.»

      Alors Henri s’éloigna de madame de Sauve aussi heureux que l’était le duc de Guise en s’éloignant lui-même de Marguerite de Valois.

      Une heure après cette double scène que nous venons de raconter, le roi Charles et la reine mère se retirèrent dans leurs appartements; presque aussitôt les salles commencèrent à se dépeupler, les galeries laissèrent voir la base de leurs colonnes de marbre. L’amiral et le prince de Condé furent reconduits par quatre cents gentilshommes huguenots au milieu de la foule qui grondait sur leur passage. Puis Henri de Guise, avec les seigneurs lorrains et les catholiques, sortirent à leur tour, escortés des cris de joie et des applaudissements du peuple.

      Quant à Marguerite de Valois, à Henri de Navarre et à madame de Sauve, on sait qu’ils demeuraient au Louvre même.

      II. La chambre de la reine de Navarre

      Le duc de Guise reconduisit sa belle-sœur, la duchesse de Nevers, en son hôtel qui était situé rue du Chaume, en face de la rue de Brac, et après l’avoir remise à ses femmes, passa dans son appartement pour changer de costume, prendre un manteau de nuit et s’armer d’un de ces poignards courts et aigus qu’on appelait une foi de gentilhomme, lesquels se portaient sans l’épée; mais au moment où il le prenait sur la table où il était déposé, il aperçut un petit billet serré entre la lame et le fourreau.

      Il l’ouvrit et lut ce qui suit:

      «J’espère bien que M. de Guise ne retournera pas cette nuit au Louvre, ou, s’il y retourne, qu’il prendra au moins la précaution de s’armer d’une bonne cotte de mailles et d’une bonne épée.»

      – Ah! ah! dit le duc en se retournant vers son valet de chambre, voici un singulier avertissement, maître Robin. Maintenant faites-moi le plaisir de me dire quelles sont les personnes qui ont pénétré ici pendant mon absence.

      – Une seule, Monseigneur.

      – Laquelle?

      – M. du Gast.

      – Ah! ah! En effet, il me semblait bien reconnaître l’écriture. Et tu es sûr que du Gast est venu, tu l’as vu?

      – J’ai fait plus, Monseigneur, je lui ai parlé.

      – Bon; alors je suivrai le conseil. Ma jaquette et mon épée.

      Le valet de chambre, habitué à ces mutations de costumes, apporta l’une et l’autre. Le duc alors revêtit sa jaquette, qui était en chaînons de mailles si souples que

Скачать книгу