Un Cri D’ Honneur. Morgan Rice

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Un Cri D’ Honneur - Morgan Rice L'anneau Du Sorcier

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champ de bataille noir de monde, elle repéra McCloud parmi les soldats. Il était au loin et portait cette pauvre fille qui hurlait dans une habitation abandonnée, une petite maison d'argile. Il claqua la porte derrière eux en soulevant un nuage de poussière.

      “Luanda !” cria quelqu'un.

      Elle se retourna et vit Bronson qui, à peut-être trente mètres derrière, la poursuivait. Sa progression fut interrompue par le flux incessant de chevaux et de soldats, qui l'obligea à s'arrêter plusieurs fois.

      Elle n'avait qu'une chance: maintenant. Si Bronson la rattrapait, il l'empêcherait d'aller au bout de ce qu'elle voulait faire.

      Luanda courut deux fois plus vite en serrant le pieu et essaya de ne pas penser à la folie de cette tentative, aux rares chances qu'elle avait de réussir. Si des armées entières n'avaient pas réussi à renverser McCloud, si ses propres généraux et son propre fils tremblaient devant lui, quelles chances pouvait-elle bien avoir de réussir à le tuer seule ?

      De plus, Luanda n'avait jamais tué d'homme, et encore moins d'homme de la stature de McCloud. Allait-elle être paralysée par la peur au moment fatidique? Pouvait-elle vraiment le surprendre? Était-il invincible, comme Bronson l'en avait avertie ?

      Luanda se sentait responsable des effusions de sang commises par cette armée, de la mise à sac de son propre pays. En y repensant, elle regrettait d'avoir accepté d'épouser un McCloud, malgré son amour pour Bronson. Elle avait appris que les McCloud étaient un peuple barbare, au-delà de toute possibilité de correction. A présent, elle comprenait que les MacGil avaient eu de la chance que les Highlands les séparent et qu'ils soient restés de leur côté de l'Anneau. Elle avait été naïve, avait été idiote de supposer que les McCloud étaient moins mauvais qu'on lui avait appris à le penser. Elle avait cru pouvoir les changer, que, malgré le risque, d'une façon ou d'une autre, cela valait la peine d'être princesse McCloud et un jour reine.

      Cependant, maintenant, elle savait qu'elle s'était trompée. Elle renoncerait à tout, à son titre, ses richesses, sa notoriété, tout, pour ne jamais avoir rencontré les McCloud, pour se retrouver en sécurité avec sa famille, de son côté de l'Anneau. A présent, elle était furieuse que son père ait arrangé ce mariage; elle avait été jeune et naïve, mais il aurait dû savoir que ça ne marcherait pas. La politique comptait-elle assez pour lui pour qu'il y sacrifie sa propre fille? Elle lui en voulait aussi d'être mort et de l'avoir laissée se débrouiller seule avec tout ça.

      Ces derniers mois, Luanda avait appris à se débrouiller seule, à la dure et, maintenant, elle avait sa chance de changer les choses.

      Quand elle atteint la petite maison d'argile avec la porte sombre en chêne que McCloud avait claquée, elle tremblait. Elle se tourna et regarda des deux côtés, s'attendant à ce que les hommes de McCloud se jettent sur elle mais, à son grand soulagement, ils étaient tous trop occupés à semer le chaos pour la remarquer.

      Elle leva le bras, le pieu dans l'autre main, saisit le bouton de porte et le tourna aussi discrètement que possible en priant pour que cela n'attire pas l'attention de McCloud.

      Elle entra. Il faisait sombre à l'intérieur et ses yeux s'habituèrent lentement à l'obscurité, qui tranchait avec la lumière crue de la cité blanche; il faisait aussi plus frais à l'intérieur et, quand elle franchit le seuil de la petite maison, la première chose qu'elle entendit furent les gémissements et les cris de la fille. Alors que ses yeux s'habituaient à l'obscurité, elle regarda dans la petite maison et vit McCloud, déshabillé de la taille aux pieds, par terre, avec la fille déshabillée qui se débattait sous lui. La fille pleurait et criait, les yeux serrés, puis McCloud leva le bras et lui ferma la bouche de sa main charnue.

      Luanda avait peine à croire que c'était vrai, qu'elle allait vraiment faire ça jusqu'au bout. Elle fit prudemment un pas en avant, les mains tremblantes, les genoux tremblants, et pria pour avoir la force d'aller jusqu'au bout. Elle serra le pieu en fer comme si c'était sa planche de salut.

      S'il vous plaît, mon Dieu, faites que je tue cet homme.

      Elle entendit McCloud grogner et gémir comme un animal sauvage satisfait. Il était implacable. La fille semblait crier plus fort à chacun de ses mouvements.

      Luanda fit un autre pas, puis un autre, et se retrouva à un mètre ou deux. Elle regarda McCloud, observa son corps, essaya de décider quel était le meilleur endroit où frapper. Heureusement, il avait retiré sa cotte de mailles et ne portait qu'une chemise en tissu fin, maintenant trempée de sueur. Elle le sentait de là où elle était et elle eut un haut-le-cœur. En retirant son armure, il avait commis une imprudence et, décida Luanda, ce serait sa dernière erreur. Elle lèverait le pieu bien haut, des deux mains, et le plongerait dans son dos exposé.

      Quand les gémissements de McCloud atteignirent leur apogée, Luanda leva le pieu bien haut. Elle réfléchit à la façon dont sa vie changerait après ce moment. Dans quelques secondes, rien ne serait plus pareil. Le royaume des McCloud serait débarrassé de son tyran; son peuple ne serait plus soumis à la destruction. Son nouveau mari monterait sur le trône, prendrait sa place et, finalement, tout irait bien.

      Luanda resta sur place, paralysée par la peur. Elle tremblait. Si elle n'agissait pas maintenant, elle ne le ferait jamais.

      Elle retint son souffle, fit un dernier pas en avant, tint le pieu des deux mains haut au-dessus de sa tête et, soudain, elle tomba à genoux en abattant le pieu en fer de toutes ses forces, en se préparant à en transpercer le dos de l'homme.

      Cependant, une chose qu'elle n'avait pas prévue se produisit à toute vitesse, trop vite pour qu'elle puisse réagir: à la dernière seconde, McCloud se dégagea. Pour un homme de sa corpulence, il était bien plus rapide qu'elle l'aurait imaginé. Il roula de côté en laissant exposée la fille d'en dessous. Il était trop tard pour que Luanda s'arrête.

      A la grande horreur de Luanda, le pieu en fer poursuivit sa course jusqu'en bas, jusqu'à la poitrine de la fille.

      La fille se redressa en hurlant et Luanda sentit avec horreur le pieu lui percer la chair, pénétrer plusieurs centimètres jusqu'à son cœur. Le sang gicla de sa bouche et elle regarda Luanda, terrifiée, trahie.

      Finalement, elle retomba, morte.

      Luanda s'agenouilla sur place, paralysée, traumatisée, comprenant tout juste ce qui venait de se passer. Avant d'avoir pu comprendre tout ce qui s'était passé, avant qu'elle ait pu comprendre que McCloud était sain et sauf, elle ressentit une douleur cuisante au côté du visage et sentit qu'elle tombait par terre.

      Alors qu'elle traversait l'air, elle fut vaguement consciente que McCloud venait de la frapper d'un terrible coup de poing qui l'avait envoyée promener et que McCloud avait en fait anticipé tous ses mouvements dès qu'elle était entrée dans la pièce. Il avait fait semblant de ne pas être au courant. Il avait attendu le bon moment, attendu l'occasion idéale pour non seulement esquiver son coup mais aussi la pousser, par la ruse, à tuer cette pauvre fille par la même occasion pour l'en rendre coupable.

      Avant que son monde ne s'assombrisse, Luanda entraperçut le visage de McCloud. Il la regardait en souriant, la bouche ouverte, la respiration laborieuse, comme une bête sauvage. La dernière chose qu'elle entendit avant que sa botte géante ne vienne la frapper au visage était sa voix gutturale qui ressemblait à celle d'un animal :

      “Tu m'as bien aidé”, dit-il. “J'en avais fini avec elle, de toute façon.”

      CHAPITRE DEUX

      Gwendolyn courait dans les rues secondaires sinueuses de la partie la plus sordide de

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