Le médecin malgré lui. Жан-Батист Мольер

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Le médecin malgré lui - Жан-Батист Мольер

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style="font-size:15px;">      J'ai tort.

Martine

      Est-ce là votre affaire?

M. Robert

      Vous avez raison.

Martine

      Voyez un peu cet impertinent qui veut empêcher les maris de battre leurs femmes!

M. Robert

      Je me rétracte.

Martine

      Qu'avez-vous à voir là-dessus?

M. Robert

      Rien.

Martine

      Est-ce à vous d'y mettre le nez?

M. Robert

      Non.

Martine

      Mêlez-vous de vos affaires.

M. Robert

      Je ne dis plus mot.

Martine

      Il me plaît d'être battue.

M. Robert

      D'accord.

Martine

      Ce n'est pas à vos dépens.

M. Robert

      Il est vrai.

Martine

      Et vous êtes un sot de venir vous fourrer où vous n'avez que faire.

M. Robert

      (Il passe ensuite vers le mari, qui pareillement lui parle toujours en le faisant reculer, le frappe avec le mime bâton et le met en fuite. Il dit à la fin:)

      Compère, je vous demande pardon de tout mon cœur; faites, rossez, battez comme il faut votre femme; je vous aiderai, si vous le voulez.

Sganarelle

      Il ne me plaît pas, moi.

M. Robert

      Ah! c'est une autre chose.

Sganarelle

      Je la veux battre si je le veux, et ne la veux pas battre si je le ne veux pas.

M. Robert

      Fort bien.

Sganarelle

      C'est ma femme, et non pas la vôtre.

M. Robert

      Sans doute.

Sganarelle

      Vous n'avez rien à me commander.

M. Robert

      D'accord.

Sganarelle

      Je n'ai que faire de votre aide.

M. Robert

      Très volontiers.

Sganarelle

      Et vous êtes un impertinent de vous ingérer des affaires d'autrui. Apprenez que Cicéron dit qu'entre l'arbre et le doigt il ne faut point mettre l'écorce.6

      (Ensuite, il revient vers sa femme, et lui dit en lui pressant la main:)

      O ça, faisons la paix nous deux. Touche là.

Martine

      Oui! après m'avoir ainsi battue.

Sganarelle

      Cela n'est rien. Touche.

Martine

      Je ne veux pas.

Sganarelle

      Hé?

Martine

      Non.

Sganarelle

      Ma petite femme!

Martine

      Point.

Sganarelle

      Allons, te dis-je.

Martine

      Je n'en ferai rien.

Sganarelle

      Viens, viens, viens.

Martine

      Non, je veux être en colère.

Sganarelle

      Fi! c'est une bagatelle; allons, allons.

Martine

      Laisse-moi là.

Sganarelle

      Touche, te dis-je.

Martine

      Tu m'as trop maltraitée.

Sganarelle

      Eh bien, va, je te demande pardon; mets là ta main.

Martine

      Je te pardonne; (elle dit le reste bas) mais tu le payeras.

Sganarelle

      Tu es une folle de prendre garde à cela. Ce sont petites choses qui sont de temps en temps nécessaires dans l'amitié; et cinq ou six coups de bâton, entre gens qui s'aiment, ne font que ragaillardir l'affection. Va, je m'en vais au bois, et je te promets aujourd'hui plus d'un cent de fagots.

      SCÈNE III

MARTINE,seule

      Va, quelque mine que je fasse, je n'oublie pas mon ressentiment, et je brûle en moi-même de trouver les moyens de te punir des coups que tu me donnes. Je sais bien qu'une femme a toujours dans les mains de quoi se venger d'un mari; mais c'est une punition trop délicate pour mon pendart. Je veux une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir, et ce n'est pas contentement pour l'injure que j'ai reçue.

      SCÈNE IV

VALÈRE, LUCAS, MARTINELucas

      Parguenne! j'avons pris là tous deux une gueble de commission; et je ne sai pas, moi, ce que je pensons attraper.

Valère

      Que veux-tu, mon pauvre nourricier? il faut bien obéir à notre maître; et puis nous avons intérêt l'un et l'autre à la santé de sa fille, notre maîtresse; et sans doute son mariage, différé par sa maladie, nous vaudroit quelque récompense. Horace, qui est libéral, a bonne part aux prétentions qu'on peut avoir sur sa personne, et, quoi-qu'elle ait fait voir de l'amitié pour un certain Léandre, tu sais bien que son père n'a jamais voulu consentir à le recevoir pour son gendre.

Martine,

      rêvant à part elle.

      Ne puis-je point trouver quelque invention pour me venger?

Lucas

      Mais quelle fantaisie s'est-il boutée là dans la tête, puisque les médecins y avont tous pardu leur latin?

Valère

      On trouve quelquefois, à force de chercher, ce qu'on ne trouve pas d'abord; et souvent, en de simples lieux…

Martine

      Oui, il faut que je m'en venge à quelque prix que ce soit: ces coups de bâton me reviennent au cœur, je ne les saurois digérer, et… (Elle dit tout ceci en rivant, de sorte que, ne prenant pas garde à ces deux hommes, elle les heurte en se retournant, et leur dit:) Ah! Messieurs! je vous demande pardon, je ne vous voyois pas, et cherchois dans ma tête quelque chose qui m'embarrasse.

Valère

      Chacun a ses soins dans le monde, et nous cherchons aussi ce que nous voudrions bien trouver.

Martine

      Seroit-ce quelque chose où je vous puisse aider?

Valère

      Cela se pourroit faire; et nous tâchons de

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12, 4. Entre l'arbre et le doigt. Sganarelle estropie plaisamment le proverbe «entre l'écorce et le bois on ne doit mettre le doigt», recueilli par Henri Estienne dans sa Précellence du langage françois (1579).

17, 20. Quelque petit grain de folie mêlé à leur science «Nullum magnum ingenium sine mixtura dementiæ.» (Sénèque, De la tranquillité de l'âme, d'après Aristote, Problèmes, xxx, i.) Diderot en fait un proverbe sous la forme suivante: «Il n'y a point de grands esprits sans un grain de folle (le Neveu de Rameau, édition de la Bibliothèque Elzévirienne, 1891, p. 13.)

18, 15. Fraise, habit jaune et vert. Le costume complet du fagotier est ainsi décrit dans l'inventaire dressé après la mort de Molière: «Pourpoint, haut-de-chausses, col, ceinture, fraise et bas de laine et escarcelle, le tout de serge jaune, garni de padou vert.

19, 9. Or potable. Prétendue panacée universelle dont il est déjà question du temps de Louis XI, sous le nom d'aurum potabile, et dans laquelle il entrait du chlorure d'or, qui est soluble.

– 12. Un jeune enfant de douze ans. Lemazurier, qui, l'année même où il fut nommé secrétaire-archiviste du Théâtre-Français, publia sa Récolte de l'Hermite (Paris, Chaumerot, 1813), y rappelle, à la page 152, une légende que Molière a pu recueillir pendant ses séjours dans le Midi: Un petit garçon, étant monté sur une des tours du palais des Papes, à Avignon, pour dénicher des oiseaux, se laissa tomber du haut en bas et fut mis en pièces. Sa mère ramassa les membres fracturés de cet enfant, les mit dans un sac et les porta sur le tombeau du cardinal Pierre de Luxembourg, mort en 1387 et enterré dans l'église des Célestins. «Pendant qu'elle était en prières, on vit remuer le sac et sortir l'enfant, qui d'abord demanda où était son nid d'oiseaux.»

19, 18. Jouer à la fossette. Sorte de jeu, aussi appelé bloquette, auquel les enfants s'amusent arec des noyaux, des chiques ou des billes.

20, 9. La vache est à nous. On trouve cette expression dans l'Amant indiscret, de Quinault, imprimé en 1656.

24, 17. Il y a fagots et fagots. Sur cette expression, de venue proverbiale, voir dans le Moliériste un ingénieux et spirituel article de M. Éd. Thierry (1, p. 11 à 14), 1879.

25, 5. Un double, c'est-à-dire un double denier, ou la sixième partie d'un sou.

26, 17. Lantiponer, mot populaire qui signifie lanterner, tenir des discours frivoles, inutiles et interminables. V. à la page 43, l. 2, le mot lantiponage.