Metella. Жорж Санд

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Metella - Жорж Санд

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s'élança hors de la calèche et tomba sur le cadavre du brigand que Buondelmonte avait tué. Dans ce moment d'horreur, ranimée par une présence d'esprit au-dessus de son sexe, elle vit à la ceinture du brigand un grand pistolet dont il n'avait pas eu le temps de faire usage, et que sa main semblait encore presser. Elle écarta cette main encore chaude, arracha le pistolet de la ceinture, et se jetant au milieu des combattants, qui ne s'attendaient à rien de semblable, elle déchargea le pistolet à bout portant dans la figure d'un bandit qui tenait Buondelmonte à la gorge. Il tomba roide mort, et Buondelmonte eut bientôt fait justice du dernier. N'est-ce pas là encore une belle histoire, monsieur?

      – Aussi belle que vraie, répéta Buondelmonte. Le courage de lady Mowbray la soutint encore quelque temps après cette terrible scène. Le postillon, à demi-mort de peur, s'était tapi dans un fossé, les chevaux effrayés avaient rompu leurs traits; le seul domestique qui accompagnât les voyageurs était blessé et évanoui. Buondelmonte et sa compagne furent obligés de réparer ce désordre en toute hâte; car à tout instant d'autres bandits, attirés par le bruit du combat, pouvaient fondre sur eux, comme cela arrive souvent. Il fallut battre le postillon pour le ranimer, bander la plaie du domestique, qui perdait tout son sang, le porter dans la voiture, et ratteler les chevaux. Lady Mowbray s'employa à toutes les choses avec une force de corps et d'esprit vraiment extraordinaire. Elle avisait à tous les expédients, et trouvait toujours le plus sûr et le plus prompt moyen de sortir d'embarras. Ses belles mains, souillées de sang, rattachaient des courroies, déchiraient des vêtements, soulevaient des pierres. Enfin tout fut réparé, et la voiture se remit en route. Lady Mowbray s'assit auprès de son amant, le regarda fixement, fit un grand cri et s'évanouit. A quoi pensez-vous? ajouta le comte en voyant Olivier tomber dans le silence et la méditation.

      – Je suis amoureux, dit Olivier.

      – De lady Mowbray?

      – Oui, de lady Mowbray.

      – Et vous allez sans doute à Florence pour le lui déclarer? dit le comte.

      – Je vous répéterai le mot que vous me disiez tantôt: «Pourquoi non?»

      – En effet, dit le comte d'un ton sec, pourquoi non?» Puis il ajouta d'un autre ton, et comme s'il se parlait à lui-même: «Pourquoi non?»

      «Monsieur, reprit Olivier après un instant de silence, soyez assez bon pour confirmer ou démentir une troisième histoire qui m'a été racontée à propos de lady Mowbray, et qui me semble moins belle que les deux premières.

      – Voyons, monsieur.

      – On dit que le comte de Buondelmonte quitte lady Mowbray.

      – Pour cela, monsieur, répondit le comte très-brusquement, je n'en sais rien, et n'ai rien à vous dire.

      – Mais, moi, on me l'a assuré, reprit Olivier; et, quelque triste que soit ce dernier dénoûment, il ne me parait pas impossible.

      – Mais que vous importe? dit le comte.

      – Vous êtes le comte de Buondelmonte,» dit Olivier, vivement frappé de l'accent de son compagnon; et lui saisissant le bras, il ajouta: «Et vous ne quittez pas lady Mowbray?

      – Je suis le comte de Buondelmonte, répondit celui-ci; le saviez-vous, monsieur?

      – Sur mon honneur! non.

      – En ce cas vous n'avez pu m'offenser. Mais parlons d'autre chose.»

      Ils essayèrent, mais la conversation languit bientôt. Tous deux étaient contraints. Ils prirent d'un commun accord le parti de feindre le sommeil. Aux premiers rayons du jour, Olivier, qui avait fini par s'endormir tout de bon, s'éveilla au milieu de Florence. Le comte prit congé de lui avec une cordialité à laquelle il avait eu le temps de se préparer.

      «Voici ma demeure, lui dit-il en lui montrant un des plus beaux palais de la ville, devant lequel le postillon s'était arrêté; et au cas où vous oublieriez le chemin, vous me permettrez d'aller vous chercher pour vous servir de guide moi-même. Puis-je savoir où vous descendrez, et à quelle heure je pourrai, sans vous déranger, aller vous offrir mes remerciements et mes services?

      – Je n'en sais rien encore, répondit Olivier un peu embarrassé; mais il est inutile que vous preniez cette peine. Aussitôt que je serai reposé, j'irai vous demander vos bons offices dans cette ville, où je ne connais personne.

      – J'y compte, répondit Buondelmonte en lui tendant la main.

      – Je m'en garderai bien,» pensa le Genevois en lui rendant sa politesse. Ils se séparèrent.

      «J'ai fait une belle école! se disait Olivier le lendemain matin en s'éveillant dans la meilleure hôtellerie de Florence; je commence bien! Aussi cet homme est fou d'avoir pris au sérieux les divagations d'un étourdi à moitié ivre. J'ai réussi toutefois à me fermer la porte de lady Mowbray, moi qui désirais tant la connaître! c'est horriblement désagréable, après tout…» Il appela son valet de chambre pour qu'il lui fit la barbe, et s'impatientait sérieusement de ne pouvoir retrouver dans son nécessaire une certaine savonnette au garafoli qu'il avait achetée à Parme, lorsque le comte de Buondelmonte entra dans sa chambre.

      «Pardonnez-moi si j'entre en ami sans me faire annoncer, lui dit-il d'un air riant et ouvert; j'ai su en bas que vous étiez éveillé, et je viens vous chercher pour déjeuner avec moi chez lady Mowbray.»

      Olivier s'aperçut que le comte cherchait dans ses yeux à deviner l'effet de cette nouvelle. Malgré sa candeur, il ne manquait pas d'une certaine défiance des autres; il avait en même temps une honnête confiance en son propre jugement. On pouvait l'affliger, mais non le jouer ou l'intimider.

      «De tout mon coeur, répondit-il avec assurance, et je vous remercie, mon cher compagnon de voyage, de m'avoir procuré cette faveur. Maintenant nous sommes quittes.»

      Les manières cordiales et franches de Buondelmonte ne se démentirent point. Seulement, comme le jeune étranger, tout en se hâtant, donnait des soins minutieux à sa toilette, le comte ne put réprimer un sourire qu'Olivier saisit au fond de la glace devant laquelle il nouait sa cravate. «Si nous faisons une guerre d'embûches, pensa-t-il, c'est fort bien; avançons.» Il ôta sa cravate, et gronda son domestique de lui en avoir donné une mal pliée. Le vieux Hantz en apporta une autre. «J'en aimerais mieux un bleu de ciel,» dit Olivier; et quand Hantz eut apporté la cravate bleu de ciel, Olivier les examina l'une après l'autre d'un air d'incertitude et de perplexité.

      «S'il m'était permis de donner mon avis, dit le valet de chambre timidement…

      – Vous n'y entendez rien, dit gravement Olivier; monsieur le comte, je m'en rapporte à vous, qui êtes un homme de goût: laquelle de ces deux couleurs convient le mieux au ton de ma figure?

      – Lady Mowbray, répondit le comte en souriant, ne peut souffrir ni le bleu ni le rose.

      – Donnez-moi une cravate noire, dit Olivier à son domestique.»

      La voiture du comte les attendait à la porte. Olivier y monta avec lui. Ils étaient contraints tous deux, et cependant il n'y parut point. Buondelmonte avait trop d'habitude du monde pour ne pas sembler ce qu'il voulait être! Olivier avait trop de résolution pour laisser voir son inquiétude. Il pensait que si lady Mowbray était d'accord avec Buondelmonte pour se moquer de lui, sa situation pouvait devenir difficile; mais si Buondelmonte était seul de son parti, il pouvait être agréable de le tourmenter un peu. En secret, leur première sympathie avait fait place à une sorte d'aversion. Olivier ne pouvait pardonner au

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