Jim Harrison, boxeur. Артур Конан Дойл

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Jim Harrison, boxeur - Артур Конан Дойл

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je rôdai autour de la maison, la figure si pâle, si défaite que ma mère me crut malade d'une indigestion de pommes vertes, et m'envoya au lit sans autre souper qu'une infusion de thé a la camomille.

      Toute l'Angleterre était allée se coucher, car bien peu de gens pouvaient se payer le luxe de brûler une chandelle.

      Lorsque l'horloge eut sonné dix heures et que je regardai par ma fenêtre, on ne voyait aucune lumière, excepté à l'auberge.

      La fenêtre n'était qu'à quelques pieds du sol. Je me glissai donc au dehors.

      Jim était au coin de la forge où il m'attendait.

      Nous traversâmes ensemble le pré de John, nous dépassâmes la ferme de Ridden et nous ne rencontrâmes en route qu'un ou deux officiers à cheval.

      Il soufflait un vent assez fort et la lune ne faisait que se montrer par instants, par les fentes des nuages mobiles, de sorte que notre route était tantôt éclairée d'une lumière argentée et tantôt enveloppée d'une telle obscurité que nous nous perdions parmi les ronces et les broussailles qui la bordaient.

      Nous arrivâmes enfin à la porte à claire-voie, flanquée de deux gros piliers, qui donnait sur la route.

      Jetant un regard à travers les barreaux, nous vîmes la longue avenue de chênes et au bout de ce tunnel de mauvais augure, la maison dont la façade apparaissait blanche pâle au clair de la lune.

      Pour mon compte, je m'en serais tenu volontiers à ce coup d'oeil, ainsi qu'à la plainte du vent de nuit qui soupirait et gémissait dans les branches.

      Mais Jim poussa la porte et l'ouvrit.

      Nous avançâmes en faisant craquer le gravier sous nos pas.

      Elle nous dominait de haut, la vieille maison, avec ses nombreuses petites fenêtres qui scintillaient au clair de la lune et son filet d'eau qui l'entourait de trois côtés.

      La porte en voûte se trouvait bien en face de nous et sur un des côtés un volet pendait à un des gonds.

      – Nous avons de la chance, chuchota Jim. Voici une des fenêtres qui est ouverte.

      – Ne trouvez-vous pas que nous sommes allés assez loin, Jim? fis- je en claquant des dents.

      – Je vous ferai la courte échelle pour entrer.

      – Non, non, je ne veux pas entrer le premier.

      – Alors ce sera moi.

      Il saisit fortement le rebord de la fenêtre et bientôt y posa le genou.

      – À présent, Roddy, tendez-moi les mains.

      Et d'une traction, il me hissa près de lui.

      Bientôt après, nous étions dans la maison hantée.

      Quel son creux se fit entendre au moment où nous sautâmes sur les planches du parquet.

      Il y eut un bruit soudain, suivi d'un écho si prolongé que nous restâmes un instant silencieux.

      Puis Jim éclata de rire:

      – Quel vieux tambour que cet endroit, s'écria-t-il. Allumons une lumière, Roddy, et regardons où nous sommes.

      Il avait apporté dans sa poche une chandelle et un briquet.

      Lorsque la flamme brilla, nous vîmes sur nos têtes une voûte en arc.

      Tout autour de nous, de grandes étagères en bois supportaient des plats couverts de poussière.

      C'était l'office.

      – Je vais vous faire faire le tour, dit Jim, d'un ton gai.

      Puis poussant la porte, il me précéda dans le vestibule. Je me rappelle les hautes murailles lambrissées de chêne, garnies de têtes de daim, qui se projetaient en avant, ainsi qu'un unique buste blanc, dans un coin, qui me terrifia. Un grand nombre de pièces s'ouvraient sur ce vestibule.

      Nous allâmes de l'une à l'autre.

      Les cuisines, la distillerie, le petit salon, la salle à manger, toutes étaient pleines de cette atmosphère étouffante de poussière et de moisissure.

      – Celle-ci, Jim, dis-je d'une voix assourdie, c'est celle où ils ont joué aux cartes, sur cette même table.

      – Mais oui, et voici les cartes, s'écria-t-il en rejetant de côté une pièce d'étoffe brune qui couvrait quelque chose, au centre de la table.

      Et en effet, il y avait une pile de cartes à jouer. Au moins une quarantaine de paquets à ce que je crois, qui étaient restés là depuis la partie qui avait eu un dénouement tragique, avant que je fusse né.

      – Je me demande où va cet escalier, dit Jim.

      – N'y montez pas, Jim, m'écriai-je en le saisissant par le bras.

      Il doit conduire à la chambre du meurtre.

      – Comment le savez-vous?

      – Le curé disait qu'on voyait au plafond… Oh! Jim, vous pouvez le voir même à présent.

      Il leva la chandelle et en effet, il y avait dans le blanc du plafond une grande tache de couleur foncée.

      – Je crois que vous avez raison, dit-il En tout cas je veux y aller voir.

      – Ne le faites pas, Jim, m'écriai-je.

      – Ta! ta! ta! Roddy, vous pouvez rester ici, si vous avez peur. Je ne m'absenterai pas plus d'une minute. Ce n'est pas la peine d'aller à la chasse au fantôme… à moins que… Grands Dieux! Il y a quelqu'un qui descend l'escalier.

      Je l'entendais, moi aussi, ce pas traînant qui partait de la chambre au-dessus et qui fut suivi d'un craquement sur les marches, puis un autre pas, un autre craquement.

      Je vis la figure de Jim. On eût dit qu'elle était sculptée dans l'ivoire. Il avait les lèvres entr'ouvertes, les yeux fixes et dirigés sur le rectangle noir que formait l'entrée de l'escalier.

      Il levait encore la chandelle, mais il avait les doigts agités de secousses. Les ombres sautaient des murailles au plafond.

      Quant à moi, mes genoux se dérobèrent et je me trouvai accroupi derrière Jim. Un cri s'était glacé dans ma gorge.

      Et le pas continuait à se faire entendre de marche en marche.

      Alors, osant à peine regarder de ce côté et pourtant ne pouvant en détourner mes yeux, je vis une silhouette se dessiner vaguement dans le coin où s'ouvrait l'escalier.

      Il y eut un moment de silence pendant lequel je pus entendre les battements de mon pauvre coeur. Puis, quand je regardai de nouveau, le fantôme avait disparu et la lente succession des cracs, crac, recommença sur les marches de l'escalier.

      Jim s'élança après lui et me laissa seul à demi évanoui, sous le clair de lune.

      Mais ce ne fut pas pour longtemps. Une minute après, il revenait, passait sa main sous mon bras et tantôt me portant, tantôt me traînant, il me

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