David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

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David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс

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style="font-size:15px;">      «Allons, mère Gummidge, du courage! dit M. Peggotty. Mais il secoua la tête en nous regardant de côté, pour nous faire entendre que les derniers événements étaient bien de nature à lui rappeler le vieux. Ne vous laissez pas abattre! du courage! un petit effort, et vous verrez que ça ira tout naturellement beaucoup mieux après.

      – Jamais pour moi, Daniel, repartit mistress Gummidge; la seule chose qui puisse me venir tout naturellement, c'est de rester isolée et désolée.

      – Non, non, dit M. Peggotty d'un ton consolant.

      – Si, si, Daniel, dit mistress Gummidge; je ne suis pas faite pour vivre avec des gens qui font des héritages. J'ai eu trop de malheurs, je ferai bien de vous débarrasser de moi.

      – Et comment pourrais-je dépenser mon argent sans vous? dit M. Peggotty d'un ton de sérieuse remontrance. Qu'est-ce que vous dites donc? est-ce que je n'ai pas besoin de vous maintenant plus que jamais?

      – C'est cela, je le savais bien qu'on n'avait pas besoin de moi auparavant, s'écria mistress Gummidge avec l'accent le plus lamentable; et maintenant on ne se gêne pas pour me le dire. Comment pouvais-je me flatter qu'on eût besoin de moi, une pauvre femme isolée et désolée, et qui ne fait que vous porter malheur!»

      M. Peggotty avait l'air de s'en vouloir beaucoup à lui-même d'avoir dit quelque chose qui pût prendre un sens si cruel, mais Peggotty l'empêcha de répondre, en le tirant par la manche et en hochant la tête. Après avoir regardé un moment mistress Gummidge avec une profonde anxiété, il reporta ses yeux sur la vieille horloge, se leva, moucha la chandelle, et la plaça sur la fenêtre.

      «Là! dit M. Peggotty d'un ton satisfait; voilà ce que c'est, mistress Gummidge!» Mistress Gummidge poussa un petit gémissement, «Nous voilà éclairés comme à l'ordinaire! Vous vous demandez ce que je fais là, monsieur. Eh bien! c'est pour notre petite Émilie. Voyez-vous, il ne fait pas clair sur le chemin, et ce n'est pas gai quand il fait noir; aussi, quand je suis à la maison vers l'heure de son retour; je mets la lumière à la fenêtre, et cela sert à deux choses. D'abord, dit M. Peggotty en se penchant vers moi tout joyeux; elle se dit: «Voilà la maison,» qu'elle se dit; et aussi: «Mon oncle est là,» qu'elle se dit, car si je n'y suis pas, il n'y a pas de lumière non plus.

      – Que vous êtes enfant! dit Peggotty, qui lui en savait bien bon gré tout de même.

      – Eh bien! dit M. Peggotty en se tenant les jambes un peu écartées, et en promenant dessus ses mains, de l'air de la plus profonde satisfaction, tout en regardant alternativement le feu et nous; je n'en sais trop rien. Pas au physique, vous voyez bien.

      – Pas exactement, dit Peggotty.

      – Non, dit M. Peggotty en riant, pas au physique; mais en y réfléchissant bien, voyez-vous… je m'en moque pas mal. Je vais vous dire: quand je regarde autour de moi dans cette jolie petite maison de notre Émilie… je veux bien que la crique me croque, dit M. Peggotty avec un élan d'enthousiasme (voilà! je ne peux pas en dire davantage), s'il ne me semble pas que les plus petits objets soient, pour ainsi dire, une partie d'elle-même; je les prends, puis je les pose, et je les touche aussi délicatement que si je touchais notre Émilie, c'est la même chose pour ses petits chapeaux et ses petites affaires. Je ne pourrais pas voir brusquer quelque chose qui lui appartiendrait pour tout au monde. Voilà comme je suis enfant, si vous voulez, sous la forme d'un gros hérisson de mer!» dit M. Peggotty en quittant son air sérieux, pour partir d'un éclat de rire retentissant.

      Peggotty rit avec moi, seulement un peu moins haut.

      «Je suppose que cela vient, voyez-vous, dit M. Peggotty d'un air radieux, en se frottant toujours les jambes, de ce que j'ai tant joué avec elle, en faisant semblant d'être des Turcs et des Français, et des requins, et toutes sortes d'étrangers, oui-da, et même des lions et des baleines et je ne sais quoi, quand elle n'était pas plus haute que mon genou. C'est comme ça que c'est venu, vous savez. Vous voyez bien cette chandelle, n'est-ce pas? dit M. Peggotty qui riait en la montrant, eh bien! je suis bien sûr que quand elle sera mariée et partie, je mettrai cette chandelle-là tout comme à présent. Je suis bien sûr que, quand je serai ici le soir (et où irais-je vivre, je vous le demande, quelque fortune qui m'arrive?), quand elle ne sera pas ici, ou que je ne serai pas là-bas, je mettrai la chandelle à la fenêtre, et que je resterai près du feu à faire semblant de l'attendre comme je l'attends maintenant. Voilà comme je suis un enfant, dit M. Peggotty avec un nouvel éclat de rire, sous la forme d'un hérisson de mer! Voyez-vous, dans ce moment-ci, quand je vois briller la chandelle, je me dis: «Elle la voit; voilà Émilie qui vient!» Voilà comme je suis un enfant, sous la forme d'un hérisson de mer! Je ne me trompe pas après tout, dit M. Peggotty, en s'arrêtant au milieu de son éclat de rire, et en frappant des mains, car la voilà!» Mais non; c'était Ham tout seul. Il fallait que la pluie eût bien augmenté depuis que j'étais rentré, car il portait un grand chapeau de toile cirée, abaissé sur ses yeux.

      «Où est Émilie?» dit M. Peggotty.

      Ham fit un signe de tête comme pour indiquer qu'elle était à la porte. M. Peggotty ôta la chandelle de la fenêtre, la moucha, la remit sur la table, et se mit à arranger le feu, pendant que Ham, qui n'avait pas bougé, me dit:

      «Monsieur David, voulez-vous venir dehors une minute, pour voir ce qu'Émilie et moi nous avons à vous montrer.»

      Nous sortîmes. Quand je passai près de lui auprès de la porte, je vis avec autant d'étonnement que d'effroi qu'il était d'une pâleur mortelle. Il me poussa précipitamment dehors, et referma la porte sur nous, sur nous deux seulement.

      «Ham, qu'y a-t-il donc!

      – Monsieur David!..» Oh! pauvre coeur brisé, comme il pleurait amèrement!

      J'étais paralysé à la vue d'une telle douleur. Je ne savais plus que penser ou craindre: je ne savais que le regarder.

      «Ham, mon pauvre garçon, mon ami! Au nom du ciel, dites-moi ce qui est arrivé!

      – Ma bien-aimée, monsieur David, mon orgueil et mon espérance, elle pour qui j'aurais voulu donner ma vie, pour qui je la donnerais encore, elle est partie!

      – Partie?

      – Émilie s'est enfuie: et comment? vous pouvez en juger, monsieur David, en me voyant demander à Dieu, Dieu de bonté et de miséricorde, de la faire mourir, elle que j'aime par-dessus tout, plutôt que de la laisser se déshonorer et se perdre!»

      Le souvenir du regard qu'il jeta vers le ciel chargé de nuages, du tremblement de ses mains jointes, de l'angoisse qu'exprimait toute sa personne, reste encore à l'heure qu'il est uni dans mon esprit avec celui de la plage déserte, théâtre de ce drame cruel dont il est le seul personnage, et qui n'a d'autre témoin que la nuit.

      «Vous êtes un savant, dit-il précipitamment. Vous savez ce qu'il y a de mieux à faire. Comment m'y prendre pour annoncer cela à son onde, monsieur David?»

      Je vis la porte s'ébranler, et je fis instinctivement un mouvement pour tenir le loquet à l'extérieur, afin de gagner un moment de répit. Il était trop tard. M. Peggotty sortit la tête, et je n'oublierai jamais le changement qui se fit dans ses traits en nous voyant, quand je vivrais cinq cents ans.

      Je me rappelle un gémissement et un grand cri; les femmes l'entourent, nous sommes tous debout dans la chambre, moi, tenant à la main un papier que Ham venait de me donner, M. Peggotty avec son gilet entr'ouvert, les cheveux en désordre, le visage et les lèvres très-pâles; le sang ruisselle sur sa poitrine, sans doute il avait jailli de sa bouche; lui, il me regarde fixement.

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