David Copperfield – Tome I. Чарльз Диккенс

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David Copperfield – Tome I - Чарльз Диккенс

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commencement fut mauvais, la suite encore plus déplorable: j'étais justement arrivé résolu, ce jour-là, à me distinguer; je me croyais très-bien préparé, mais il se trouva que c'était une erreur grossière. Chaque volume qu'on posa sur la table, après la récitation, ajouta son contingent à la masse des arriérés: miss Murdstone ne nous quittait pas des yeux. Enfin, quand nous arrivâmes au problème des cinq mille fromages (ce jour-là ce fut des coups de bâton qu'on me fit multiplier, je m'en souviens très- bien), ma mère fondit en larmes.

      «Clara! dit miss Murdstone de sa voix d'avertissement.

      – Je suis un peu souffrante, je crois, ma chère Jane,» dit ma mère.

      Je le vis regarder sa soeur d'un air solennel, puis il se leva et dit, en prenant sa canne:

      «Vraiment, Jane, nous ne pouvons nous attendre à ce que Clara supporte avec une fermeté parfaite la peine et le tourment que David lui a causés aujourd'hui. Ce serait trop héroïque. Clara a fait de grands progrès, mais ce serait trop lui demander. David, nous allons monter ensemble, mon garçon.»

      Comme il m'emmenait, ma mère courut vers nous. Miss Murdstone dit: «Clara, est-ce que vous êtes folle?» et l'arrêta. Je vis ma mère se boucher les oreilles, puis je l'entendis pleurer.

      Il monta dans ma chambre, lentement et gravement. Je suis sûr qu'il était ravi de cet appareil solennel de justice exécutive. Quand nous fûmes entrés, il passa tout d'un coup ma tête sous son bras.

      «Monsieur Murdstone! monsieur! m'écriai-je. Non, je vous en prie, ne me battez pas! J'ai essayé d'apprendre, monsieur, mais je ne peux pas réciter, quand miss Murdstone et vous vous êtes là. Vraiment, je ne peux pas!

      – Vous ne pouvez pas, David? Nous verrons ça.»

      Il tenait ma tête sous son bras, comme dans un étau, mais je m'entortillais si bien autour de lui, en le suppliant de ne pas me battre, que je l'arrêtai un instant. Ce ne fut que pour un instant, hélas! car il me battit cruellement la minute d'après. Je saisis entre mes dents la main qui me retenait, et je la mordis de toutes mes forces. Je grince encore des dents rien que d'y penser.

      Alors il me battit comme s'il voulait me tuer. Au milieu du bruit que nous faisions, j'entendais courir sur l'escalier, puis pleurer; j'entendais pleurer ma mère et Peggotty. Il s'en alla, ferma la porte à clef, et je restai seul, couché par terre, tout en nage, écorché, brûlant, furieux comme un petit diable.

      Je me rappelle la tranquillité morne qui régnait dans la maison lorsque je revins un peu à moi-même! Je me rappelle à quel point je me sentis devenu méchant, quand ma douleur et ma colère commencèrent à s'apaiser!

      J'écoutai longtemps: on n'entendait rien. Je me relevai péniblement et j'allai me mettre devant la glace; je fus effrayé de me voir, le visage rouge, enflé, affreux. Les coups de M. Murdstone m'avaient déchiré la peau, je me sentais tout endolori; à chaque mouvement que je faisais, je me remettais à pleurer; mais ce n'était rien en comparaison du sentiment de ma faute. Je crois que je me trouvais plus coupable que si j'avais été le plus atroce criminel.

      Il commençait à faire nuit, je fermai la fenêtre (longtemps j'étais resté étendu, la tête appuyée contre l'embrasure, pleurant, dormant, écoutant tour à tour), quand j'entendis tourner la clef, et que miss Murdstone entra avec un peu de pain et de viande et un bol de lait. Elle les posa sur la table sans dire un mot, me regarda un instant avec une fermeté exemplaire, puis se retira en fermant la porte après elle.

      Il faisait nuit depuis longtemps que j'étais toujours assis près de la fenêtre, me demandant s'il ne viendrait plus personne. Quand j'en eus perdu l'espérance, je me déshabillai et me couchai, puis je commençai à songer avec terreur à ce que j'allais devenir. L'acte que j'avais commis ne constituait-il pas un crime légal? Ne serais-je pas emmené en prison? N'y avait-il pas pour moi quelque danger d'être pendu?

      Je n'oublierai jamais mon réveil le lendemain matin; comment je me sentis d'abord gai et reposé, puis bientôt accablé par mes cruels souvenirs. Miss Murdstone parut avant que je fusse levé; elle me dit, en peu de mots, que je pouvais aller au jardin et m'y promener une demi-heure, pas plus longtemps; puis elle se retira en laissant la porte ouverte, pour que je pusse profiter de la permission.

      C'est ce que je fis ce jour-là, et tout le temps que dura mon emprisonnement, qui se prolongea cinq jours. Si j'avais pu voir ma mère seule, je me serais jeté à ses genoux et je l'aurais suppliée de me pardonner; mais je ne voyais absolument que miss Murdstone, excepté le soir, au moment de la prière: miss Murdstone venait alors me chercher quand tout le monde était déjà à sa place; elle me mettait, comme un jeune bandit, tout seul près de la porte; puis ma geôlière m'emmenait solennellement, avant que personne eût pu se relever. Je voyais seulement que ma mère était aussi loin de moi que faire se pouvait, et tournait la tête d'un autre côté, en sorte que jamais je ne pus voir son visage; M. Murdstone avait la main enveloppée dans un grand mouchoir de batiste.

      Il me serait impossible de donner une idée de la longueur de ces cinq jours. Dans mon souvenir, ce sont des années. Je me vois encore écoutant le plus petit bruit dans la maison; le tintement des sonnettes, le bruit des portes qu'on ouvrait ou qu'on fermait, le murmure des voix, le son des pas sur l'escalier, je prêtais l'oreille aux rires, aux joyeux sifflements, aux chants du dehors, qui me paraissaient bien tristes dans ma solitude et dans mon chagrin; j'observais le pas inégal des heures, surtout le soir quand je me réveillais croyant que c'était le matin et que je découvrais qu'on n'était pas encore couché et que j'avais encore la nuit devant moi. Les rêves et les cauchemars les plus lamentables venaient troubler mon sommeil; le matin, à midi, le soir, je regardais d'un coin de la chambre, les enfants qui jouaient dans le cimetière, sans oser m'approcher de la fenêtre, de peur qu'ils ne vissent que j'étais en prison; je m'étonnais de ne plus jamais entendre ma propre voix; parfois, à l'heure de mes repas, je reprenais un peu de gaieté, qui disparaissait aussitôt; puis je voyais la pluie commencer à tomber, la terre paraissait rafraîchie, mais les nuages s'obscurcissaient au-dessus de l'église, et il me semblait que la nuit venait m'envelopper de son ombre, moi et mes remords. Tout cela est encore si vivant dans mon souvenir, qu'au lieu de quelques jours, il me semble que cette cruelle existence a duré pendant des années.

      Le dernier soir de mon châtiment, je fus réveillé par quelqu'un qui prononçait mon nom à voix basse. Je tressaillis dans mon lit, puis, étendant mes bras dans l'obscurité, je dis:

      «Est-ce vous, Peggotty?»

      Il n'y eut pas de réponse immédiate, mais bientôt j'entendis prononcer de nouveau mon nom d'une voix si mystérieuse et si effrayante, que si l'idée ne m'était pas venue qu'on me parlait par le trou de la serrure, je crois que la peur m'aurait donné une attaque de nerfs.

      Je me dirigeai à tâtons vers la porte, et appuyant mes lèvres contre le trou de la serrure, je murmurai:

      «Est-ce vous, ma bonne Peggotty?

      – Oui, mon cher Davy, répondit-elle. Mais ne faites pas plus de bruit qu'une petite souris, ou le chat vous entendra.»

      Je compris qu'elle voulait parler de miss Murdstone, et je sentis combien la prudence était indispensable, sa chambre étant à côté de la mienne.

      «Comment va maman? ma chère Peggotty. Est-elle bien fâchée contre moi?»

      J'entendis Peggotty pleurer tout doucement de l'autre côté de la porte, comme je faisais du mien, enfin elle répondit: «Non, pas très-fâchée!»

      «Qu'est-ce qu'on va faire de moi, ma bonne Peggotty? le savez- vous?

      – Pension

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