David Copperfield – Tome I. Чарльз Диккенс

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David Copperfield – Tome I - Чарльз Диккенс

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longtemps immobile, semble enfin se rapprocher de nous; que nous en vînmes bientôt à ne plus compter par mois, ni par semaines, mais bien par jours; que j'avais peur qu'on ne me rappelât pas chez ma mère, et que, lorsque j'appris de Steerforth que ma mère me réclamait, je fus saisi d'une vague terreur à l'idée que je me casserais peut-être la jambe avant le jour fixé pour mon départ. Je me rappelle que je sentais ce jour béni se rapprocher d'heure en heure. C'est la semaine prochaine, c'est cette semaine, c'est après-demain, c'est demain, c'est aujourd'hui, c'est ce soir; je monte dans la malle-poste de Yarmouth, je vais revoir ma mère.

      Je fis bien des sommes à bâtons rompus dans la malle-poste, et bien des rêves incohérents où se retrouvaient toutes ces pensées et ces souvenirs. Mais quand je me réveillais de temps à autre, j'avais le bonheur de reconnaître, par la portière de la voiture, que le gazon que je voyais n'était pas celui de la récréation de Salem-House, et que le bruit que j'entendais n'était plus celui des coups que Creakle administrait à Traddles, mais celui du fouet dont le cocher touchait ses chevaux.

       CHAPITRE VIII

      Mes vacances, et en particulier certaine après-midi où je fus bien heureux

      À la pointe du jour, en arrivant à l'auberge où s'arrêtait la malle poste (ce n'était pas celle dont je connaissais trop bien le garçon), on me mena dans une petite chambre très-propre sur laquelle était inscrit le nom de DAUPHIN. J'étais gelé en dépit de la tasse de thé chaud qu'on m'avait donnée, et du grand feu près duquel je m'étais installé pour la boire, et je me couchai avec délices dans le lit du Dauphin, en m'enveloppant dans les couvertures du Dauphin jusqu'au col, puis je m'endormis.

      M. Barkis, le messager, devait venir me chercher à neuf heures. Je me levai à huit heures, un peu fatigué par une nuit si courte, et j'étais prêt avant le temps marqué. Il me reçut exactement comme si nous venions de nous quitter quelques minutes auparavant, et que je ne fusse entré dans l'hôtel que pour changer une pièce de six pence.

      Dès que je fus monté dans la voiture avec ma malle, le conducteur reprit son siège et le cheval partit à son petit trot accoutumé.

      «Vous avez très-bonne mine, monsieur Barkis, lui dis-je, dans l'idée qu'il serait bien aise de l'apprendre.»

      M. Barkis s'essuya la joue avec sa manche, puis regarda sa manche comme s'il s'attendait à y trouver quelque trace de la fraîcheur de son teint mais ce fut tout ce qu'obtint mon compliment.

      «J'ai fait votre commission, monsieur Barkis, repris-je, j'ai écrit à Peggotty.

      «Ah! dit M. Barkis qui semblait de mauvaise humeur et répondait d'un ton sec.

      – Est-ce que je n'ai pas bien fait, monsieur Barkis? demandai-je avec un peu d'hésitation.

      – Mais non, dit M. Barkis.

      – N'était-ce pas là votre commission?

      – La commission a peut-être été bien faite, dit M. Barkis, mais tout en est resté là.»

      Ne comprenant pas ce qu'il voulait dire, je répétai d'un air interrogateur:

      «Tout en est resté là, monsieur Barkis?

      – Oui, répondit-il en me jetant un regard de côté. Il n'y a pas eu de réponse.

      – On attendait donc une réponse, monsieur Barkis? dis-je en ouvrant les yeux, car l'idée était toute nouvelle pour moi.

      – Quand un homme dit qu'il veut bien, dit M. Barkis en tournant lentement vers moi ses regards, c'est comme si on disait que cet homme attend une réponse.

      – Eh bien! monsieur Barkis?

      – Eh bien, dit M. Barkis en reportant son attention sur les oreilles de son cheval, on est encore à attendre une réponse depuis ce moment-là.

      – En avez-vous parlé, monsieur Barkis?

      – Non… non… grommela M. Barkis d'un air pensif, je n'ai pas de raison d'aller lui parler. Je ne lui ai jamais adressé dix paroles. Je n'ai pas envie d'aller lui conter ça.

      – Voulez-vous que je m'en charge, monsieur Barkis? demandai-je d'un ton timide.

      – Vous pouvez lui dire si vous voulez, dit M. Barkis en me regardant de nouveau, que Barkis attend une réponse. Vous dites que le nom est?..

      – Son nom?

      – Oui, dit M. Barkis avec un signe de tête.

      – Peggotty.

      – Nom de baptême ou nom propre? dit M. Barkis.

      – Oh! ce n'est pas son nom de baptême. Elle s'appelle Clara.

      – Est-il possible! dit M. Barkis.»

      Il semblait trouver ample matière à réflexions dans cette circonstance, car il resta plongé dans ses méditations pendant quelque temps.

      «Eh bien, reprit-il enfin. Dites: «Peggotty, Barkis attend une réponse. «Une réponse, à quoi? dira-t-elle peut-être. Alors vous direz «à ce dont je vous ai parlé. «De quoi m'avez vous parlé?» dira-t-elle. Vous répondrez, «Barkis veut bien.»

      À cette suggestion pleine d'artifice, M. Barkis ajouta un coup de coude qui me donna un point de côté. Après quoi il concentra toute son attention sur son cheval comme d'habitude, et ne fit plus d'allusion au même sujet. Seulement au bout d'une demi-heure, il tira un morceau de craie de sa poche et écrivit dans l'intérieur de sa carriole: «Clara Peggotty» probablement pour se souvenir du nom.

      Quel étrange sentiment j'éprouvais: revenir chez moi, en sentant que je n'y étais pas chez moi, et me voir rappeler par tous les objets qui frappaient mes regards le bonheur du temps passé qui n'était plus à mes yeux qu'un rêve évanoui! Le souvenir du temps où ma mère et moi et Peggotty nous ne faisions qu'un, où personne ne venait se placer entre nous, m'assaillit si vivement sur la route, que je n'étais pas bien sûr de ne pas regretter d'être venu si loin au lieu de rester là-bas à oublier tout cela dans la compagnie de Steerforth. Mais j'arrivais à la maison, et les branches dépouillées des vieux ormes se tordaient sous les coups du vent d'hiver qui emportait sur ses ailes les débris des nids des vieux corbeaux.

      Le conducteur déposa ma malle à la porte du jardin et me quitta. Je pris le sentier qui menait à la maison, en regardant toutes les fenêtres, craignant, à chaque pas, d'apercevoir à l'une d'elles le visage rébarbatif de M. Murdstone ou de sa soeur. Je ne vis personne, et arrivé à la maison, j'ouvris la porte sans frapper. Il ne faisait pas nuit encore, et j'entrai d'un pas léger et timide.

      Dieu sait comme ma mémoire enfantine se réveilla dans mon esprit au moment où j'entrai dans le vestibule, en entendant la voix de ma mère quand je mis le pied dans le petit salon. Elle chantait à voix basse, tout comme je l'avais entendue chanter quand j'étais un tout petit enfant reposant dans ses bras. L'air était nouveau pour moi, et pourtant il me remplit le coeur à pleins bords, et je l'accueillis comme un vieil ami après une longue absence.

      Je crus, à la manière pensive et solitaire dont ma mère murmurait sa chanson, qu'elle était seule, et j'entrai doucement dans sa chambre. Elle était assise près du feu, allaitant un petit enfant dont elle serrait la main contre son cou. Elle le regardait gaiement et l'endormait en chantant. Elle n'avait point d'autre compagnie.

      Je

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