Le vicomte de Bragelonne, Tome III.. Dumas Alexandre
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Читать онлайн книгу Le vicomte de Bragelonne, Tome III. - Dumas Alexandre страница 32
– De constructeur, c'est-à-dire de maçon?
– De maçon, c'est cela.
– De gâcheur de mortier?
– Justement.
– De manoeuvre?
– Vous y êtes.
– Oh! oh! cher Aramis, vous vous croyez toujours vingt-cinq ans, à ce qu'il paraît?
– Ce n'est pas le tout: il vous en croit cinquante.
– J'aurais bien voulu le voir à la besogne.
– Oui.
– Un gaillard qui a la goutte.
– Oui.
– La gravelle.
– Oui.
– À qui il manque trois dents.
– Quatre.
– Tandis que moi, regardez!
Et Porthos, écartant ses grosses lèvres, exhiba deux rangées de dents un peu moins blanches que la neige, mais aussi nettes, aussi dures et aussi saines que l'ivoire.
– Vous ne vous figurez pas, Porthos, dit d'Artagnan, combien le roi tient aux dents. Les vôtres me décident; je vous présenterai au roi.
– Vous?
– Pourquoi pas? Croyez-vous que je sois plus mal en cour qu'Aramis?
– Oh! non.
– Croyez-vous que j'aie la moindre prétention sur les fortifications de Belle-Île?
– Oh! certes non.
– C'est donc votre intérêt seul qui peut me faire agir.
– Je n'en doute pas.
– Eh bien! je suis intime ami du roi, et la preuve, c'est que, lorsqu'il y a quelque chose de désagréable à lui dire, c'est moi qui m'en charge.
– Mais, cher ami, si vous me présentez…
– Après?
– Aramis se fâchera.
– Contre moi?
– Non, contre moi.
– Bah! que ce soit lui ou que ce soit moi qui vous présente, puisque vous deviez être présenté, c'est la même chose.
– On devait me faire faire des habits.
– Les vôtres sont splendides.
– Oh! ceux que j'avais commandés étaient bien plus beaux.
– Prenez garde, le roi aime la simplicité.
– Alors je serai simple. Mais que dira M. Fouquet de me savoir parti?
– Êtes-vous donc prisonnier sur parole?
– Non, pas tout à fait. Mais je lui avais promis de ne pas m'éloigner sans le prévenir.
– Attendez, nous allons revenir à cela. Avez-vous quelque chose à faire ici?
– Moi? Rien de bien important, du moins.
– À moins cependant que vous ne soyez l'intermédiaire d'Aramis pour quelque chose de grave.
– Ma foi, non.
– Ce que je vous en dis, vous comprenez, c'est par intérêt pour vous. Je suppose, par exemple, que vous êtes chargé d'envoyer à Aramis des messages, des lettres.
– Ah! des lettres, oui. Je lui envoie de certaines lettres.
– Où cela?
– À Fontainebleau.
– Et avez-vous de ces lettres?
– Mais…
– Laissez-moi dire. Et avez-vous de ces lettres?
– Je viens justement d'en recevoir une.
– Intéressante?
– Je le suppose.
– Vous ne les lisez donc pas?
– Je ne suis pas curieux.
Et Porthos tira de sa poche la lettre du soldat que Porthos n'avait pas lue, mais que d'Artagnan avait lue, lui.
– Savez-vous ce qu'il faut faire? dit d'Artagnan.
– Parbleu! ce que je fais toujours, l'envoyer.
– Non pas.
– Comment cela, la garder?
– Non, pas encore. Ne vous a-t-on pas dit que cette lettre était importante.
– Très importante.
– Eh bien! il faut la porter vous-même à Fontainebleau.
– À Aramis.
– Oui.
– C'est juste.
– Et puisque le roi y est…
– Vous profiterez de cela?..
– Je profiterai de cela pour vous présenter au roi.
– Ah! corne de boeuf! d'Artagnan, il n'y a en vérité que vous pour trouver des expédients.
– Donc, au lieu d'envoyer à notre ami des messages plus ou moins fidèles, c'est nous-mêmes qui lui portons la lettre.
– Je n'y avais même pas songé, c'est bien simple cependant.
– C'est pourquoi il est urgent, mon cher Porthos, que nous partions tout de suite.
– En effet, dit Porthos, plus tôt nous partirons, moins la lettre d'Aramis éprouvera de retard.
– Porthos, vous raisonnez toujours puissamment, et chez vous la logique seconde l'imagination.
– Vous trouvez? dit Porthos.
– C'est le résultat des études solides, répondit d'Artagnan.
Allons, venez.
– Mais,