Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I. Чарльз Диккенс
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I - Чарльз Диккенс страница 9
– Les conséquences peuvent être terribles, reprit M. Winkle.
– J'espère que non.
– Le docteur est, je pense, un très-bon tireur.
– La plupart des militaires le sont, observa M. Snodgrass avec calme; mais ne l'êtes-vous point aussi?»
M. Winkle répondit affirmativement, et s'apercevant qu'il n'avait point suffisamment alarmé son compagnon, il changea de batterie.
«Snodgrass, dit-il d'une voix tremblante d'émotion, si je succombe vous trouverez dans mon portefeuille une lettre pour mon… pour mon père.»
Cette attaque ne réussit point davantage. M. Snodgrass fut touché, mais il s'engagea à remettre la lettre aussi facilement que s'il avait fait toute sa vie le métier de facteur.
«Si je meurs, continua M. Winkle, ou si le docteur périt, vous, mon cher ami, vous serez jugé comme complice en préméditation. Faut-il donc que j'expose un ami à la transportation? peut-être pour toute sa vie!»
Pour le coup, M. Snodgrass hésita; mais son héroïsme fut invincible. «Dans la cause de l'amitié, s'écria-t-il avec ferveur, je braverai tous les dangers.»
Dieu sait combien notre duelliste maudit intérieurement le dévouement de son ami. Ils marchèrent pendant quelque temps en silence, ensevelis tous les deux dans leurs méditations. La matinée s'écoulait et M. Winkle sentait s'enfuir toute chance de salut.
«Snodgrass, dit-il en s'arrêtant tout d'un coup, n'allez point me trahir auprès des autorités locales; ne demandez point des constables pour prévenir le duel; ne vous assurez pas de ma personne, ou de celle du docteur Slammer, du 97e, actuellement en garnison dans la caserne de Chatham. Afin d'empêcher le duel, n'ayez point cette prudence, je vous en prie.»
M. Snodgrass saisit avec chaleur la main de son compagnon et s'écria, plein d'enthousiasme: «Non! pour rien au monde.»
Un frisson parcourut le corps de M. Winkle quand il vit qu'il n'avait rien à espérer des craintes de son ami, et qu'il était irrévocablement destiné à devenir une cible vivante.
Lorsqu'il eut raconté formellement à M. Snodgrass les détails de son affaire, ils entrèrent tous deux chez un armurier; ils louèrent une boîte de ces pistolets qui sont destinés à donner et à obtenir satisfaction, ils y joignirent un assortiment satisfaisant de poudre, de capsules et de balles; puis ils retournèrent à leur auberge, M. Winkle pour réfléchir sur la lutte qu'il avait à soutenir; M. Snodgrass pour arranger les armes de guerre, et les mettre en état de servir immédiatement.
Lorsqu'ils sortirent de nouveau pour leur désagréable entreprise, le soir s'approchait, triste et pesant. M. Winkle, de peur d'être observé, s'était enveloppé dans un large manteau: M. Snodgrass portait sous le sien les instruments de destruction.
«Avez-vous pris tout ce qu'il faut? demanda M. Winkle, d'un ton agité.
– Tout ce qu'il faut. Quantité de munitions, dans le cas où les premiers coups n'auraient point de résultats. Il y a un quarteron de poudre dans la botte, et j'ai deux journaux dans ma poche pour servir de bourre.»
C'étaient là des preuves d'amitié dont il était impossible de n'être point reconnaissant. Il est probable que la gratitude de M. Winkle fut trop vive pour qu'il pût l'exprimer, car il ne dit rien, mais il continua de marcher, assez lentement.
«Nous arrivons juste à l'heure, dit M. Snodgrass en franchissant la haie du premier champ; voilà le soleil qui descend derrière l'horizon.»
M. Winkle regarda le disque qui s'abaissait, et il pensa douloureusement aux chances qu'il courait de ne jamais le revoir.
«Voici l'officier, s'écria-t-il au bout de quelque temps.
– Où? dit M. Snodgrass.
– Là. Ce gentleman en manteau bleu.»
Les yeux de M. Snodgrass suivirent le doigt de son compagnon, et aperçurent une longue figure drapée, qui fit un léger signe de la main, et continua de marcher. Nos deux amis s'avancèrent silencieusement à sa suite.
De moment en moment la soirée devenait plus sombre. Un vent mélancolique retentissait dans les champs déserts: on eût dit le sifflement lointain d'un géant, appelant son chien. La tristesse de cette scène communiquait une teinte lugubre à l'âme de M. Winkle. En passant l'angle du fossé, il tressaillit, il avait cru voir une tombe colossale.
L'officier quitta tout à coup le sentier, et après avoir escaladé une palissade et enjambé une haie, il entra dans un champ écarté. Deux messieurs l'y attendaient. L'un était un petit personnage gros et gras, avec des cheveux noirs; l'autre, grand et bel homme, avec une redingote couverte de brandebourgs, était assis sur un pliant avec une sérénité parfaite.
«Voilà nos gens, avec un chirurgien, à ce que je suppose dit M. Snodgrass. Prenez une goutte d'eau-de-vie.» M. Winkle saisit avidement la bouteille d'osier que lui tendait son compagnon et avala une longue gorgée de ce liquide fortifiant.
«Mon ami, M. Snodgrass,» dit M. Winkle à l'officier qui s'approchait.
Le second du docteur Slammer salua et produisit une boîte semblable à celle que M. Snodgrass avait apportée. «Je pense que nous n'avons rien de plus à nous dire, monsieur, remarqua-t-il froidement, en ouvrant sa boîte. Des excuses ont été absolument refusées.
– Rien du tout, monsieur, répondit M. Snodgrass, qui commençait à se sentir mal à son aise.
– Voulez-vous que nous mesurions le terrain? dit l'officier.
– Certainement,» répliqua M. Snodgrass.
Lorsque le terrain eut été mesuré et les préliminaires arrangés, l'officier dit à M. Snodgrass: «Vous trouverez ces pistolets meilleurs que les vôtres, monsieur. Vous me les avez vu charger; vous opposez-vous à ce qu'on en fasse usage?
– Non, certainement, répondit M. Snodgrass. Cette offre le tirait d'un grand embarras, car ses idées sur la manière de charger un pistolet étaient tant soit peu vagues et indéfinies.
– Alors je pense que nous pouvons placer nos hommes, continua l'officier, avec autant d'indifférence que s'il s'était agi d'une partie d'échecs.
– Je pense que nous le pouvons,» répliqua M. Snodgrass, qui aurait consenti à toute autre proposition, vu qu'il n'entendait rien à ces sortes d'affaires.
L'officier alla vers le docteur Slammer, tandis que M. Snodgrass s'approchait de M. Winkle.
«Tout est prêt, dit-il, en lui offrant le pistolet. Donnez-moi votre manteau.
– Vous avez mon portefeuille, mon cher ami, dit le pauvre Winkle.
– Tout va bien. Soyez calme et visez tout bonnement à l'épaule.»
M. Winkle trouva que cet avis ressemblait beaucoup à celui que les spectateurs donnent invariablement au plus petit gamin dans les duels des rues. «Mets-le dessous et tiens-le ferme.» Admirable conseil, si l'on savait seulement