Contes merveilleux, Tome I. Ганс Христиан Андерсен
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Le chien revint encore la nuit, amena la princesse sur son dos auprès du soldat qui l'aimait tant et qui aurait voulu être un prince pour l'épouser. Mais le chien n'avait pas vu la farine répandue sur le chemin depuis le château jusqu'à la fenêtre du soldat. Le lendemain, le roi et la reine n'eurent aucune peine à voir où leur fille avait été.
Le soldat fut saisi et jeté dans un cachot lugubre!… Oh! qu'il y faisait noir!
–Demain, tu seras pendu, lui dit-on. Ce n'est pas une chose agréable à entendre, d'autant plus qu'il avait oublié son briquet à l'auberge.
Derrière les barreaux de fer de sa petite fenêtre, il vit le matin suivant les gens qui se dépêchaient de sortir de la ville pour aller le voir pendre. Il entendait les roulements de tambours, les soldats défilaient au pas cadencé. Un petit apprenti cordonnier courait à une telle allure qu'une de ses savates vola en l'air et alla frapper le mur près des barreaux au travers desquels le soldat regardait.
–Hé! ne te presse pas tant. Rien ne se passera que je ne sois arrivé. Mais si tu veux courir à l'auberge où j'habitais et me rapporter mon briquet, je te donnerai quatre sous. Mais en vitesse.
Le gamin ne demandait pas mieux que de gagner quatre sous. Il prit ses jambes à son cou, trouva le briquet....
En dehors de la ville, on avait dressé un gibet autour duquel se tenaient les soldats et des centaines de milliers de gens. Le roi, la reine étaient assis sur de superbes trônes et en face d'eux, les juges et tout le conseil.
Déjà le soldat était monté sur l'échelle, mais comme le bourreau allait lui passer la corde au cou, il demanda la permission—toujours accordée, dit-il à un condamné à mort avant de subir sa peine —d'exprimer un désir bien innocent, celui de fumer une pipe, la dernière en ce monde.
Le roi ne voulut pas le lui refuser et le soldat se mit à battre son briquet: une fois, deux fois, trois fois! et hop! voilà les trois chiens: celui qui avait des yeux comme des soucoupes, celui qui avait des yeux comme des roues de moulin et celui qui avait des yeux grands chacun comme la Tour Ronde de Copenhague.
–Empêchez-moi maintenant d'être pendu! leur cria le soldat.
Alors les chiens sautèrent sur les juges et sur tous les membres du conseil, les prirent dans leur gueule, l'un par les jambes, l'autre par le nez, les lancèrent en l'air si haut qu'en tombant, ils se brisaient en mille morceaux.
–Je ne tolérerai pas… commença le roi.
Mais le plus grand chien le saisit ainsi que la reine et les lança en l'air à leur tour.
Les soldats en étaient épouvantés et la foule cria:
–Petit soldat, tu seras notre roi et tu épouseras notre délicieuse princesse. On fit monter le soldat dans le carrosse royal et les trois chiens gambadaient devant en criant «bravo». Les jeunes gens sifflaient dans leurs doigts, les soldats présentaient les armes.
La princesse fut tirée de son château aux toits de cuivre et elle devint reine, ce qui lui plaisait beaucoup.
La noce dura huit jours, les chiens étaient à table et roulaient de très grands yeux.
Ce que le Père fait est bien fait
Cette histoire, je l'ai entendue dans mon enfance. Chaque fois que j'y pense, je la trouve plus intéressante. Il en est des histoires comme de bien des gens: avec l'âge, ils attirent de plus en plus l'attention. Vous avez certainement été déjà à la campagne, et vous avez vu de vieilles maisons de paysans.
Sur le toit de chaume, il y a des mauvaises herbes, de la mousse et un nid de cigognes. Ce sont les cigognes surtout qui ne doivent pas manquer. Les murs penchent, les fenêtres sont basses et une seule peut s'ouvrir. Le four ressemble à un ventre rebondi, les branches d'un sureau tombent sur une haie, et le sureau se trouve à une mare où nagent des canards. Il y a encore là un chien à l'attache, qui aboie après tout le monde, sans distinction.
Dans une de ces maisons de paysans habitaient deux vieilles gens, un paysan et sa femme. Ils n'avaient presque rien, et pourtant ils se trouvaient avoir quelque chose de trop, un cheval, qu'ils laissaient paître dans le fossé près de la grand-route. Le paysan l'enfourchait pour aller à la ville, et de temps en temps le prêtait à des voisins qui, en retour, lui rendaient quelques services.
Mais les vieux pensaient qu'il serait meilleur pour eux de vendre le cheval ou de l'échanger contre quelque objet plus utile. Mais contre quoi?
–Fais pour le mieux, mon vieux, disait la femme. Il y a une foire à la ville. Vas-y et vends le cheval, ou fais un échange; ce que tu feras sera bien fait.
Là-dessus, elle lui fit un beau nœud au mouchoir qu'il avait autour du cou, bien mieux que lui-même n'eût su le faire. Puis elle lissa son chapeau avec la main pour que la poussière s'y attachât moins et l'embrassa. Le voilà parti sur son cheval, pour le vendre ou l'échanger.
–Oui, oui, le vieux s'y entend, murmurait la vieille mère.
Le soleil brillait dans un ciel sans nuage. Il y avait beaucoup de poussière sur la route, car il passait beaucoup de gens qui se rendaient au marché en voiture, à cheval ou à pied. Nulle ombre sur le chemin. Parmi ceux qui marchaient à pied, il y avait un homme qui poussait devant lui une vache. Le vieux pensait:
–Elle doit donner du bon lait! Cheval contre vache, ce serait un bon échange.
–Écoute, l'homme à la vache. Je veux te proposer quelque chose. Un cheval est plus dur qu'une vache, n'est-ce pas? Mais cela ne me fait rien, car une vache me serait plus utile. Veux-tu que nous troquions?
–Avec plaisir, dit l'homme à la vache.
Et ils firent l'échange. Quand ce fut fait, le paysan eût pu revenir, puisqu'il avait obtenu ce qu'il voulait. Mais, comme il était parti pour aller au marché, il voulut s'y rendre, ne fût-ce que pour y jeter un coup d'œil. Il poussa donc sa vache devant lui. Il marchait très vite. Peu de temps après il vit un homme tenant un mouton par une corde. C'était un mouton bien gras.
–Il ferait rudement mon affaire, pensa notre homme. Nous aurions bien assez de nourriture pour lui sur le bord du fossé, et en hiver nous pourrions le garder dans notre chambre. Au fond, un mouton vaudrait mieux pour nous qu'une vache.
Veux-tu troquer avec moi? demanda-t-il.
–Parfaitement, dit l'autre.
On troqua donc et notre paysan continua sa route avec son mouton. Tout à coup il vit, dans un petit sentier, un homme portant une grosse oie sous le bras.
–Diable! voilà une fameuse oie! S'écria-t-il. Elle a beaucoup de plumes et est bien grasse. Ça ferait bien l'affaire de la mère! Elle pourrait lui donner nos restes, car elle dit souvent: «Tiens! si nous avions une oie pour manger ça!» Veux-tu changer ton oie pour mon mouton?
L'autre ne demanda pas mieux. Notre paysan prit donc son oie.
Il était alors tout près de la ville. Il y avait foule sur la grand route. Le champ de foire était plein de gens et d'animaux; on se pressait tellement que des gens passaient dans les champs de pommes de terre à côté.